Tel-Aviv secouée : la visite de Tommy Robinson, symbole d’une dérive morale inquiétante

Le militant d’extrême droite britannique Tommy Robinson, connu pour ses positions islamophobes et ses dérapages antisémites, a été reçu à Tel-Aviv par le ministre israélien de la Diaspora, Amichai Chikli.
L’événement, présenté comme une rencontre « contre l’antisémitisme », a tourné au scandale.

Un visiteur indésirable

Robinson, de son vrai nom Stephen Yaxley-Lennon, fut le fondateur de l’English Defence League, un mouvement ultranationaliste souvent lié à des violences de rue contre des musulmans… et des Juifs.
Dans plusieurs de ses vidéos, il a diffusé les pires clichés antisémites modernes : accusations de domination juive des médias, du système financier, et même l’idée absurde que les « élites juives » seraient responsables de l’immigration musulmane.

« Tommy Robinson n’est pas un patriote, c’est un propagandiste de la haine », a dénoncé Raoul Wootliff, journaliste israélo-britannique, violemment frappé alors qu’il manifestait pacifiquement contre la venue de Robinson.

L’extrême droite, nouvel “allié” ?

Ce qui choque, ce n’est pas seulement la présence de Robinson, mais le silence complice d’une partie du gouvernement israélien.
En accueillant ce type de figures populistes, Israël prend le risque de se tromper d’amis.
Ces mouvements, qui hier encore glorifiaient les pogroms, se parent aujourd’hui d’un “pro-israélisme de façade” pour masquer leur racisme structurel.

« Ils utilisent Israël comme un alibi moral », explique Wootliff. « Ils prétendent aimer le peuple juif tout en détestant tout ce qui le définit : la tolérance, la justice, la diversité. »

Un avertissement pour Jérusalem

Sous prétexte d’alliance stratégique contre l’islamisme, certains responsables israéliens ont ouvert la porte à des populistes européens qui ont fait du “soutien à Israël” une arme politique.
Mais Ă  quel prix ?
Les démocraties européennes avaient construit, après 1945, un cordon sanitaire contre les extrémistes. Israël lui-même, autrefois, boycottait Jean-Marie Le Pen ou Jörg Haider.

Aujourd’hui, cette barrière s’effrite.

« Quand Israël légitime ceux qui ont persécuté les Juifs hier, il affaiblit la cause juive aujourd’hui », résume le politologue Amos Guiora.

L’honneur retrouvé dans la protestation

L’agression de Raoul Wootliff a réveillé un sursaut moral.
Des dizaines de journalistes israéliens, intellectuels et rabbins ont signé une lettre ouverte :

« Nous refusons que le drapeau d’Israël serve de décor aux ennemis de la démocratie. »

Ce débat traverse la société israélienne : comment rester fidèle à l’esprit fondateur du pays – refuge pour les persécutés, et non vitrine pour les extrémistes.

Israël a bâti sa légitimité sur la mémoire de la Shoah et la promesse du “plus jamais ça”.
Ouvrir la porte à ceux qui ont nourri la haine en Europe, c’est trahir cette mémoire.

Sources : Haaretz, Reuters, Jewish Breaking News, BBC, Times of Israel.



Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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