Un climat de mystère et d’inquiétude plane sur la République islamique d’Iran, après l’appel inhabituel d’un haut responsable à prier pour la santé du guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei. Les spéculations sur son état de santé, voire sur une tentative d’assassinat, se multiplient alors que le silence officiel et son absence de la scène publique alimentent les doutes.
Un appel qui sème le trouble
C’est sur la chaîne officielle Ofogh TV, mardi soir, que Mehdi Fazaeli, membre influent du Bureau de publication des écrits du Guide suprême, a lancé cet appel sobre mais révélateur : « Il faut prier pour la santé du guide. » Cette déclaration, bien que brève, a immédiatement embrasé les réseaux sociaux iraniens et les médias étrangers.
En l’absence d’un communiqué officiel du régime, les rumeurs se sont répandues comme une traînée de poudre : Khamenei serait malade, dans un état critique ou aurait même été visé par une tentative d’assassinat. Le fait qu’aucun détail ne soit fourni sur son état n’a fait que renforcer la méfiance du public et des observateurs.
Un dirigeant invisible depuis des semaines
Depuis plusieurs mois, Khamenei, 85 ans, n’a pas été vu en public. Les seuls signes de vie ont été deux vidéos enregistrées à l’avance, diffusées par les médias officiels, sans qu’il n’apparaisse physiquement à aucun événement marquant, y compris lors des célébrations de la « victoire » iranienne face à Israël – un silence qui tranche avec les usages habituels du pouvoir à Téhéran.
Des sources étrangères, notamment Maariv et Iran International, rapportent que plusieurs hauts responsables n’ont pas pu obtenir d’audience privée avec lui, et qu’il serait actuellement reclus dans un bunker souterrain. Le New York Times avait déjà évoqué il y a deux ans une maladie grave dont souffrirait Khamenei, et les dernières informations semblent confirmer une détérioration de sa santé.
Dissensions internes et gestion opaque
Selon des informations relayées par Iran International, Khamenei aurait été progressivement écarté des prises de décisions clés ces dernières semaines. Certains généraux et responsables sécuritaires auraient même cessé de l’informer de l’ampleur réelle des pertes iraniennes dans la confrontation avec Israël, par crainte que la réalité n’aggrave son état émotionnel ou mental.
Cette gestion opaque et paternaliste, révélatrice de la verticalité du pouvoir à Téhéran, soulève des inquiétudes sur une possible lutte de succession. Le silence officiel pourrait cacher des tractations internes au sommet de l’État, notamment entre les Gardiens de la Révolution, les proches de Khamenei et le cercle de conseillers autour de son fils Mojtaba Khamenei, souvent présenté comme son successeur désigné.
Un régime fragilisé en coulisses ?
La possible disparition du guide suprême – qu’elle soit imminente ou progressive – poserait un défi existentiel à la République islamique, dont toute la structure politique repose sur sa figure. Dans un contexte de pression internationale extrême, après les frappes israéliennes et américaines sur les sites nucléaires iraniens, la perte d’autorité du guide pourrait précipiter des fractures au sein du pouvoir.
Alors que l’ayatollah a toujours incarné la continuité de la Révolution islamique de 1979, sa disparition ouvrirait une période de grande incertitude, et potentiellement de chaos. D’autant que la population iranienne, elle, souffre d’une inflation galopante, de sanctions étouffantes, et de frustrations sociales croissantes.
Entre secret d’État et vérité imminente
Pour l’heure, le régime tente de préserver une image de contrôle. Mais les signes sont là : entre la disparition publique de Khamenei, les appels à prier, et les informations sur sa mise à l’écart, le mystère est de moins en moins tenable. Les prochains jours – voire heures – seront déterminants pour comprendre si l’Iran est à l’aube d’une transition historique ou s’il s’agit d’un nouvel épisode d’opacité calculée.
Quoi qu’il en soit, une chose est claire : le silence des autorités en dit plus long que leurs déclarations, et dans cette République des mollahs, le vide au sommet est une menace plus grave que n’importe quelle frappe extérieure.
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