Scandale au sein du Shabas : une gardienne condamnée après des relations intimes avec plusieurs détenus

Une affaire explosive secoue à nouveau le Service pénitentiaire israélien. Une gardienne, reconnue coupable d’entretenir durant plusieurs mois des relations intimes avec plusieurs détenus, vient d’être condamnée à un mois de travaux d’intérêt général et à une lourde amende. Un verdict perçu par certains comme trop indulgent au regard de la gravité des faits, alors que le Shabas tente déjà de se remettre d’autres scandales ayant entaché sa crédibilité ces dernières années.


L’affaire, révélée par Channel 12 puis confirmée par les documents judiciaires publiés par le tribunal de Nof HaGalil, expose l’une des violations les plus graves du code disciplinaire du Shabas : une gardienne impliquée dans plusieurs relations intimes, sur une période d’environ six mois, avec différents détenus et ex-détenus.

Selon les éléments présentés au tribunal, la gardienne — employée au sein d’un établissement sécuritaire — entretenait une relation régulière avec au moins un détenu, marqué par des rencontres nocturnes dans sa cellule, des échanges de messages personnels, des conversations fréquentes, et même la réception de cadeaux livrés à son domicile. D’autres interactions se poursuivaient via des “intermédiaires” parmi les détenus, décrits dans le jugement comme de véritables “agents de liaison”.

Ce scénario, qui évoque des précédents retentissants tels que l’affaire Gilboa en 2021 (couverte par Haaretz et The Times of Israel), révèle une nouvelle fois des failles profondes dans la supervision interne du Shabas.


Une pénétration non autorisée dans une cellule à l’aube : l’élément déclencheur

La relation secrète a éclaté lorsqu’elle a été surprise à l’intérieur d’une cellule à l’aube, affirmant qu’elle était venue “porter secours” à un détenu prétendument mal en point. Mais l’enquête préliminaire menée par un officier de l’établissement a immédiatement fait émerger des incohérences.

Selon Ynet, les premiers soupçons se sont fondés sur l’absence d’appel d’urgence, la chronologie improbable des événements et des gestes inhabituels observés sur les caméras internes. L’affaire a été transférée à la Unité d’enquêtes internes du Shabas (Lahav 433), qui a mis au jour un ensemble d’échanges compromettants — appels, messages téléphoniques, et déplacements nocturnes.

Ces preuves ont mené à une mise en examen pour violation de la confiance, comportement inapproprié, entrée illégale dans une cellule, et suspicion initiale de corruption, charges finalement allégées faute de preuves d’avantages financiers directs.


Un réseau de communications clandestines : un phénomène récurrent dans les prisons israéliennes

Bien que l’affaire soit présentée comme “isolée”, plusieurs rapports, dont ceux de Haaretz et The Jerusalem Post, ont souligné ces dernières années la récurrence de relations interdites entre personnels pénitentiaires et détenus, souvent facilitées par l’absence de supervision stricte lors des rondes nocturnes ou dans certains blocs isolés.

Les investigations ont révélé que la gardienne communiquait avec certains détenus via des téléphones clandestins — un phénomène documenté à de multiples reprises par les services de sécurité — et que des détenus jouaient le rôle “d’intermédiaires” pour fixer des rencontres, un modus operandi déjà observé lors de l’affaire des surveillantes de Gilboa, selon les enquêtes publiées par Kan News.


Un profil psychologique fragile : un élément pris en compte mais non déterminant

Devant le tribunal, la gardienne a décrit un état de détresse émotionnelle profonde, évoquant des difficultés personnelles, une dégradation de son équilibre psychologique et la honte immense d’être exposée publiquement. Son avocat a plaidé pour une absence de condamnation formelle afin d’éviter un impact irréversible sur sa capacité à subvenir aux besoins de sa fille.

Un représentant de son employeur actuel — une société civile où elle travaille depuis sa suspension du Shabas — est venu témoigner en sa faveur, la décrivant comme une salariée “dévouée et appréciée”.

Mais la juge a estimé que, malgré ces circonstances personnelles, le niveau de gravité était incompatible avec un effacement de la condamnation :
“La multiplicité des déteneurs, la durée des faits, les cadeaux, la planification répétée et l’effacement de preuves constituent un seuil de gravité élevé excluant toute possibilité d’éviter la condamnation.”


Une peine jugée clémente par certains, sévère par d’autres

Finalement, le tribunal a imposé :

  • un mois de travaux d’intérêt général,
  • une amende de plusieurs milliers de shekels,
  • et l’inscription d’une condamnation pénale durable.

Bien que certains observateurs, notamment sur Channel 13, aient jugé que la peine restait légère au regard des risques sécuritaires encourus, d’autres y voient un signal clair adressé aux personnels du Shabas : les relations non professionnelles avec des détenus ne seront plus tolérées.

Du côté du Shabas, l’affaire ne fait qu’ajouter aux tensions internes. Après les scandales de 2021–2022 sur les manquements à la sécurité des surveillantes, dénoncés dans plusieurs rapports publics, l’institution tente encore de regagner la confiance du public israélien — un public particulièrement attentif depuis les attaques du 7 octobre et l’importance capitale accordée à la sécurité nationale.


Un enjeu sécuritaire autant qu’éthique

Au-delà du scandale moral, les relations non autorisées entre surveillants et détenus représentent un risque opérationnel majeur. Elles peuvent mener à :

  • la transmission d’informations sensibles,
  • la compromission des plans de sécurité,
  • l’introduction de téléphones ou d’objets interdits,
  • la naissance de réseaux d’influence criminelle interne.

Comme l’ont souligné plusieurs experts cités par AP News, les prisons sont des lieux où la moindre faille humaine peut devenir un levier pour les organisations criminelles ou terroristes.


Conclusion : un avertissement pour le Shabas et un test de confiance publique

L’affaire met en lumière une problématique persistante : la vulnérabilité de certaines institutions israéliennes face à des infiltrations émotionnelles, sociales ou psychologiques. Dans un pays qui fait de la sécurité une pierre angulaire de son existence, l’intégrité du Shabas n’est pas une question secondaire — elle est une composante indispensable de la défense nationale.

Le verdict prononcé n’effacera pas les dégâts, mais il sonne comme une dernière alarme : l’État d’Israël ne peut tolérer que des agents chargés de sa sécurité deviennent des points faibles exploitables de l’intérieur.


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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