« Si le Hamas survit après la libération des otages, nous ne ferons plus partie du gouvernement » — Ben-Gvir et Smotrich posent leurs conditions

Dans la foulée de l’accord-cadre international visant à accélérer la libération des otages et à amorcer une sortie de crise, deux poids lourds de l’aile nationaliste israélienne ont placé une ligne rouge claire : Itamar Ben-Gvir et Bezalel Smotrich exigent que la disparition effective du Hamas suive immédiatement la remise des captifs — faute de quoi ils menacent de faire chuter la coalition. La menace jette une ombre lourde sur la fragile manœuvre diplomatique qui, pour Washington et ses partenaires, doit précéder la fin des hostilités. (Reuters)

Les faits — Le 4 octobre 2025, à la suite des pressions diplomatiques et de la médiation américaine, Israël a accepté d’entrer dans la première phase d’un plan visant la libération accélérée d’otages, une initiative portée par l’administration américaine et relayée par plusieurs acteurs régionaux. Le Premier ministre a aussitôt convoqué des consultations d’urgence avec les ministres de la coalition, dont Itamar Ben-Gvir et Bezalel Smotrich, pour tenter de concilier la démarche diplomatique et les impératifs sécuritaires sur le terrain. (Reuters)

Les déclarations tranchées — Itamar Ben-Gvir a fixé un ultimatum politique : « Si, après la libération des otages, le Hamas continue d’exister — nous ne resterons pas au gouvernement », a-t-il déclaré, selon des comptes rendus locaux. Bezalel Smotrich a de son côté qualifié la décision de Netanyahu d’autoriser des négociations « sans feu » de « grave erreur » et un « plan pour diluer le temps » qui profiterait à l’organisation terroriste. Smotrich a explicitement prévenu qu’« après la libération de tous les otages, si le Hamas reste debout, mon parti ne fera plus partie de l’exécutif ». Ces formules traduisent une ligne politique dure : la remise des captifs ne peut pas être dissociée d’une destruction structurelle du mouvement. (Times of Israel)

Pourquoi cette fracture ? — Le clivage est d’abord stratégique. Pour Ben-Gvir et Smotrich, toute pause militaire non assortie de garanties de démantèlement du Hamas équivaut à une victoire incomplète et prépare un nouvel affrontement. Pour les responsables qui plaident en faveur d’un cessez-le-feu temporaire, la priorité immédiate est humanitaire et politique : ramener les otages, soulager la pression internationale et ouvrir une fenêtre pour instituer des mécanismes de gouvernance et de sécurité supervisés par des tiers. Ce dilemme — sauver des vies maintenant ou exiger la neutralisation du groupe pour éviter de futures menaces — nourrit un choc de temporalités et de priorités au sommet de l’État. (Times of Israel)

Risques pour la stabilité gouvernementale — La menace explicite d’un retrait d’« Otzma Yehudit » (ou des alliés de Smotrich) expose Netanyahu à un choix cornélien : adopter la feuille de route internationale et risquer l’éclatement de sa coalition, ou protéger la cohésion gouvernementale en durcissant la position militaire, au prix d’une rupture possible avec les États-Unis et d’un isolement diplomatique accru. La dynamique est d’autant plus fragile que l’opinion publique, traumatisée par les massacres et la prise d’otages, réclame simultanément justice et le retour des siens. (Times of Israel)

Dimension internationale — Washington, qui a joué un rôle moteur dans l’initiative, met l’accent sur un calendrier accéléré pour la libération des otages et un retrait israélien par étapes, encadré par une autorité de transition. Les partenaires régionaux (Égypte, Qatar) et plusieurs capitales européennes ont salué la possibilité d’un cessez-le-feu conditionnel, mais ont également souligné la nécessité de garanties pour empêcher une résurgence militaire du Hamas. Le divorce entre les impératifs internationaux et les exigences d’une frange importante de la coalition israélienne complique toute mise en œuvre fluide. (The Guardian)

Scénarios prochains et enjeux — Trois issues sont probables : (1) Netanyahu parvient à une conciliation — accords techniques, garanties sécuritaires et concessions limitées — et la coalition tient ; (2) des ministres d’extrême droite quittent la coalition, entraînant une crise gouvernementale aiguë ; (3) le plan international capote, relançant les opérations militaires et prolongeant la guerre. Chacune de ces trajectoires comporte des coûts humains et géopolitiques lourds pour Israël. (Reuters)

Conclusion — L’annonce de Ben-Gvir et Smotrich n’est pas seulement une posture : elle pose un ultimatum politique susceptible de décider, dans les heures ou jours à venir, de l’orientation stratégique d’Israël. Entre l’exigence morale et politique de ramener les otages à la maison et la volonté, pour certains, d’exiger l’anéantissement du Hamas, Netanyahu doit désormais arbitrer un choix qui pourrait redessiner la carte politique intérieure autant que l’avenir sécuritaire de la région.


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
© 2025 – Tous droits réservés