Dans un climat régional instable, marqué par l’agressivité croissante d’Ankara en Méditerranée orientale, la Grèce se rapproche d’Israël comme jamais auparavant. Selon plusieurs médias grecs, Athènes a décidé d’accélérer les négociations pour sceller un accord stratégique d’environ 3 milliards d’euros avec le ministère israélien de la Défense. L’objectif : acquérir trois systèmes de défense aérienne de pointe – le Barak MX de l’Industrie Aérospatiale Israélienne (IAI), le David’s Sling (Kela David) de Rafael et le Spider (SPYDER), également développé par Rafael – afin de bâtir un nouveau parapluie antimissile multi-couches.
Cette démarche traduit une prise de conscience brutale du gouvernement grec : après des années d’investissements insuffisants dans ses capacités militaires, la Grèce se retrouve en net retard face à un voisin turc surarmé, doté d’un vaste arsenal de missiles, de drones offensifs et de capacités balistiques couvrant tout le territoire grec. C’est ce déséquilibre qui pousse Athènes à miser aujourd’hui sur l’expertise israélienne — une expertise éprouvée au combat, notamment durant la guerre Épées de Fer, et mondialement reconnue.
3 milliards pour une première phase : la défense de la Thrace et de l’est de la mer Égée
Les 3 milliards d’euros annoncés ne représentent que la première étape de l’ambitieux projet grec. Cette tranche couvre uniquement la protection de la Thrace et de l’est de la mer Égée, les zones les plus exposées aux forces turques. Des acquisitions supplémentaires sont déjà prévues pour une couverture nationale complète.
Dans ce cadre, la Grèce exprime un intérêt prononcé pour trois systèmes israéliens :
– Barak MX (IAI) : système multi-couches capable d’intercepter avions de combat, hélicoptères, drones, missiles de croisière, roquettes longue portée et missiles sol-air.
– David’s Sling – Kela David (Rafael) : un pilier essentiel de la défense aérienne israélienne, conçu pour intercepter missiles tactiques et menaces balistiques de moyenne portée.
– SPYDER (Rafael) : système mobile, flexible, idéal pour la protection de zones sensibles et de forces en mouvement.
Face à la multiplicité des menaces turques — drones armés, missiles balistiques, avions furtifs et capacités de saturation — Athènes cherche à reproduire, à l’échelle européenne, le modèle israélien : une défense en profondeur, segmentée en couches imbriquées.
Barak MX : la colonne vertébrale du futur bouclier grec
Le Barak MX constitue un système remarquable par sa modularité. Il peut intégrer différents radars, centres de commandement et trois types d’intercepteurs :
– Barak MRAD : portée de 35 km
– Barak LRAD : portée de 70 km
– Barak ER : portée étendue à 150 km grâce à un motoréacteur additionnel
L’ensemble repose sur un centre de commandement intelligent et éprouvé au combat. Fait notable : tous les moteurs des intercepteurs sont produits par la société israélienne Tomer, acteur stratégique de l’écosystème national.
Déjà vendu à plusieurs pays, dont l’Azerbaïdjan en novembre 2024 pour 1,2 milliard de dollars, le Barak MX s’impose comme l’un des systèmes les plus demandés du marché.
SPYDER All-in-One : la flexibilité maximale pour les îles grecques
Rafael a présenté la nouvelle configuration SPYDER All-in-One au commandement de l’armée de l’air grecque en avril 2024. Cette version intègre :
– un radar
– un capteur électro-optique
– un système de commandement
– les intercepteurs Python et Derby
Le tout monté sur un seul véhicule, offrant une solution mobile parfaite pour les îles de la mer Égée, où la menace turque est directe et immédiate.
Un test réalisé en Israël en janvier 2024 a validé sa capacité à intercepter un drone dans un scénario opérationnel complexe, confirmant son efficacité contre les menaces contemporaines.
Selon des médias grecs, l’intention d’Athènes serait de déployer le Barak MX sur le territoire continental, et le SPYDER sur les îles proches de la Turquie — jusqu’en Crète.
David’s Sling : le niveau intermédiaire du bouclier grec
Entre le Barak MX (couche haute) et le SPYDER (couche basse), Athènes souhaite intégrer le système David’s Sling, vendu en août 2023 à la Finlande pour 316 millions d’euros. Avec :
– une portée de 300 km
– une vitesse de Mach 7.5
– un coût d’interception d’environ 700 000 dollars
il s’agit de l’un des systèmes intermédiaires les plus efficaces au monde. Son premier tir opérationnel a eu lieu en mai 2023 lors de l’opération israélienne Bouclier et Flèche.
Le système reflète une synergie technologique israélienne : radar MMR d’Elta (IAI), système de commandement d’Elisra (Elbit), et intercepteur conçu par Rafael.
Sa réussite a été telle qu’Israël a décidé en mai 2024 de retirer ses batteries Patriot, jugées moins performantes et surtout beaucoup plus coûteuses :
– un tir de PAC-3 américain coûte environ 6 millions de dollars
– contre 700 000 dollars seulement pour un tir de David’s Sling.
Athènes cherche à combler son retard ; Israël confirme sa domination technologique
L’achat massif envisagé par la Grèce illustre deux réalités :
d’un côté, une Turquie de plus en plus agressive ; de l’autre, un Israël qui apparaît désormais comme la référence mondiale en matière de défense aérienne.
Pour Athènes, ce partenariat n’est pas seulement militaire : c’est un message politique clair adressé à Ankara et à toute la région méditerranéenne. Pour Israël, il confirme un leadership technologique et stratégique que même l’Europe, pourtant dotée d’une industrie de défense puissante, ne parvient pas à égaler.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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