Le drame d’Israël ne s’est pas arrêté le 7 octobre. Un an après le massacre du festival de Nova, un nouveau nom s’ajoute à la liste silencieuse des victimes : Roi Shilo, survivant de l’attaque et compagnon de Mefal Adam, elle-même assassinée ce jour-là , a mis fin à ses jours vendredi soir. Son corps a été retrouvé carbonisé dans un véhicule près de Netanya.
Selon Arutz 7, Shilo, âgé d’une trentaine d’années, avait publié quelques heures plus tôt un message bouleversant sur son compte Instagram : « Je suis désolé. Je ne peux plus supporter cette douleur. Je brûle de l’intérieur. Dans toute ma vie, je n’ai jamais ressenti une telle souffrance. S’il vous plaît, ne m’en voulez pas. Souvenez-vous seulement du bien en moi. »
Un cœur brisé par le 7 octobre
Roi Shilo avait perdu sa compagne, Mefal Adam, lors du carnage de Reïm, où 364 jeunes furent massacrés par les terroristes du Hamas au cours du festival Nova. La tragédie ne s’est pas arrêtée là : sa mère, Rafaela, s’est suicidée deux semaines plus tard, incapable de surmonter la mort de la jeune femme qu’elle considérait comme une fille.
À travers ses publications, Shilo évoquait une douleur incommensurable, un gouffre intérieur partagé par des centaines de survivants. Beaucoup vivent avec un syndrome post-traumatique sévère, souvent sans accompagnement suffisant. « Je vis, mais à l’intérieur, tout est mort », écrivait-il récemment.
Les survivants laissés seuls face à leurs blessures
La mort de Shilo a ravivé un débat brûlant en Israël : l’abandon des survivants de la tragédie du 7 octobre par le système de santé mentale. Le chanteur Eyal Golan, dont la sœur Shirel – elle aussi survivante du Nova – s’était suicidée l’an dernier, a poussé un cri d’alarme lors d’une interview à Channel 12 :
« Je reçois des appels à 23h, à minuit, de familles désespérées parce que leurs enfants veulent se donner la mort. Où est le ministère de la Santé ? Où est le système ? Ces survivants sont des bombes à retardement. »
Les chiffres confirment cette détresse : selon une enquête de Haaretz, plus de 40 % des rescapés du Nova souffrent de troubles post-traumatiques sévères, mais à peine un quart d’entre eux ont accès à un suivi psychologique continu.
Un silence qui tue
Sur les réseaux, le message de Maayan Adam, sœur de Mefal, a résonné comme une déflagration :
« Roi est mort le 7 octobre, et il est mort à nouveau hier. Ces deux enfants sont maintenant ensemble, cœur contre cœur. »
Cette phrase résume l’impuissance d’un pays qui a triomphé militairement, mais qui peine à reconstruire psychologiquement ses survivants.
Alors qu’Israël commémore le deuxième anniversaire du massacre, ces suicides successifs rappellent que le traumatisme du 7 octobre ne s’efface pas. Derrière les visages des survivants se cachent des blessures profondes, souvent invisibles aux yeux du public, mais dévastatrices.
Une urgence nationale
Face à l’émotion, des députés comme Sharren Haskel et Idit Silman appellent à la création d’un fonds national pour les survivants du 7 octobre, sur le modèle des aides d’urgence accordées aux vétérans du Tsahal.
Selon Silman, « ces jeunes sont des soldats civils. Ils ont été attaqués parce qu’ils étaient Israéliens, ils méritent la même reconnaissance, le même soutien, la même dignité. »
Les associations de terrain, comme Nova Survivors Israel, tentent tant bien que mal d’offrir un suivi psychologique bénévole. Mais elles manquent cruellement de moyens. « Ce que nous voyons, ce sont des vies suspendues entre deux mondes : celui de la fête et celui de la mort », confie l’un des psychologues du collectif à Ynet.
Le cri d’un pays blessé
La tragédie de Roi Shilo rappelle que la guerre d’Israël n’est pas seulement celle des tunnels de Gaza ou des menaces iraniennes : c’est aussi une guerre intérieure, contre le désespoir et le vide laissé par le 7 octobre.
Dans les rues, sur les réseaux, dans les familles endeuillées, le pays entier porte encore cette cicatrice brûlante. Le silence des institutions devient, jour après jour, un second crime – celui de l’abandon.
Tant que ces survivants ne seront pas soignés, accompagnés et honorés, le massacre du 7 octobre continuera à tuer, lentement, à bas bruit.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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