« TON NOM BRULE SUR NOS LÈVRES TELLE L’ARDEUR D’UN BAISER  » – Par RONY AKRICH

Les masses juives rĂ©pondent Ă  l’appel du retour, exigent la terre d’IsraĂ«l et rĂȘvent de JĂ©rusalem et de nulle autre. C’est Ă  cette terre qu’ils sont attachĂ©s par le cƓur malgrĂ© son infertilitĂ©, malgrĂ© son insalubritĂ©, malgrĂ© toutes les difficultĂ©s politiques qui y rĂšgnent alors. Cette terre est sainte par nature, il suffit de la fouler pour possĂ©der le monde futur disent certains.

Nous avons ici la joie d’avoir des juifs rĂ©unis en tant que juifs mais tous ne savent pas trĂšs bien pourquoi ils sont juifs, il en existe un nombre considĂ©rable. Ce sont pourtant de « bons juifs » avec une appartenance Ă  un passĂ©, qui, mĂȘme oubliĂ©, survit dans une certaine subconscience. Avec une hĂ©rĂ©ditĂ© Ă©motionnelle et mĂȘme peut ĂȘtre une hĂ©rĂ©ditĂ© de pensĂ©e.

Lorsque nous sommes revenus Ă  JĂ©rusalem, nous y avons dĂ©couvert une pierre sur laquelle Ă©tait gravĂ© le verset d’IsaĂŻe: « Vous le verrez, et votre cƓur sera joyeux, et vos membres, comme l’herbe nouvelle, en seront rajeunis ». À travers les gĂ©nĂ©rations, Ă  deux mille ans de distance, le prophĂšte nous lançait un appel Ă  la foi et Ă  la confiance.

La foi et ses traditions peuvent reprendre de l’importance, mĂȘme si le mouvement national revĂȘt un aspect anticlĂ©rical ou mĂȘme antireligieux. Que cela plaise ou non Ă  certains intellectuels, le peuple est profondĂ©ment croyant et la foi profondĂ©ment ancrĂ©e en lui. Il ne peut y avoir de mouvement national sans la ‘Torah’.Il faut passer par le dĂ©veloppement d’un passĂ© mythique pour unir ce passĂ© au prĂ©sent et Ă  la rĂ©alitĂ©. Le paradis perdu doit ĂȘtre retrouvĂ© comme une « JĂ©rusalem cĂ©leste ».

La responsabilitĂ©, c’est bien le souvenir aujourd’hui de ce que j’étais hier, la continuitĂ©, le mouvement assumĂ© et qui, parce qu’il est assumĂ©, est peut-ĂȘtre crĂ©ateur. Et ce mouvement, c’est l’ascension virile de soi, d’un destin, l’ascension de l’histoire. Alors, j’ai l’impression qu’on ne peut pas dĂ©finir le juif en dehors de ce mouvement essentiel que sont la continuitĂ© non seulement de l’individu mais de l’histoire, la dĂ©couverte, en derniĂšre analyse, de l’histoire comme crĂ©atrice « d’imprĂ©visible nouveautĂ© ».

De nos jours, le retour a commencĂ© par l’installation en Erets IsraĂ«l, puis Ă  JĂ©rusalem, dans ses alentours, puis dans son centre prĂšs de l’emplacement du Temple. Il faut ĂȘtre capable de discerner ce processus gĂ©ant qui a Ă©tĂ© enclenchĂ©. Si l’Éternel rĂ©sout les problĂšmes par des miracles, est-ce un signe qu’il ne peut les rĂ©soudre sans miracles, par des voies naturelles? Les miracles sont destinĂ©s aux individus de peu de foi, ceux qui ne croient pas sans miracles, ceux qui ont besoin d’ĂȘtre impressionnĂ©s par un phĂ©nomĂšne surnaturel ».

La thora reste, indubitablement, le guide et la lumiĂšre des enfants d’IsraĂ«l, pour devenir le guide et la lumiĂšre de tous les peuples. Elle s’affirme dans l’édification du Temple, dans le rĂšgne des Rois, elle se manifeste dans l’enseignement des prophĂštes. Ceux-ci rĂ©vĂšlent le sens de la bĂ©nĂ©diction de Dieu: elle est l’annonce du Temps oĂč la paix et la connaissance de Dieu seront rĂ©pandues sur la terre. Et c’est ce rĂȘve universel joint Ă  l’espoir de possession d’une terre particuliĂšre qui constitue la contradiction dialectique, l’armature de l’histoire d’IsraĂ«l. C’est lĂ  le fait principal de l’Histoire Juive qui lie, Ă  l’avĂšnement final de Dieu, la possession de la terre par son Peuple.

Aujourd’hui certains s’engagent, d’autres non, d’autres encore ne voient pas, hĂ©sitent, attendent, pĂšsent, considĂšrent, envisagent. Mais nos yeux doivent se dessiller et voir tous les miracles du Retour Ă  Sion, de l’État, de l’ArmĂ©e, de la libĂ©ration de JĂ©rusalem. À prĂ©sent aussi, devant la tentation de nous abandonner au dĂ©couragement, voire mĂȘme au dĂ©sespoir, nous devons nous armer de la patience de l’histoire. On ne peut construire un État renaissant en un instant.

« Si je t’oublie JĂ©rusalem 
 « . C’est trĂšs exactement maintenant le moment de se rappeler de ce puissant serment. Mais nous savions depuis toujours que l’on ne reçoit pas un État sur un plateau d’argent. Nous savions que la rĂ©surrection du Peuple juif est comparĂ©e Ă  l’aube, lorsque la lumiĂšre et les tĂ©nĂšbres se combattent dans la confusion. L’amour et la conjugaison de la terre d’IsraĂ«l et de JĂ©rusalem seront mis Ă  l’épreuve de l’espĂ©rance.

L’espoir d’un monde futur pacifiĂ© se trouve chez d’autres que chez les juifs. Pourquoi IsraĂ«l semble-t-il fait de la substance mĂȘme de ce rĂȘve? L’espĂ©rance est nĂ©cessaire Ă  tous les hommes, mais IsraĂ«l qui ne se conservait pas pour des raisons matĂ©rielles ne se conservait que par la fidĂ©litĂ© Ă  cette espĂ©rance. La survie d’IsraĂ«l ne peut s’expliquer par des raisons Ă©conomiques, une conversion suffisait Ă  certaines Ă©poques Ă  terminer un destin juif. Mais la fidĂ©litĂ© les porte Ă  travers l’histoire, en mĂȘme temps qu’elle semble soutenue par l’histoire. Partout oĂč il y avait un exil il y avait un refuge. C’est lĂ  un fait qui Ă©chappe aux explications ordinaires, c’est lĂ  la dimension providentielle de l’histoire juive, qui laisse toujours Ă  IsraĂ«l, et jusqu’à la pĂ©riode contemporaine, une petite place d’oĂč il puisse continuer Ă  vivre pour mieux prĂ©parer la rĂ©alisation de son rĂȘve messianique.

Par RONY AKRICH pour Alyaexpress-News


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