Ron Dermer quitte le gouvernement israélien après deux ans au poste de ministre des Affaires stratégiques

C’est un départ symbolique au cœur d’une période charnière pour Israël. Le ministre des Affaires stratégiques Ron Dermer a présenté hier soir sa démission du gouvernement de Benjamin Netanyahou, après deux années d’un mandat marqué par la guerre contre le Hamas, les tensions régionales et la préparation de la riposte israélienne face à l’Iran.

Dans sa lettre de démission, Dermer a expliqué avoir tenu sa promesse faite à sa famille : « J’avais dit que je servirais deux ans. J’ai reporté ma décision deux fois — une première pour aider à la planification de l’opération contre l’Iran, et une seconde pour contribuer à la mise en œuvre du plan Trump. » Il a ajouté qu’il continuerait « à faire [sa] part pour garantir l’avenir du peuple juif ».

Considéré comme l’un des plus proches alliés politiques et personnels du Premier ministre, Dermer incarnait depuis longtemps le lien privilégié entre Jérusalem et Washington. Ancien ambassadeur d’Israël aux États-Unis (2013-2021), il a été un acteur central dans la conclusion des Accords d’Abraham, la coordination sécuritaire avec l’administration Trump et, plus récemment, la gestion diplomatique de la guerre en cours à Gaza et des négociations autour des otages.

Né et élevé à Miami, diplômé en économie et en gestion publique, Ron Dermer a renoncé à sa nationalité américaine en 2004 lorsqu’il fut nommé attaché économique à l’ambassade d’Israël à Washington par le ministre des Finances de l’époque… Benjamin Netanyahou. Depuis, leurs destins politiques sont restés étroitement liés. Conseiller en stratégie de Netanyahou à partir de 2009, Dermer est devenu une figure centrale du cercle sécuritaire et diplomatique israélien, respecté pour sa rigueur intellectuelle et son efficacité, mais souvent critiqué pour sa proximité jugée « excessive » avec les administrations républicaines.

Durant la dernière guerre, il a joué un rôle clé dans la coordination entre Jérusalem et la Maison-Blanche de Donald Trump, notamment sur la phase de désescalade et la consolidation du cessez-le-feu à Gaza. Son influence discrète mais décisive s’est aussi manifestée dans la planification des récentes frappes préventives contre les infrastructures iraniennes et dans la mise au point de la doctrine de dissuasion israélienne, présentée comme « la réponse stratégique à l’axe Téhéran-Beyrouth-Gaza ».

Sa démission intervient alors qu’Israël entre dans une phase politique incertaine. Le départ de Dermer — souvent perçu comme la « boussole diplomatique » du Premier ministre — pourrait fragiliser la cohérence du cabinet de sécurité, déjà secoué par des divergences entre les ministres sur la conduite de la guerre et la reconstruction post-conflit. Selon plusieurs sources politiques citées par Ynet et Jerusalem Post, Netanyahou aurait tenté de le convaincre de rester jusqu’à l’été 2026, sans succès.

Aucune information n’a encore filtré sur ses projets futurs. Proche du monde universitaire et des think tanks américains, Dermer pourrait retourner à Washington ou s’impliquer dans un nouveau cadre diplomatique non gouvernemental. Certains observateurs évoquent aussi une possible nomination à un poste stratégique au sein du réseau des Accords d’Abraham, qu’il a contribué à bâtir.

Pour Israël, la perte de cette figure-clé de la diplomatie discrète est significative. Dans un contexte d’instabilité régionale, marqué par la menace iranienne et les tensions sur la frontière nord, la voix pondérée de Ron Dermer représentait souvent un point d’équilibre entre la fermeté militaire et la finesse diplomatique.

Son départ clôt une page du « style Dermer » : une diplomatie d’influence, pragmatique, fidèle à l’alliance américano-israélienne et à la vision d’un Israël fort, assumé et proactif. Reste à voir qui, au sein du gouvernement, héritera de ce rôle clé — et si la stratégie israélienne saura conserver la même cohérence sans lui.


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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