Les déclarations du ministre des Finances Bezalel Smotrich, affirmant qu’à midi le 7 octobre « toutes les forces n’avaient pas encore été envoyées vers le sud parce qu’on craignait une feinte du Hezbollah », ont provoqué une vague d’indignation en Israël. Les familles des victimes et des soldats tombés exigent désormais la création d’une commission d’enquête d’État, estimant que ces hésitations ont coûté des vies humaines.
Des paroles qui choquent un pays meurtri
Dans une interview au supplément 7 Yamim du journal Yedioth Ahronoth, Smotrich a reconnu que le gouvernement et l’état-major avaient hésité, entre 11h et 12h, à mobiliser immédiatement toutes les forces vers le sud. Selon lui, il existait alors un risque que l’attaque du Hamas soit « un exercice de diversion » avant une offensive du Hezbollah depuis le nord.
Ces propos, perçus comme une justification du retard dans la réponse militaire, ont suscité la colère des familles endeuillées. Pour elles, chaque minute d’hésitation a coûté la vie à des civils et à des soldats pris au piège dans les kibboutzim et les bases du sud.
Le cri des familles : « La guerre est finie, les excuses aussi »
Le Conseil d’Octobre, qui regroupe des familles des victimes et des otages, a publié un communiqué sans détour :
« Smotrich raconte, de sa propre voix, comment le gouvernement a retardé l’envoi des forces pendant les heures les plus critiques. Combien de vies auraient pu être sauvées ? Combien d’enlèvements auraient pu être évités ? La guerre est terminée, les excuses doivent cesser. Il faut une commission d’enquête d’État, maintenant. »
Pour ces familles, deux ans après la tragédie, le temps des explications est révolu. Ce qu’elles demandent, c’est la vérité — et la reconnaissance des erreurs commises au sommet de l’État.
Le témoignage poignant d’un père
Parmi les voix les plus bouleversantes, celle d’Ilan Eshel, père de la jeune observatrice militaire Roni Eshel, tuée sur la base de Nahal Oz. Dans un message publié sur le réseau X, il écrit :
« Entre 6h30 et 12h, ma fille et ses camarades ont supplié qu’on vienne les sauver. Entre midi et 13h, sa voix s’est tue. Aujourd’hui, je comprends pourquoi il n’y avait pas de renforts. Commission d’enquête d’État, maintenant. »
Ces mots ont bouleversé l’opinion publique et relancé le débat sur la responsabilité des dirigeants lors des premières heures du massacre.
Une responsabilité politique au cœur du débat
Les propos de Smotrich relancent la question du chaînon manquant entre le renseignement, les décisions militaires et la réaction du gouvernement. Le ministre a reconnu une « erreur d’appréciation tragique », mais a insisté sur le contexte d’incertitude totale.
Cependant, pour beaucoup d’Israéliens, ces explications traduisent avant tout un aveu de dysfonctionnement : comment, face à une attaque d’une telle ampleur, l’État d’Israël a-t-il pu rester paralysé pendant plusieurs heures ?
La pression pour une enquĂŞte officielle
Les appels à une commission d’enquête d’État se multiplient au sein de la société israélienne. Les familles des victimes, les rescapés du massacre du 7 octobre et plusieurs anciens officiers réclament une procédure indépendante, similaire à celle mise en place après la guerre du Kippour en 1973.
Cette enquête devrait examiner les défaillances du renseignement, la chaîne de commandement et les décisions prises entre le 6 et le 8 octobre 2023.
Pour les familles, il ne s’agit pas de vengeance, mais d’un devoir national : comprendre pour ne plus jamais revivre une telle catastrophe.
Conclusion — dire la vérité pour reconstruire la confiance
L’affaire Smotrich dépasse la polémique politique : elle révèle la blessure encore ouverte d’un pays qui cherche à comprendre comment un tel désastre a pu se produire.
La société israélienne, marquée par la douleur et la colère, exige désormais des comptes et de la transparence.
Car, comme le répètent les familles endeuillées : la guerre est finie, mais la vérité, elle, ne peut plus attendre.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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