Un nouvel acte antisémite vient d’ébranler la communauté juive britannique. Le 23 août dernier, un adolescent portant une kippa a été blessé par des tirs de carabine à air comprimé devant une synagogue à Bournemouth, sur la côte sud de l’Angleterre. Selon la police, l’attaque a été accompagnée d’insultes haineuses lancées depuis une voiture en mouvement.
L’adolescent, légèrement touché à la tête, a pu recevoir des soins rapidement. L’incident, qualifié par la police locale de possible crime de haine, a conduit à l’arrestation d’un homme de 26 ans à Ferndown, dans le Dorset. Il est soupçonné d’agression et de possession d’une arme factice en public. Placé en garde à vue, il a été relâché sous caution dans l’attente de poursuites judiciaires.
« Plus qu’évident qu’il était juif »
Le rabbin Alan Lewis, de la congrégation hébraïque de Bournemouth, a confirmé que la victime était un jeune Juif religieux, immédiatement identifiable. « Il portait une kippa, c’était plus qu’évident qu’il était juif », a-t-il expliqué au Telegraph. Pour lui, il ne fait aucun doute que la cible de l’assaillant a été choisie pour sa religion.
Quelques heures après l’attaque, des croix gammées ont été découvertes sur plusieurs façades de maisons du quartier. Toutes portaient une mezouza, signe de la présence de familles juives. « C’est une escalade inquiétante », a réagi le rabbin Lewis, dénonçant un climat de peur croissant.
Une police sur la défensive
L’inspectrice-détective en chef Nicola Jenkins, de la police du Dorset, a tenu à rassurer la communauté : « Nous comprenons l’inquiétude causée par cet incident. Nous sommes en relation directe avec les familles concernées et nous poursuivons nos investigations de manière approfondie. » Elle appelle également tout témoin à se manifester.
Malgré cette communication officielle, la communauté juive reste inquiète. Le Community Security Trust (CST), organisme de surveillance, a enregistré 1 521 actes antisémites entre janvier et juin 2025 au Royaume-Uni. Un chiffre en baisse par rapport au record de 2024 (2 019 incidents sur la même période), mais qui reste le deuxième plus élevé jamais recensé. Cela représente plus de 200 agressions chaque mois.
L’écho du 7 octobre
Ce regain s’inscrit dans une tendance mondiale : depuis le massacre du 7 octobre 2023 perpétré par le Hamas en Israël, l’antisémitisme a explosé en Europe et en Amérique du Nord. Le Royaume-Uni n’y échappe pas. Graffitis, insultes, agressions physiques : les Juifs britanniques vivent un climat de plus en plus hostile.
Selon une étude publiée par Campaign Against Antisemitism, seuls un tiers des Juifs du Royaume-Uni estiment encore avoir un avenir à long terme dans le pays. La moitié déclarent avoir envisagé de quitter le territoire ces deux dernières années.
Une insécurité persistante
Si l’attaque de Bournemouth n’a pas fait de victime grave, son impact psychologique est lourd. Elle illustre la vulnérabilité persistante des lieux de culte juifs et la banalisation d’une haine qui ose désormais s’exprimer en plein jour, même devant une synagogue. Pour beaucoup, elle confirme l’urgence d’un renforcement des mesures de sécurité et d’une réponse politique ferme.
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