Face aux menaces répétées d’invasion militaire par la Chine, Taïwan passe à la contre-offensive technologique. Taipei a dévoilé le développement d’un missile de croisière antinavire de nouvelle génération, conçu pour frapper à longue portée et détruire des cibles maritimes lourdes, y compris les mastodontes de la flotte chinoise : les porte-avions. Déjà surnommé le “tueur de porte-avions” (Carrier Killer), ce programme d’armement illustre la détermination de l’île à ne pas se laisser intimider.
Selon le ministère taïwanais de la Défense, le projet, estimé à 1,5 milliard de dollars issus d’un “budget spécial”, vise à renforcer considérablement les capacités navales et aériennes de la nation. Les ingénieurs travaillent sur des composants électroniques avancés capables de déjouer les systèmes de brouillage les plus sophistiqués. Les détails exacts restent classifiés, mais les analystes estiment qu’il s’agit d’un missile à longue portée équipé d’une ogive lourde et doté de capacités furtives renforcées pour éviter la détection.
Un contexte stratégique sous haute tension
Entre 2021 et 2022, plus de 800 millions de dollars avaient déjà été investis dans ce programme, avec un accent particulier sur la furtivité et la capacité à pénétrer les défenses navales ennemies. Objectif : combler le retard constaté face à l’impressionnant programme de modernisation de la marine chinoise, qui aligne désormais des destroyers dernier cri, des frégates furtives et plusieurs porte-avions.
Les actuels missiles Hsiung Feng de Taïwan, bien que redoutables dans leur catégorie, ne suffisent plus à contrer la puissance de feu et la masse navale de Pékin. Le nouveau missile doit donc devenir la pièce maîtresse d’une stratégie dissuasive globale.
Une leçon pour Israël
Si cette course aux armements se joue à des milliers de kilomètres de Jérusalem, elle rappelle crûment que la dissuasion repose sur l’innovation et l’anticipation. Israël, confronté à des menaces maritimes en Méditerranée et dans la mer Rouge — qu’il s’agisse des drones navals houthis ou des missiles antinavires iraniens — connaît bien cette logique. La protection des voies maritimes et des infrastructures stratégiques, comme les plateformes gazières israéliennes, passe par la même équation : frapper fort, vite et loin avant que l’ennemi ne puisse réagir.
Dans un monde où l’Iran tente de vendre ses armes aux alliés de la Chine et où les tensions navales peuvent s’exporter vers le Moyen-Orient, la montée en puissance de Taïwan intéresse directement Jérusalem et Tsahal.
Une rivalité qui dépasse l’Asie
La Chine considère toujours Taïwan comme une province rebelle et ne renonce pas à un “rattachement” forcé. La multiplication des incursions aériennes et navales chinoises autour de l’île a provoqué un climat de tension quasi permanent. Ce bras de fer ne concerne pas uniquement Pékin et Taipei : les États-Unis, le Japon, l’Australie et plusieurs pays européens observent la situation avec inquiétude.
En toile de fond, un risque : que les armes développées pour cette confrontation, comme le “tueur de porte-avions”, finissent par être exportées vers des zones de conflits où elles pourraient menacer la liberté de navigation mondiale.
Pour Israël, qui a déjà vu des technologies militaires circuler rapidement entre adversaires régionaux — du Hezbollah au Hamas —, cette dynamique impose une vigilance renforcée. Leçons de Taïwan : investir massivement dans les capacités stratégiques, garder une longueur d’avance et ne jamais sous-estimer l’ambition militaire d’une puissance hostile.
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