Plus de dix ans après la disparition de son fils Hadar, tué et enlevé par le Hamas, le professeur Simcha Goldin continue de se battre pour le retour des dépouilles retenues à Gaza. Dans un entretien accordé à Ynet, il accuse le gouvernement israélien de faiblesse et fustige la complaisance d’un État qui, selon lui, “permet au Hamas de nous humilier encore et encore”.
La douleur de Simcha Goldin n’a jamais disparu.
Son fils, le lieutenant Hadar Goldin, officier de la brigade Givati, avait été capturé et tué le 1er août 2014, lors de l’opération Bordure protectrice à Rafah. Depuis, sa dépouille n’a jamais été restituée à Israël.
Malgré des années de promesses politiques et d’interventions internationales, les négociations avec le Hamas sont restées lettre morte.
Ce mercredi, dans une interview poignante sur Ynet Live, le père endeuillé a lancé un cri du cœur :
« Le Hamas fait de nous les idiots du Moyen-Orient. Il se moque de nous, de nos dirigeants et du monde entier. »
“Le gouvernement doit montrer qu’il a encore de la colonne vertébrale”
Dans cet entretien, Goldin s’est exprimé sans détour contre le gouvernement Netanyahou, qu’il accuse d’inaction.
« La tâche du gouvernement est claire : ramener nos soldats tombés, quoi qu’il en coûte. Le Hamas utilise Hadar comme un trophée, comme un symbole de victoire. Il faut lui retirer ce symbole. »
Ses mots résonnent dans un Israël encore traumatisé par la guerre du 7 octobre 2023 et les multiples drames liés aux otages. Pour lui, la situation actuelle — où le Hamas détient encore plusieurs corps et captifs vivants — reproduit les erreurs du passé, à commencer par l’absence de stratégie ferme.
Le professeur a appelé à une riposte morale et politique, rappelant que son fils avait été trahi par une trêve violée par le Hamas, la même situation que celle vécue par Tsahal ces derniers jours à Gaza.
« Chaque fois qu’Israël signe une trêve, le Hamas la viole. Et nous, au lieu de réagir, nous justifions notre faiblesse devant le monde. »
Un débat national sur la dignité et la souveraineté
Les propos de Goldin ravivent une question essentielle : qu’est-ce qu’Israël doit à ses soldats tombés ?
Dans la tradition israélienne, le retour de chaque corps est une mission sacrée.
Mais lorsque l’ennemi exploite cette sensibilité pour faire pression, le dilemme devient insupportable.
La société israélienne reste profondément divisée entre ceux qui plaident pour des échanges humanitaires coûte que coûte, et ceux qui estiment qu’il faut cesser de négocier avec un groupe terroriste.
Le cas Goldin est devenu un symbole national.
En 2019, la Knesset avait même instauré une “journée du souvenir des soldats dont les corps sont retenus par l’ennemi”.
Pour beaucoup, Hadar incarne cette tension morale entre l’attachement à la vie et la fermeté face à la barbarie.
Une humiliation internationale
Le père du soldat accuse désormais le Hamas d’utiliser cette situation comme arme diplomatique.
« Le Hamas nous ridiculise à chaque forum international. Il nous humilie non seulement militairement mais moralement. Il sait que nous avons des principes, et il les retourne contre nous », dénonce-t-il.
Cette déclaration intervient alors que Tsahal poursuit des frappes ciblées à Gaza contre des cadres du Hamas, tout en respectant un cessez-le-feu précaire.
Aux yeux de Goldin, cette retenue est incompréhensible :
« Nous avons la capacité d’imposer nos conditions. Mais nous préférons montrer de la compassion à des monstres qui ne comprennent que la force. »
Un silence politique qui dérange
Malgré la sympathie populaire envers la famille Goldin, le silence officiel reste assourdissant.
Aucun ministre n’a réagi publiquement à l’interview.
Selon Channel 12, le gouvernement préfère “gérer discrètement” la question des corps retenus pour ne pas compromettre les discussions sur les otages vivants.
Une prudence que de nombreux Israéliens jugent insupportable.
Les associations de familles d’otages ont immédiatement relayé le message de Goldin, appelant le gouvernement à “faire de la récupération des dépouilles une priorité nationale”.
Sur les réseaux sociaux, le hashtag #BringHadarHome a de nouveau explosé, avec des milliers de messages de soutien.
Entre mémoire et politique
Le cas Goldin illustre un malaise plus profond : la frontière floue entre la morale juive du respect des morts et la realpolitik d’un État assiégé.
Israël, fidèle à ses valeurs, refuse d’abandonner ses soldats. Mais cette fidélité est instrumentalisée par un ennemi cynique.
Comme l’a rappelé un éditorialiste du site Infos-Israel.News, « chaque trêve signée sans restitution de nos morts est une défaite symbolique ».
Une bataille pour la dignité d’Israël
En conclusion, le message de Simcha Goldin dépasse la douleur personnelle : il s’agit d’un appel à la dignité nationale.
L’homme qui fut professeur à l’université de Tel-Aviv parle aujourd’hui au nom de tout un pays :
« Ramener nos soldats, c’est ramener notre honneur. Un État qui renonce à ses morts finira par renoncer à lui-même. »
Dans un Moyen-Orient où la faiblesse se paie cher, Israël ne peut se permettre d’être “le bon élève” des trêves impossibles.
Tant que le Hamas retiendra les dépouilles d’Hadar Goldin et d’Oron Shaul, la guerre ne sera pas vraiment terminée.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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