Alors que les échos de la guerre avec l’Iran résonnent encore, l’administration Trump ne perd pas une seconde : les efforts diplomatiques pour conclure un accord sur les otages détenus par le Hamas s’intensifient. Ce que beaucoup percevaient comme un simple levier humanitaire est en réalité le socle d’un plan géopolitique plus large – celui d’un nouvel ordre au Moyen-Orient, sans État palestinien armé, ni autonomie du Hamas.

Une trêve de 60 jours : Israël joue la prudence

Les grandes lignes de la proposition sur la table, connue de plusieurs sources proches du dossier, prévoient une trêve initiale de 60 jours. Durant cette période, dix otages vivants et environ quinze corps seraient libérés, la majorité dans les premiers jours. En échange, Israël libérerait des prisonniers palestiniens, selon des critères définis dans les précédents accords.

Mais ce n’est pas tout : le Hamas devra fournir des informations détaillées sur les autres otages, assurer leur santé et leur ravitaillement, et permettre l’accès du Croissant-Rouge pour des soins médicaux. Une exigence à laquelle le Hamas n’a pas encore répondu favorablement.

L’implication directe de Trump et la pression maximale

Le président Trump, en personne, a récemment affirmé que « tous les efforts sont désormais concentrés sur la fin de la guerre et le retour des otages », tout en évoquant son objectif à long terme : relancer les accords d’Abraham, dans une version élargie à de nouveaux États arabes.

Son émissaire spécial, Steve Witkoff, multiplie les contacts régionaux, tandis que Ron Dermer, ministre israélien chargé des relations avec Washington, s’envole dimanche pour les États-Unis pour finaliser les modalités. Un potentiel voyage de Benyamin Netanyahou à Washington est également à l’étude, signe que les enjeux dépassent largement le sort des otages.

Le Hamas face à un ultimatum existentiel

La pierre d’achoppement reste le refus du Hamas d’accepter une démilitarisation totale et l’exil de ses chefs. La proposition actuelle contourne cette difficulté en reportant la discussion à une étape ultérieure, tout en exigeant des garanties concrètes pour la fin des hostilités, même si les pourparlers échouent après 60 jours.

Un médiateur arabe confie : « Les chefs du Hamas ont reçu un message très clair : sans accord, Israël utilisera toute sa puissance contre eux, sans retenue américaine ni autre. » En d’autres termes, l’organisation terroriste est face à un choix existentiel : se soumettre et survivre sous une autre forme, ou disparaître.

Un futur sous supervision arabe et internationale

L’aspect le plus novateur – et controversé – de la proposition est le plan de stabilisation post-conflit. Il prévoit l’entrée progressive de forces internationales et arabes dans la bande de Gaza. Ces troupes prendraient le contrôle sécuritaire et policier, quartier par quartier. Le désarmement se ferait localement, les armes étant remises aux forces étrangères sous couvert de « garde provisoire ».

Un responsable saoudien aurait prévenu : « Si les hommes du Hamas gardent ne serait-ce qu’un fusil, ils s’en serviront contre quiconque tentera de restaurer l’ordre. » Ce point est crucial : aucun contingent étranger n’entrera tant que le Hamas conserve ses arsenaux.

Les tunnels : la ligne rouge du Hamas

Un point de blocage majeur reste le système de tunnels du Hamas. L’organisation refuse toujours de fournir les cartes précises de son réseau souterrain ni de livrer ses armes lourdes : roquettes, obus, explosifs. L’Égypte a proposé de stocker ces armes sur son territoire, mais le Hamas s’y oppose farouchement.

Un espoir fragile, suspendu à Doha ou au Caire

Toutes les propositions, dans leurs différentes versions, attendent désormais un feu vert pour des négociations directes entre délégations israéliennes et du Hamas, à Doha ou au Caire. La présence de Steve Witkoff à ces discussions pourrait être le catalyseur d’un accord historique – ou le révélateur de blocages irréversibles.

Un prix douloureux mais nécessaire ?

L’opinion publique israélienne est profondément divisée : faut-il payer le prix – humain, stratégique et diplomatique – pour récupérer des otages ? Le gouvernement semble répondre par l’affirmative, mais dans une perspective bien plus large : celle de l’après-guerre.

En permettant une désescalade progressive, l’administration Trump mise sur un reset régional. Son but : pacifier Gaza sans y créer un « mini-Hezbollah », assainir le territoire, l’arrimer aux accords d’Abraham, et – sans jamais le dire – enterrer l’idée d’un État palestinien souverain dans ses formes actuelles.

La leçon du 7 octobre

Depuis le massacre du 7 octobre, plus personne en Israël ne veut entendre parler de concessions unilatérales. L’équation est claire : sécurité avant tout. Et si un accord sur les otages permet d’éliminer les armes, les tunnels, et les hommes du Hamas, même au prix de compromis tactiques temporaires, alors pour beaucoup, c’est un prix qu’il faut accepter.

Mais le temps joue contre tous. L’absence d’accord pourrait bien précipiter une offensive israélienne finale, sans contrainte américaine cette fois.

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