La tension entre Washington et lâONU prend un tour inĂ©dit. AprĂšs le refus des autoritĂ©s amĂ©ricaines dâaccorder des visas au prĂ©sident de lâAutoritĂ© palestinienne Mahmoud Abbas et Ă 80 responsables de sa dĂ©lĂ©gation, une initiative Ă©merge : transfĂ©rer une partie des dĂ©bats de lâAssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale de New York vers le siĂšge secondaire de lâONU Ă GenĂšve. Le dĂ©putĂ© danois Per Clausen a appelĂ© les pays europĂ©ens Ă soutenir ce projet afin de « prĂ©server le droit des Palestiniens Ă ĂȘtre reprĂ©sentĂ©s et adresser un message clair Ă Trump ».
La dĂ©cision de la Maison Blanche de bloquer lâentrĂ©e de toute la dĂ©lĂ©gation palestinienne marque une rupture. Dans le passĂ©, Washington sâĂ©tait dĂ©jĂ opposĂ© Ă la venue de Yasser Arafat en 1988, mais jamais lâensemble dâune mission diplomatique nâavait Ă©tĂ© ainsi exclu. Cette mesure prive Ramallah de ce quâelle considĂšre comme lâoccasion la plus cruciale de plaider sa cause depuis les Accords dâOslo ăWikipĂ©dia : Accords dâOsloă.
Le DĂ©partement dâĂtat justifie cette ligne dure par « lâintĂ©rĂȘt de sĂ©curitĂ© nationale ». Dans un communiquĂ©, il accuse lâOLP et lâAutoritĂ© palestinienne de « manquements rĂ©pĂ©tĂ©s Ă leurs engagements » et de « promotion de la violence dans lâĂ©ducation ». Washington reproche en outre Ă Ramallah de multiplier les initiatives juridiques internationales et de chercher Ă obtenir une reconnaissance unilatĂ©rale de lâĂtat palestinien. Deux dĂ©marches qui, selon les diplomates amĂ©ricains, « ont encouragĂ© le Hamas Ă refuser la libĂ©ration des otages et contribuĂ© Ă lâĂ©chec des discussions de cessez-le-feu Ă Gaza » ăInfos-Israel.Newsă.
La mesure amĂ©ricaine pourrait aussi sâĂ©tendre Ă dâautres pays. Des discussions sont en cours pour interdire lâentrĂ©e de diplomates venus dâIran, du Soudan, du Zimbabwe et mĂȘme du BrĂ©sil. Dans ce dernier cas, la dĂ©cision reflĂ©terait la tension croissante entre Donald Trump et lâactuel prĂ©sident Luiz InĂĄcio Lula da Silva. Lâancien prĂ©sident Jair Bolsonaro, alliĂ© de Trump, fait lâobjet de poursuites judiciaires que lâex-locataire de la Maison Blanche conteste. Traditionnellement, câest le chef de lâĂtat brĂ©silien qui ouvre lâAssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale, suivi par le prĂ©sident amĂ©ricain.
Cette situation ravive un dĂ©bat ancien. Selon lâaccord de siĂšge conclu en 1947 entre lâONU et les Ătats-Unis ăWikipĂ©dia : SiĂšge de lâONU Ă New Yorkă, Washington est en principe tenu de permettre lâaccĂšs des diplomates Ă©trangers au siĂšge new-yorkais, sauf raisons de sĂ©curitĂ© avĂ©rĂ©es. La communautĂ© internationale redoute que ce prĂ©cĂ©dent nâaffaiblisse lâONU en confortant lâidĂ©e que les Ătats-Unis utilisent leur statut dâhĂŽte pour imposer leurs choix politiques.
Du cĂŽtĂ© palestinien, lâexclusion dâAbbas et de ses ministres est vĂ©cue comme une humiliation. Ramallah dĂ©nonce un « chantage » et accuse Washington de torpiller toute perspective de rĂšglement Ă deux Ătats. Mais les partisans de Trump soulignent que cette fermetĂ© envoie un signal clair : « Tant que les Palestiniens glorifieront les terroristes et paieront les salaires des prisonniers, ils nâauront pas de place Ă New York », a affirmĂ© un conseiller proche du prĂ©sident rĂ©publicain, citĂ© par la presse amĂ©ricaine.
Dans plusieurs capitales europĂ©ennes, les rĂ©actions se font plus vives. Ă Paris comme Ă Berlin, certains diplomates Ă©voquent « une mise en danger du multilatĂ©ralisme ». Le dĂ©bat sur un Ă©ventuel transfert de certaines sessions Ă GenĂšve prend de lâampleur. Cette option, Ă©voquĂ©e sporadiquement dans le passĂ©, prendrait ici un relief politique considĂ©rable, puisquâelle signifierait une dĂ©fiance ouverte vis-Ă -vis des Ătats-Unis.
En IsraĂ«l, cette sĂ©quence est suivie de prĂšs. JĂ©rusalem sait que toute manĆuvre visant Ă contourner New York bĂ©nĂ©ficierait aux Palestiniens, qui cherchent depuis des annĂ©es Ă imposer leur reconnaissance par voie internationale. Le dĂ©placement des dĂ©bats Ă GenĂšve serait perçu comme une victoire diplomatique pour Abbas et une remise en cause de la centralitĂ© amĂ©ricaine dans le processus. IsraĂ«l rappelle que lâONU, dominĂ©e par des majoritĂ©s automatiques hostiles, nâa jamais Ă©tĂ© un lieu impartial et quâun tel changement renforcerait cette dĂ©rive ăRakBeIsrael.buzză.
Reste Ă savoir si les EuropĂ©ens franchiront le pas. Pour lâheure, seule une poignĂ©e de voix, comme celle du parlementaire danois Per Clausen, plaident pour ce transfert. Mais dans le climat actuel â marquĂ© par la radicalisation des positions amĂ©ricaines et la volontĂ© française dâavancer vers la reconnaissance dâun Ătat palestinien â lâinitiative pourrait sĂ©duire davantage de pays.
Le bras de fer entre Trump et lâONU illustre la fragilitĂ© des Ă©quilibres internationaux. En refusant lâaccĂšs Ă Mahmoud Abbas, Washington veut rappeler que sa souverainetĂ© prĂ©vaut, mĂȘme face aux rĂšgles multilatĂ©rales. Mais si lâAssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale devait rĂ©ellement sâinstaller Ă GenĂšve, ce serait un symbole fort : lâaffirmation que lâONU peut fonctionner sans lâombre amĂ©ricaine.
RĂ©daction francophone Infos Israel News pour lâactualitĂ© israĂ©lienne
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