Devenir un Ătat dotĂ© de lâarme nuclĂ©aire est un aspect central du programme iranien de « reprise chiite », et le rĂ©gime iranien estime que les dĂ©veloppements avancent conformĂ©ment Ă sa vision, a averti un expert israĂ©lien de la RĂ©publique islamique.
Le lieutenant-colonel (Ă la retraite) Michael Segall, analyste principal au Centre des affaires publiques de JĂ©rusalem, a dĂ©clarĂ© au JNS quâil est important que les dĂ©cideurs politiques comprennent lâĂ©tat dâesprit du rĂ©gime iranien.
« Ils croient au renouveau chiite. Il est important de comprendre lâimportance quâils accordent Ă cet objectif », a dĂ©clarĂ© Segall.
Des Ă©vĂ©nements dans la rĂ©gion, tels que la sortie des Ătats-Unis dâIrak et les progrĂšs globaux du programme nuclĂ©aire de TĂ©hĂ©ran, ont confirmĂ© aux religieux et aux Ă©lĂ©ments militaires dâĂ©lite du Corps des gardiens de la rĂ©volution islamique (CGRI) quâils sont  » en route », a-t-il ajoutĂ©.
« En tant quâOccidentaux, nous ignorons leur façon de penser : les Iraniens sentent quâils ont une intervention divine qui les aide », a expliquĂ© Segall. « De leur point de vue, le Hamas pourrait gĂ©rer une guerre contre IsraĂ«l. Le Hezbollah se renforce militairement. Le rĂ©gime [syrien] dâAssad est restĂ© en place malgrĂ© la guerre civile syrienne. Saddam Hussein [lâennemi jurĂ© de lâIran] a Ă©tĂ© Ă©cartĂ© du pouvoir. Ils sentent que quelque chose de grand leur permet de rĂ©aliser leurs objectifs. »
En consĂ©quence, lâIran devient plus audacieux, a dĂ©clarĂ© Segall. « Le programme nuclĂ©aire est le point dâancrage qui permettrait Ă lâIran de se positionner dans le rĂŽle qui a Ă©tĂ© dĂ©fini. Devenir un Ătat nuclĂ©aire influencerait tous les tentacules de lâIran dans la rĂ©gion. »
Des exemples dâaugmentation de la confiance en soi iranienne peuvent ĂȘtre trouvĂ©s dans tout le Moyen-Orient. Segall a pointĂ© du doigt les Houthis au YĂ©men, armĂ©s de missiles de croisiĂšre, de bombardiers et de drones guidĂ©s par GPS, qui attaquent rĂ©guliĂšrement les raffineries de pĂ©trole en Arabie saoudite, et les activitĂ©s de lâIran en Syrie, qui se poursuivent malgrĂ© une campagne israĂ©lienne de frappes prĂ©ventives.
« Les Iraniens sentent quâils rĂ©ussissent », a dĂ©clarĂ© Segall.
La rĂ©publique islamique aimerait Ă©tendre un parapluie nuclĂ©aire sur ses activitĂ©s dans toute la rĂ©gion et celles de ses reprĂ©sentants, a-t-il dĂ©clarĂ©, ajoutant que TĂ©hĂ©ran a une stratĂ©gie organisĂ©e, contrairement Ă lâOccident, sur la façon de procĂ©der.
« Lâessentiel de lâIran est quâil veut devenir un Ătat dotĂ© dâarmes nuclĂ©aires », a dĂ©clarĂ© Segall. Ă cette fin, la façon dont lâIran a gĂ©rĂ© les nĂ©gociations avec les puissances mondiales qui ont conduit Ă lâaccord nuclĂ©aire de 2015 faisait partie dâune poussĂ©e « hautement organisĂ©e » pour enfin atteindre cet objectif, dâune maniĂšre ou dâune autre.
Contrairement aux gouvernements amĂ©ricain ou israĂ©lien, le rĂ©gime iranien ne change pas toutes les quelques annĂ©es, et TĂ©hĂ©ran regarde loin dans lâavenir, a expliquĂ© Segall.
