Lors dâune confĂ©rence de presse tenue ce mardi Ă JĂ©rusalem, le ministre israĂ©lien des Finances Bezalel Smotrich a rĂ©vĂ©lĂ© le montant vertigineux des dĂ©penses engagĂ©es depuis le dĂ©but de la guerre contre le Hamas : prĂšs de 250 milliards de shekels, soit environ 60 milliards dâeuros. Un coĂ»t Ă©conomique colossal qui pĂšse dĂ©jĂ sur le budget national et sur les Ă©paules dâune sociĂ©tĂ© israĂ©lienne mobilisĂ©e depuis treize mois.
« Nous faisons face Ă lâun des dĂ©fis financiers les plus lourds de lâhistoire du pays », a dĂ©clarĂ© Smotrich, visiblement soucieux de rassurer les marchĂ©s. « Ces dĂ©penses nâĂ©taient pas prĂ©vues, mais elles Ă©taient indispensables pour assurer la dĂ©fense du peuple dâIsraĂ«l et indemniser les citoyens affectĂ©s. »
Selon les chiffres dĂ©voilĂ©s par le ministĂšre, 21 milliards de shekels ont Ă©tĂ© consacrĂ©s aux indemnisations versĂ©es Ă quelque 120 000 familles et entreprises touchĂ©es par les destructions, les Ă©vacuations ou la paralysie de lâĂ©conomie dans le sud et le nord du pays. Ces indemnisations incluent les habitants des kibboutzim du NĂ©guev, les commerçants de SdĂ©rot et les entreprises frappĂ©es par la fermeture prolongĂ©e des frontiĂšres avec Gaza et le Liban.
Smotrich a rappelĂ© que la guerre a bouleversĂ© tous les Ă©quilibres budgĂ©taires, forçant le gouvernement Ă rĂ©viser en urgence ses prioritĂ©s. « Nous avons gelĂ© plusieurs projets civils et suspendu certaines rĂ©formes structurelles. Lâheure est Ă la reconstruction, pas Ă la croissance artificielle. »
Les dĂ©penses militaires absorbent lâessentiel de la somme : opĂ©rations Ă Gaza, renforcement du front nord face au Hezbollah, production accĂ©lĂ©rĂ©e dâarmement, protection des localitĂ©s frontaliĂšres et soutien logistique Ă Tsahal. Une grande partie de ces coĂ»ts, estime un responsable du TrĂ©sor, « ne pourra ĂȘtre compensĂ©e Ă court terme ».
MalgrĂ© lâaide amĂ©ricaine, IsraĂ«l assume la quasi-totalitĂ© de ses dĂ©penses militaires, tandis que les dons Ă©trangers â notamment ceux de la diaspora â ne couvrent quâune fraction du besoin. Les Ă©conomistes du ministĂšre prĂ©voient que le dĂ©ficit public atteindra 8 % du PIB Ă la fin de lâexercice 2025, contre 2,5 % avant la guerre.
Face Ă cette situation, Smotrich dĂ©fend une politique de rigueur « sans populisme ». « Nous refusons dâimprimer de lâargent ou dâaugmenter brutalement les impĂŽts », a-t-il expliquĂ©. « Nous avons choisi une voie responsable : rĂ©duire les dĂ©penses inutiles, accĂ©lĂ©rer les privatisations et faire confiance Ă la rĂ©silience du marchĂ© israĂ©lien. »
Les critiques ne se sont pas fait attendre. Lâopposition accuse le ministre dâavoir sous-estimĂ© les consĂ©quences sociales de la guerre. La dĂ©putĂ©e travailliste Merav Michaeli dĂ©nonce « une politique dâaustĂ©ritĂ© au moment mĂȘme oĂč des milliers de familles vivent dans des hĂŽtels et des tentes ». Dâautres soulignent que les inĂ©galitĂ©s risquent de sâaggraver, les mĂ©nages modestes Ă©tant les plus touchĂ©s par la hausse des prix et le ralentissement Ă©conomique.
Mais pour Smotrich, la guerre nâest pas quâun gouffre financier : câest un test moral et national. « Le peuple dâIsraĂ«l paie aujourdâhui le prix de sa libertĂ© », a-t-il insistĂ©. « Chaque shekel dĂ©pensĂ© lâest pour que nos enfants puissent vivre dans un pays sĂ»r. Nous vaincrons, et nous reconstruirons. »
Le ministre prĂ©voit de prĂ©senter prochainement un plan de redressement budgĂ©taire articulĂ© autour de trois axes : relance de lâinvestissement privĂ©, soutien aux industries stratĂ©giques (cybersĂ©curitĂ©, Ă©nergie, dĂ©fense) et rĂ©duction progressive du dĂ©ficit sur trois ans. Une partie du financement pourrait venir dâun nouvel emprunt souverain Ă long terme, destinĂ© aux investisseurs institutionnels israĂ©liens et amĂ©ricains.
Dans lâimmĂ©diat, lâĂ©conomie israĂ©lienne reste sous tension. Le shekel sâest stabilisĂ© aprĂšs plusieurs mois de volatilitĂ©, mais les marchĂ©s redoutent lâimpact durable de la guerre sur la consommation et le tourisme. Le gouverneur de la Banque dâIsraĂ«l, Amir Yaron, a averti : « Si la situation sĂ©curitaire se dĂ©tĂ©riore, aucune rĂ©forme ne pourra contenir la pression budgĂ©taire. »
Entre sĂ©curitĂ© nationale et survie Ă©conomique, IsraĂ«l marche sur une ligne Ă©troite. La guerre a coĂ»tĂ© cher, mais elle a aussi rappelĂ© lâessentiel : la cohĂ©sion dâun peuple qui refuse de plier, mĂȘme face Ă lâadversitĂ©.
RĂ©daction francophone Infos Israel News pour lâactualitĂ© israĂ©lienne
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