Sans mandat ni consentement : l’armée libanaise freine l’offensive contre le Hezbollah

Malgré l’accord de cessez-le-feu et la pression croissante exercée par Israël et les États-Unis, l’armée libanaise refuse de pénétrer dans des habitations civiles du sud du Liban afin d’y saisir des armes du Hezbollah sans l’accord des propriétaires ou sans mandat judiciaire. Cette position ferme, rapportée par des médias libanais proches du Hezbollah, illustre les limites structurelles de l’État libanais face à l’organisation chiite armée et met en lumière les profondes divergences autour de la mise en œuvre de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU.

Selon ces sources, des responsables militaires ont clairement indiqué que l’armée ne se transformerait pas en « force de police au service de l’ennemi » et qu’elle n’effectuerait pas de perquisitions fondées sur de simples soupçons. Cette ligne rouge est défendue alors que se poursuivent, à Naqoura, les réunions de la commission chargée de superviser l’application des accords sécuritaires conclus après les derniers affrontements le long de la frontière israélo-libanaise.

Au cœur des discussions figure une proposition attribuée à la France visant à instaurer un mécanisme de « vérification renforcée » pour contrôler le respect de la résolution 1701, qui prévoit notamment le désarmement des groupes armés au sud du fleuve Litani. Paris tente ainsi de convaincre Washington et Jérusalem d’accorder davantage de temps et de marge de manœuvre à l’armée libanaise pour agir progressivement. Jusqu’à présent, les inspections menées conjointement par l’armée libanaise et la FINUL à la suite de signalements israéliens n’auraient toutefois pas permis de confirmer la présence de sites militaires ou de caches d’armes du Hezbollah dans les zones inspectées.

Dans ce contexte tendu, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a affirmé que la première phase du plan de confiscation des armes au sud du Litani devrait être achevée « dans les prochains jours ». Une déclaration accueillie avec scepticisme par plusieurs observateurs, qui estiment que les capacités réelles de l’armée libanaise à s’opposer frontalement au Hezbollah demeurent très limitées, tant sur le plan politique que sécuritaire.

 

 

Sans mandat ni consentement : l’armée libanaise freine l’offensive contre le Hezbollah - Infos-Israel.News

Photo d’illustration – source ouverte (domaine public)

Selon le quotidien libanais Al-Akhbar, la quinzième réunion de la commission n’a pas permis de réduire les écarts entre les parties. Les représentants israéliens, soutenus par la délégation américaine, auraient reproché à l’armée libanaise de ne pas appliquer le désarmement avec la rapidité et la rigueur exigées. Israël, de son côté, refuserait toujours un retrait complet de certaines positions occupées et maintiendrait des opérations jugées hostiles par Beyrouth, alimentant un climat de méfiance généralisée.

À l’issue de cette réunion, l’ambassadeur Simon Karam a fait rapport au président libanais Joseph Aoun. Ce dernier a insisté sur la nécessité absolue de permettre le retour des habitants déplacés dans leurs villages du sud, estimant que cette question humanitaire devait primer et constituer un préalable à toute avancée sur les autres dossiers. Il a été convenu que la prochaine réunion de la commission se tiendrait le 7 janvier 2026, avec la participation de représentants israéliens, américains, français et onusiens.

Sans mandat ni consentement : l’armée libanaise freine l’offensive contre le Hezbollah - Infos-Israel.News

Photo d’illustration – source ouverte (domaine public)

Du côté américain, le secrétaire d’État Marco Rubio a résumé l’enjeu des discussions en affirmant que Washington souhaitait voir émerger « un État libanais fort et un Hezbollah désarmé ». Il a rappelé que personne ne voulait d’une organisation armée agissant comme proxy de l’Iran et menaçant directement Israël, tout en avertissant que Jérusalem se réservait le droit d’agir militairement si elle se sentait menacée.

En définitive, la position de l’armée libanaise, attachée à un cadre strictement légal pour toute opération de désarmement, met en évidence l’impasse actuelle. Entre les exigences sécuritaires israéliennes, les pressions américaines, les tentatives de médiation européenne et la réalité du rapport de force interne au Liban, le fossé reste profond. Tant que ces contradictions ne seront pas résolues, la mise en œuvre effective de la résolution 1701 et le désarmement du Hezbollah au sud du Litani continueront de relever davantage de la déclaration d’intention que d’une réalité concrète.

Hezbollah, Liban, armée libanaise, résolution 1701, sécurité israélienne, frontière nord d’Israël, FINUL, diplomatie internationale, désarmement, Moyen-Orient


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
© 2025 – Tous droits réservés