Dans les heures qui ont suivi le massacre du 7 octobre, la classe dirigeante israélienne s’est rassemblée dans un mélange de sidération et de fébrilité. Les premières minutes et les premières phrases prononcées derrière les portes closes — que révèle aujourd’hui une enquête journalistique — montrent une chaîne de commandement partagée entre peur, détermination militaire et une priorité absolue : ramener les otages à tout prix. Ces instants cruciaux éclairent la dissociation entre discours public — « ensemble, nous vaincrons » — et débats internes âpres, parfois corrosifs. (mako)
Les faits — Peu après l’attaque, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a réuni les principaux responsables politiques et militaires. « J’ai été dans des situations comme celle-ci », aurait déclaré le chef du gouvernement, appelant ses ministres et chefs militaires à « se couvrir les uns les autres » comme unique voie de sortie. La retranscription des échanges — publiée par des journalistes présents et compilée ensuite — rapporte des chiffres et des diagnostics brutaux : le chef du Shin Bet, Ronen Bar, évoque « 14 soldats et 28 civils » portés disparus et « des dizaines » hors de contact; l’état-major opérationnel avance un total de 169 personnes « non-reliées » à ce stade des premières enquêtes. Ces constats ont provoqué, selon les témoins, une atmosphère lourde, faite d’embarras et d’une décision de posture martiale immédiate. (mako)
Les premières options politiques et militaires — À 13h00 le cabinet s’est réuni pour la première fois depuis l’attaque. Le chef d’état-major mettait en garde contre l’utilisation des otages comme objectif politique, citant l’expérience traumatique de la guerre du Liban comme leçon : les militaires recommandaient d’éviter que la question des captifs ne devienne « la finalité » de toutes les opérations. En parallèle, des voix politiques — notamment de ministres proches des lignes durs — appelaient à l’option inversée : frapper fort, refuser toute négociation et « détruire les capacités » de l’adversaire sans attendre. Ce clivage, rapporté mot pour mot, explique la suite opérationnelle et politique : nervosité, décisions contradictoires et la montée d’une logique de force. (mako)
Réactions et controverse — Les enregistrements et retranscriptions publiés depuis jettent une lumière crue sur les tensions internes — et nourrissent les critiques extérieures. Au fil des mois, des révélations sur l’usage, par l’armée, de mesures controversées (dont l’emploi du « Hannibal Directive » dans des circonstances tragiques) ont alimenté le débat public israélien et international sur la proportionnalité des réponses et sur les dommages collatéraux subis par les otages et les civils. L’admission par des responsables que certaines procédures ont été appliquées dans des conditions extrêmes a alimenté l’indignation et les demandes de comptes. (Wikipédia)
Mise en perspective internationale — Deux ans après, le souvenir du 7 octobre reste le fil rouge des discours diplomatiques et des polémiques sur la conduite de la guerre et la recherche d’otages. Les grandes capitales oscillent entre soutien stratégique à Israël et pressions humanitaires visant à limiter les pertes civiles — angle qui alimente une tempête médiatique et politique dont l’écho s’entend jusqu’aux tribunes du Conseil de sécurité. Les leaders israéliens s’en servent régulièrement pour rappeler la brutalité initiale de l’attaque et justifier une ligne dure face à Hamas — un argument récurrent dans les allocutions publiques du Premier ministre. (The Washington Post)
Enjeux et conséquences — Ces premiers instants consignés par la presse exposent une vérité simple et dérangeante : en temps de catastrophe, les institutions vacillent, les certitudes politiques se fissurent et la priorité immédiate — sauver les captifs — peut heurter les normes opérationnelles et juridiques. Pour Israël, le bilan politique est double : légitimation d’une fermeté sans concession vis-à-vis des ennemis, et nécessité de réponses claires sur les erreurs ou manquements qui ont précédé la tragédie. L’exigence de transparence n’est pas qu’intellectuelle : elle est le ciment d’une confiance civique qui doit être rebâtie, non seulement entre dirigeants et citoyens, mais aussi entre la classe politique et les familles des otages. (mako)
Conclusion — Ces minutes et ces phrases — traduites, rapportées, vérifiées — doivent servir d’avertissement et d’invitation au débat sérieux. Il ne suffit pas d’afficher la rage et la revanche ; un État qui veut protéger ses citoyens doit pouvoir conjuguer fermeté militaire et responsabilité politique. Que l’examen des premières heures du 7 octobre soit l’exercice de vérité qu’Israël doit à ses victimes, à ses otages et à sa démocratie.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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