Tourisme | Les syndicats grecs lancent une protestation : « Nous ne réparerons pas le navire de croisière israélien »

Une nouvelle controverse secoue le secteur maritime en Méditerranée orientale. Des syndicats grecs ont annoncé l’ouverture d’un mouvement de protestation contre la décision des autorités portuaires d’autoriser des travaux de réparation et de maintenance sur le navire de croisière israélien Crown Iris, exploité par la compagnie Mano Shipping. Les organisations syndicales menacent d’entraver, voire de bloquer totalement, les opérations prévues dans un chantier naval grec, invoquant des motifs politiques et idéologiques liés au conflit en cours au Moyen-Orient.

La protestation est menée par la Fédération syndicale mondiale (World Federation of Trade Unions – WFTU), dont le siège se trouve à Athènes. Dans un communiqué officiel, l’organisation exige l’annulation immédiate de l’autorisation accordée au Crown Iris d’accoster dans une zone industrielle du port du Pirée, plus précisément dans le secteur de Keratsini, géré par la compagnie publique grecque d’électricité PPC. Selon la WFTU, ce choix constituerait une « provocation » dans le contexte régional actuel.

Les syndicats affirment que le navire israélien entretient des liens directs avec l’armée israélienne depuis le début de la guerre à Gaza. Ils accusent la compagnie exploitante d’avoir participé à des opérations de transport et de rapatriement d’Israéliens et d’étrangers durant les phases les plus intenses des combats, une activité que Mano Shipping assume ouvertement comme relevant d’un devoir humanitaire et logistique en période de crise.

Selon les informations relayées par les syndicats grecs, le Crown Iris aurait notamment été mobilisé pour assurer des liaisons maritimes exceptionnelles entre Chypre et Israël, permettant le retour de milliers de civils bloqués à l’étranger. En juin dernier, le navire aurait transporté plus d’un millier de touristes étrangers hors d’Israël, avant de ramener plus de deux mille citoyens israéliens vers les ports de Haïfa et d’Ashdod. Des opérations que la compagnie présente comme vitales dans un contexte d’insécurité aérienne.

Le navire, mis en service en 1992, affiche un tonnage brut d’environ 32 000 tonnes et peut accueillir jusqu’à 2 000 passagers. Racheté par Mano Shipping en 2018, le Crown Iris est devenu l’un des symboles du tourisme de croisière israélien en Méditerranée. Il opère régulièrement des itinéraires reliant Israël à Chypre, aux îles grecques, à l’Italie, à la France et à la Croatie, contribuant de manière significative au secteur touristique israélien.

Ce n’est pas la première fois que le navire effectue des travaux en Grèce. En 2019 déjà, il avait subi une rénovation complète dans des chantiers navals grecs, comprenant la modernisation des cabines, l’ajout de restaurants et l’installation d’équipements de loisirs tels qu’un terrain de sport et un toboggan aquatique. À l’époque, ces travaux n’avaient suscité aucune polémique particulière.

Aujourd’hui, le climat est radicalement différent. La montée des critiques contre Israël dans une partie de l’opinion publique grecque, alimentée par des mouvements politiques de gauche radicale et des syndicats proches du Parti communiste, a transformé une opération industrielle classique en affaire politique. L’organisation syndicale PAME, affiliée au Parti communiste grec, a rejoint la WFTU dans sa dénonciation de la décision de l’Autorité portuaire du Pirée.

Dans leur déclaration commune, les syndicats affirment : « Nous exigeons l’annulation immédiate de l’allocation de l’espace portuaire au Crown Iris et demandons qu’il soit réservé à des navires commerciaux nécessitant des réparations urgentes. » Ils appellent également les travailleurs portuaires à refuser toute participation aux opérations de maintenance du navire israélien.

De son côté, Mano Shipping n’a pas encore publié de réponse officielle détaillée, mais des sources proches de la compagnie rappellent que le Crown Iris est un navire civil, dédié au tourisme, et qu’il a joué un rôle essentiel dans l’évacuation de civils en situation de danger. Elles dénoncent une instrumentalisation politique du secteur maritime et mettent en garde contre un précédent dangereux pour la liberté de navigation et le commerce international.

Les autorités grecques se retrouvent ainsi prises entre deux feux : d’un côté, le respect des engagements contractuels et des règles portuaires internationales ; de l’autre, la pression de syndicats influents capables de perturber gravement l’activité du port du Pirée, l’un des plus importants hubs maritimes d’Europe.

Pour les observateurs, cette affaire illustre l’extension du conflit israélo-palestinien au-delà du champ strictement diplomatique ou militaire, touchant désormais des secteurs économiques clés comme le tourisme et le transport maritime. Si le blocage annoncé se concrétise, il pourrait entraîner des retards importants, des pertes financières significatives et une détérioration supplémentaire des relations entre Israël et certains milieux politiques européens.

À ce stade, aucune décision définitive n’a été annoncée quant au maintien ou à l’annulation des travaux. Mais une chose est certaine : le Crown Iris est devenu, bien malgré lui, un symbole flottant des tensions géopolitiques qui traversent aujourd’hui la Méditerranée.


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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