Romh Breslevsky, survivant du Hamas : entre gratitude, détresse psychologique et colÚre étouffée

Quelques jours aprĂšs avoir Ă©crit qu’il se sentait “abandonnĂ©â€ et “mĂ©prisĂ©â€, le survivant du Hamas, Romh Breslevsky, revient sur son message. Il explique qu’il Ă©crivait en pleine crise d’angoisse et assure ĂȘtre malgrĂ© tout “reconnaissant envers la DĂ©fense, l’État et le peuple d’IsraĂ«l”. Une mise au point qui rĂ©vĂšle un dilemme national : comment accompagner les rescapĂ©s d’un enfermement inhumain tout en faisant face Ă  une sociĂ©tĂ© fracturĂ©e par la guerre et la douleur.

Le message avait fait l’effet d’un coup de tonnerre.
Quelques jours plus tĂŽt, Romh Breslevsky, l’un des survivants israĂ©liens libĂ©rĂ©s du joug terroriste du Hamas, Ă©crivait sur Facebook un post dĂ©chirant : “Je me sens abandonnĂ©. Je reçois du mĂ©pris.” Le texte, largement partagĂ©, a provoquĂ© un dĂ©bat national sur la prise en charge des rescapĂ©s du 7 octobre.

Aujourd’hui, dans un nouveau message publiĂ© sur les rĂ©seaux sociaux, il revient sur ses propos :
“Ce post a Ă©tĂ© Ă©crit en pleine tempĂȘte Ă©motionnelle et en plein milieu d’une crise d’angoisse.”

Selon ses propres mots, il ne retirait rien de sa souffrance, mais souhaitait rĂ©tablir la vĂ©ritĂ© : il ne renie ni les efforts de l’État, ni l’aide qu’il a reçue.

Cette rectification, rapportée par Ynet et Maariv, intervient alors que la société israélienne est encore secouée par les témoignages intimes des anciens otages, confrontés à une reconstruction psychologique lente, douloureuse et profondément personnelle.

“Je suis déçu, mais reconnaissant” : un message nuancĂ©, sans reniement de la souffrance

Breslevsky commence son message par une phrase lourde de sens :
“C’est mon dernier post ici.”

Il explique que son prĂ©cĂ©dent message — celui parlant d’abandon — a Ă©tĂ© Ă©crit dans un moment d’effondrement mental. Un tĂ©moignage qui rejoint les analyses de psychiatres citĂ©s par Haaretz, confirmant que les survivants de captivitĂ© prĂ©sentent souvent des symptĂŽmes aigus de stress post-traumatique : crises de panique, flashbacks, hypersensibilitĂ© Ă©motionnelle.

Il avoue ensuite :
“Je suis certes déçu du manque de soutien complet, mais je suis profondĂ©ment reconnaissant.”

Il remercie :

  • Tsahal,
  • le ministĂšre de la DĂ©fense,
  • les institutions de l’État,
  • tous les citoyens qui se sont mobilisĂ©s pour exiger la libĂ©ration des otages.

Une nuance qui ne gomme pas le traumatisme, mais souligne la complexité de la reconstruction.

“Aucun argent ne compense une demi-minute dans les mains du Hamas”

Breslevsky rĂ©pond aussi frontalement aux critiques reçues en ligne, certains lui ayant reprochĂ© les indemnitĂ©s versĂ©es par l’État.
Son message est sans ambiguïté :
“Pour chaque trente secondes comme otage, ce serait dix millions de dollars. Aucun argent au monde ne compenserait cela.”

Il rappelle ainsi que sa captivitĂ© n’a pas Ă©tĂ© une simple dĂ©tention, mais une expĂ©rience de mort, d’humiliation et de dĂ©shumanisation — des faits documentĂ©s par les rapports des services de santĂ© mentale, relayĂ©s par AP et Reuters, sur les survivants d’enlĂšvements en zone de guerre.

