C’est une scène bouleversante et révoltante qui s’est déroulée hier à l’entrée du camp de la mort de Birkenau, en Pologne. Pour la première fois depuis la création du programme « Adim b’Madim » (Témoins en Uniforme), une délégation officielle de Tsahal composée de 180 soldats, officiers et membres des forces de sécurité israéliennes a été empêchée d’entrer dans l’ancien camp d’extermination avec les drapeaux israéliens qu’elle portait.
À l’entrée du site, un policier polonais a interrompu la marche solennelle, exigeant le retrait immédiat de tous les drapeaux bleu et blanc. Malgré les tentatives de négociation des responsables israéliens et même du personnel polonais local, la décision a été maintenue sans appel. Le cortège militaire a dû obéir, humilié, contraint de déposer ses drapeaux dans un véhicule stationné à l’arrière.
Ce geste, ressenti comme une « honte publique » par les participants, s’est déroulé sous les yeux de nombreux visiteurs, qui assistaient à la cérémonie commémorative. « Nous étions en train d’entrer, comme chaque année, en formation militaire, drapeaux en main, avec son de clairon », raconte l’un des membres de la délégation à Ynet. « Et là, on nous a bloqués net. La situation était irréelle. »
Le contraste est d’autant plus criant que, dans les années précédentes, les délégations israéliennes ont toujours été autorisées à pénétrer dans les lieux avec leurs drapeaux. Des photos historiques largement diffusées montrent des officiers israéliens en uniforme, tenant le drapeau d’Israël fièrement déployé devant l’entrée de Birkenau. Jamais auparavant un tel affront n’avait été imposé à des représentants de l’État juif dans un lieu où l’ombre de la Shoah plane avec intensité.
« Ce n’était pas un simple incident logistique », déplore l’un des participants. « C’était une tentative claire d’effacer le symbole sioniste dans un lieu où il devrait être au cœur du récit. Ils veulent redessiner l’histoire, neutraliser la présence juive et transformer la mémoire universelle de la Shoah en quelque chose d’aseptisé, déjudaïsé. »
Le silence du ministère israélien des Affaires étrangères, qui a choisi de ne pas réagir officiellement à l’événement, suscite de nombreuses interrogations. Certains y voient une forme de retenue diplomatique, d’autres y perçoivent un manque de fermeté dans la défense de la mémoire juive.
Mais ce qui choque avant tout, c’est que cet acte d’hostilité s’est produit dans l’un des hauts lieux de la mémoire de la Shoah, un site visité chaque année par des centaines de milliers de personnes venues honorer les six millions de Juifs assassinés par les nazis, dont plus d’un million à Auschwitz-Birkenau.
Faut-il rappeler que le drapeau israélien est l’un des symboles ultimes de la renaissance juive, le signe tangible qu’après l’anéantissement, il y a eu reconstruction ? Empêcher des soldats juifs en uniforme de brandir ce drapeau à l’endroit même où leurs ancêtres ont été gazés et brûlés, c’est une insulte à la mémoire des victimes. C’est refuser aux Juifs d’aujourd’hui leur droit légitime à se souvenir, à témoigner, à se tenir debout, fièrement, sur les cendres de l’Europe antisémite.
Sur les réseaux sociaux, de nombreuses voix s’élèvent déjà. Certains parlent d’un « camouflet honteux de la part des autorités polonaises ». D’autres rappellent que la Pologne actuelle multiplie les efforts pour réécrire l’histoire de son rôle durant la Seconde Guerre mondiale, notamment à travers des lois qui criminalisent l’évocation de sa responsabilité dans les crimes nazis.
Sur Infos-Israel.News, ce type d’événement soulève une alerte claire : l’antisémitisme en Europe n’a pas disparu. Il se transforme, se glisse dans la bureaucratie, les règlements, les interdictions symboliques. Ce n’est plus l’uniforme brun qui opère, mais la censure feutrée des signes d’identité juive et sioniste.
L’Europe qui prétend se souvenir de la Shoah n’a pas le droit de sélectionner les souvenirs qui l’arrangent. Refuser l’entrée d’un drapeau israélien à Birkenau, c’est comme empêcher une famille de poser une pierre tombale sur la tombe d’un proche.
Le site Alyaexpress-News rappelle à juste titre que la lutte contre l’antisémitisme doit être active, ferme, sans concession. Et que ce combat n’appartient pas seulement aux diplomates : il revient à chaque Juif, chaque Israélien, chaque personne éprise de vérité.
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