« Ce nâest pas le prĂ©sident iranien qui dĂ©cide de cette politique, mais le guide suprĂȘme permanent, lâayatollah Khamenei, et les pasdarans. Le chef suprĂȘme se renforce Ă lâintĂ©rieur du pays. LâĂ©lection dâEbrahim Raisi Ă la prĂ©sidence met un terme au pouvoir du guide suprĂȘme, les modĂ©rĂ©s les plus pragmatiques Ă©tant mis Ă lâĂ©cart. Peut-ĂȘtre que [lâactuel ministre des Affaires Ă©trangĂšres, Mohammed] Zarif, pourra continuer », a estimĂ© Segall.
En fin de compte, lâĂ©lection de Raisi par les extrĂ©mistes Ă la prĂ©sidence signifie quâil nây a dĂ©sormais quâun seul front en Iran, selon Segall. « LâOccident ne peut pas dire quâil a des pragmatiques Ă qui parler, comme [lâancien prĂ©sident Mohammad] Khatami, [le prĂ©sident sortant Hassan] Rouhani ou [lâancien prĂ©sident Akbar Hashemi] Rafsanjani. LâOccident aura du mal Ă trouver quelquâun en Iran, avec qui il est Ă lâaise de faire des affaires.
Les politiciens occidentaux sont donc confrontĂ©s Ă un nouveau dilemme, a dĂ©clarĂ© Segall. Continueront-ils Ă ignorer la rĂ©pression du rĂ©gime contre les Iraniens ordinaires, comme en tĂ©moignent les troubles dans la province du sud-ouest du Khouzistan, oĂč les gens « demandent trois litres dâeau » ? Et parviendront-ils Ă un nouvel accord nuclĂ©aire avec lâIran qui rĂ©compensera financiĂšrement le rĂ©gime ? Ceci, malgrĂ© le fait que lâadministration Biden et lâOccident « brandissent le drapeau des droits de lâhomme en tant que principe fondamental ? demanda Segall.
Les tentatives de rĂ©activer lâĂ©nergie nuclĂ©aire peuvent Ă©galement Ă©chouer. Quâun nouvel accord soit signĂ© ou non, les dĂ©fauts de lâaccord initial de 2015 sont pleinement visibles, a-t-il dĂ©clarĂ©, en raison de la rapiditĂ© avec laquelle lâIran a pu reprendre ses activitĂ©s nuclĂ©aires ces derniers mois.
« Peu importe que lâIran revienne ou non Ă lâaccord 215. En peu de temps, ils ont dĂ©montrĂ© leurs connaissances nuclĂ©aires et peuvent dĂ©cider de faire avancer leur projet nuclĂ©aire quand ils le souhaitent », a-t-il dĂ©clarĂ©. « Dans le contexte de lâaccord de 2015, sâil est relancĂ©, les Iraniens peuvent fabriquer une crise quand ils le souhaitent, affirmant, par exemple, quâun nombre insuffisant dâentreprises occidentales traitent avec lâIran ou se plaignent de son incapacitĂ© Ă exporter suffisamment de pĂ©trole.  »
Une telle crise fabriquĂ©e pourrait servir de clause de « sortie » dâIsraĂ«l de lâaccord.
« Vous ne pouvez pas enlever la connaissance des Iraniens », a dĂ©clarĂ© Segall. « Ils savent quoi faire et comment le faire. Sâils ne les arrĂȘtent pas, ils arriveront lĂ oĂč ils veulent aller ».
Lâadministration Biden reconnaĂźt que lâIran raccourcit rapidement son temps dâĂ©vasion nuclĂ©aire, a-t-il ajoutĂ©, mais finalement, cette reconnaissance nâa pas empĂȘchĂ© lâIran dâaller de lâavant, malgrĂ© les informations faisant Ă©tat dâactes de sabotage contre des sites nuclĂ©aires iraniens, souvent attribuĂ©s par le rĂ©gime iranien Ă IsraĂ«l.
