Syrie : inquiétudes en Israël face au rapprochement turco-syrien et à l’immobilisme politique

Une image diffusée cette semaine à Damas a fait frémir le système sécuritaire israélien : le chef d’état-major turc, Selçuk Bayraktaroğlu, conduit une délégation militaire de haut rang pour une visite officielle en Syrie. Un geste qui souligne la volonté d’Ankara de s’ancrer toujours plus dans le dossier syrien, tandis qu’Israël, lui, semble hésiter.

Selon plusieurs sources sécuritaires, Israël risque de laisser passer une opportunité stratégique majeure. Le président syrien Ahmed al-Shar’a multiplie les contacts internationaux – du Qatar à l’Égypte, en passant par la Turquie et le Liban – tandis que de nombreux pays retirent progressivement la Syrie de la liste des États soutenant le terrorisme. À Washington, le président Donald Trump l’a même reçu avec chaleur, un signal diplomatique que Jérusalem observe avec méfiance.

Un dirigeant syrien en quête de légitimité internationale

En Israël, les services de sécurité restent profondément suspicieux à l’égard du nouveau président syrien, considéré comme déterminé à renforcer sa légitimité sur la scène mondiale. Pourtant, malgré la pression américaine, le gouvernement israélien peine à tendre la main vers Damas pour ouvrir un véritable canal de négociation.

Cette semaine encore, le Premier ministre a été poussé par Washington à déclarer publiquement qu’un accord avec la Syrie pourrait être envisageable, à condition de garantir une zone démilitarisée de Damas jusqu’au dispositif sécuritaire israélien. Mais derrière l’annonce, aucun progrès réel n’a encore été enregistré.

La réalité sécuritaire sur le terrain

Depuis la guerre du 7 octobre, Israël a renforcé massivement sa présence le long du Golan. Tsahal maintient un dispositif défensif étendu, interceptant menaces terroristes, armes, infrastructures clandestines, et menant même des opérations jusqu’à 15 km à l’intérieur du territoire syrien.

Malgré cela, aucun cadre sécuritaire n’a encore été négocié avec Damas pour stabiliser la région nord-est. Israël exige du régime syrien l’interdiction absolue de toute présence de missiles, systèmes antiaériens, blindés ou artillerie à proximité de sa frontière.

Des signes de changement côté syrien

Selon le commandant du CENTCOM américain, l’amiral Bradley, le gouvernement syrien a récemment bloqué plusieurs transferts d’armes destinés au Hezbollah. Si ces actions sont confirmées, elles marqueraient un tournant qui pourrait faciliter un accord sécuritaire et libérer Israël pour se concentrer sur la menace grandissante du Hezbollah au Liban.

Une normalisation partielle avec Damas pourrait également réduire l’influence iranienne en Syrie et contenir l’expansion militaire de la Turquie, qui cherche à renforcer le bloc sunnite (Qatar, Syrie, Hamas) et à s’imposer dans les discussions autour de Gaza. Une perspective jugée dangereuse par Israël.

Une fenêtre stratégique qui pourrait se refermer

Le rapprochement turco-syrien représente une alerte stratégique. Ankara ne se limite pas à fournir drones et systèmes de défense aérienne : elle partage aussi son expertise dans la construction d’une armée moderne. Pour Israël, voir la Turquie devenir l’un des principaux architectes de l’armée syrienne serait un revers majeur.

Dans les coulisses du système sécuritaire, une question revient : pourquoi le gouvernement israélien ne saisit-il pas cette opportunité historique ? Les capacités opérationnelles de Tsahal en Syrie restent intactes ; rien n’empêche Israël d’ouvrir en parallèle un canal diplomatique solide.

Certains au sein de l’appareil sécuritaire craignent même que l’absence d’initiative politique ne traduise une volonté implicite de maintenir les multiples fronts ouverts – et de prolonger indéfiniment un état de confrontation permanente.

🔗 Liens externes (sources réelles et fiables)

🔗 Liens internes Infos-Israel.News


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
© 2025 – Tous droits réservés