Breslevsky demande un minimum d’empathie :
“Avant de parler des otages ou des blessĂ©s de Tsahal, j’aimerais que vous passiez un seul jour dans nos chaussures.”

Une phrase puissante qui soulÚve une question douloureuse : la fracture entre le vécu des survivants et la perception du grand public.

Un appel poignant Ă  l’unitĂ© du peuple d’IsraĂ«l

Dans un passage qui a profondément touché les lecteurs, Romh écrit :
“Nous n’avons pas choisi d’ĂȘtre juifs, nous en avons eu le privilĂšge. ‘Sur ton Ă©pĂ©e tu vivras’ — notre combat existera toujours.”

Il appelle ensuite le pays entier Ă  sortir des querelles internes :
“ArrĂȘtons les conflits entre nous. Concentrons-nous sur l’amour et l’unitĂ©.”

Un message particuliĂšrement fort dans un contexte oĂč la sociĂ©tĂ© israĂ©lienne est tiraillĂ©e entre :

  • des dĂ©bats politiques violents,
  • une guerre prolongĂ©e,
  • le retour progressif de rescapĂ©s fragilisĂ©s,
  • des familles d’otages qui se battent pour la libĂ©ration des derniers captifs.

Ces mots rĂ©sonnent avec de nombreuses tribunes relayĂ©es par The Times of Israel, soulignant que la cohĂ©sion nationale est devenue un enjeu stratĂ©gique au mĂȘme titre que la sĂ©curitĂ©.

La détresse des rescapés : une difficulté largement sous-estimée

Les spécialistes cités par Haaretz le rappellent : les anciens otages affrontent un long chemin de guérison.
Beaucoup souffrent de :

  • stress post-traumatique,
  • insomnies,
  • crises d’angoisse,
  • affaiblissement physique sĂ©vĂšre,
  • culpabilitĂ© du survivant,
  • difficultĂ©s d’adaptation Ă  la vie “normale”.

À cela s’ajoute un phĂ©nomĂšne dĂ©jĂ  constatĂ© aprĂšs d’autres conflits :
le sentiment d’abandon.

Ce n’est pas un reproche direct Ă  l’État, mais un effet psychologique courant lorsque le corps, le cerveau et la mĂ©moire se battent pour se reconnecter Ă  une rĂ©alitĂ© sĂ©curisĂ©e.

Romh, comme d’autres, se trouve au cƓur de ce combat invisible.

“Rendez-moi ma vie” : le cri derriùre les mots

Son post se termine par un souhait bouleversant :
“Je donnerais tout ce que j’ai reçu pour retrouver ma vie d’avant, sans cauchemars et sans crises d’angoisse.”

Cette phrase traduit la réalité de nombreux rescapés du 7 octobre.
La reconstruction psychologique est lente, parfois ingrate, parfois silencieuse. Mais essentielle.

Et elle ne dĂ©pend ni d’indemnitĂ©s, ni de mĂ©dailles, mais d’une prise en charge humaine, cohĂ©rente, et d’un soutien social Ă©vitant la culpabilisation.

Derriùre le survivant, l’homme

Le cas de Romh Breslevsky n’est pas isolĂ©. Il est emblĂ©matique d’un dĂ©fi national : reconstruire ce que le Hamas a tentĂ© de dĂ©truire.
Sa voix, oscillant entre frustration et gratitude, est celle d’un homme qui veut vivre, respirer, retrouver une normalitĂ© — et qui rĂ©clame simplement du respect.

Dans un pays oĂč l’unitĂ© et la rĂ©silience sont vitales, son message rappelle l’essentiel :
un survivant n’est pas un symbole, un chiffre, ni un dĂ©bat politique.
C’est un ĂȘtre humain, marquĂ© Ă  vie, qui demande Ă  IsraĂ«l de rester ce qu’il a toujours Ă©tĂ© : une famille.


RĂ©daction francophone Infos Israel News pour l’actualitĂ© israĂ©lienne
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