La semaine derniĂšre, la chaĂźne de tĂ©lĂ©vision publique dâĂtat israĂ©lienne Kan 11 a rapportĂ© quâIsraĂ«l avait envoyĂ© une nouvelle alerte aux Ătats-Unis, selon laquelle la RĂ©publique islamique « sâapproche du statut de seuil nuclĂ©aire », ce qui signifie que câest un pays qui acquiert la capacitĂ© opĂ©rationnelle de construire des centrales nuclĂ©aires armes.
« Le message a été envoyé à travers une série de conversations tenues par des Israéliens de haut rang, dont le ministre des Affaires étrangÚres Yair Lapid et le ministre de la Défense Benny Gantz, avec leurs homologues américains », indique le rapport.
Dans une interview avec le service persan de la BBC, Gantz a dĂ©clarĂ© mardi quâIsraĂ«l avait les capacitĂ©s et les moyens dâattaquer le programme nuclĂ©aire iranien, « sur lequel je ne peux pas fournir de dĂ©tails, et nous sommes dans un Ă©tat de prĂ©paration Ă©levĂ© pour garantir que lâIran nâobtienne pas dâarmes nuclĂ©aires. Je suis sĂ»r que le rĂ©gime iranien connaĂźt Ă©galement certaines des capacitĂ©s dâIsraĂ«l. »
Alors quâIsraĂ«l sonne lâalerte, les Iraniens continuent leur long voyage vers lâhĂ©gĂ©monie.
« Les Iraniens ont montrĂ© quâils pouvaient survivre Ă [lâancien prĂ©sident Donald] Trump, aux sanctions cinglantes et Ă tous les prix bas quâils devaient payer. Cette rĂ©alisation ne peut pas leur ĂȘtre retirĂ©e », a dĂ©clarĂ© Segall.
Empruntant une phrase de feu le secrétaire américain à la Défense Donald Rumsfeld, Segall a exprimé son inquiétude au sujet des « inconnues inconnues » du programme nucléaire iranien.
Le 7 juillet, la sociĂ©tĂ© de renseignement militaire open source Janes et le Centre pour la sĂ©curitĂ© et la coopĂ©ration internationales de lâUniversitĂ© de Stanford ont publiĂ© une Ă©valuation dâun site nuclĂ©aire en construction en Iran. Janes a dĂ©crit le site comme une possible « installation dâassemblage de centrifugeuses souterraines situĂ©e au sud-ouest du complexe iranien dâenrichissement dâuranium existant Ă Natanz ».
« Ă chaque fois, un nouveau site jusque-lĂ inconnu est exposĂ©. Ce qui mâinquiĂšte le plus, câest que nous ne savons pas oĂč en sont les Iraniens », a dĂ©clarĂ© Segall.
Il a posĂ© la « grande question de deux minuteries », une qui compte jusquâau moment oĂč le rĂ©gime iranien sâeffondre, et la seconde jusquâĂ ce que lâIran devienne un Ătat dotĂ© de lâarme nuclĂ©aire. « Vous ne pouvez pas dire quelle horloge comptera Ă rebours jusquâĂ zĂ©ro », a dĂ©clarĂ© Segall. « Vous ne pouvez pas parier lĂ -dessus. »
Lorsquâon lui a demandĂ© quelles Ă©taient les options dâIsraĂ«l Ă la lumiĂšre de ces dĂ©veloppements, il a dĂ©clarĂ© qu' »il fait et a fait beaucoup de choses pour arrĂȘter le programme nuclĂ©aire iranien ».
Dans le mĂȘme temps, lâĂ©lan pour former une alliance rĂ©gionale anti-iranienne entre IsraĂ«l, lâArabie saoudite, les Ămirats arabes unis et BahreĂŻn semble sâessouffler, a reconnu Segall. « Les Saoudiens eux-mĂȘmes ne savent pas oĂč vont les choses. En fin de compte, IsraĂ«l continuera Ă faire ce quâil fait de plusieurs maniĂšres. »
RĂ©daction francophone Infos Israel News pour lâactualitĂ© israĂ©lienne
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