Les murmures devenus rumeurs circulaient déjà depuis des semaines dans les couloirs de la Knesset et les bases militaires. Désormais, même au sein de Tsahal, on admet à demi-mot ce que tout le monde devinait : la survie politique du gouvernement Netanyahou dépend directement de la poursuite du vaste opération à Gaza, “Merkavot Guidon B’”.
Un haut responsable sécuritaire, cité dans la presse israélienne, n’y est pas allé par quatre chemins : « Le Premier ministre ne peut pas reculer. Sans ce projet militaire, son gouvernement s’effondrerait. » Cette confession en dit long sur la fragilité de la coalition et sur l’importance de l’agenda sécuritaire pour maintenir une cohésion politique interne.
À l’heure où le fameux “plan Witkoff” semblait dessiner une sortie partielle de crise — retour d’une dizaine d’otages vivants, sans engagement immédiat de cessez-le-feu —, le terrain a changé brutalement. Le Hamas, dos au mur, aurait accepté nombre de conditions israéliennes. Mais à Jérusalem, la stratégie reste claire : viser une victoire complète, prolonger l’offensive et, surtout, montrer à l’opinion publique qu’Israël n’a pas perdu l’initiative.
Tsahal, de son côté, s’organise méthodiquement. Le calendrier des réservistes est déjà fixé : première vague de convocations le 2 septembre, juste après les vacances d’été ; puis novembre, décembre et janvier. Comme une mécanique militaire et politique imbriquée, destinée à durer des mois. Gaza est appelée à redevenir un champ de bataille récurrent : la place Palestine, l’hôpital Shifa, les ruines du parlement, la rue Salah ad-Din, Omar al-Mukhtar… autant de points névralgiques où l’armée prévoit de revenir, encore et encore.
L’évaluation des forces ennemies, communiquée par un officier, semble presque triomphaliste : « Le Hamas n’existe plus en tant que puissance militaire structurée. Ses brigades sont réduites à quelques unités affaiblies. Ses cadres supérieurs ont été éliminés. La reconstruction de Gaza au lendemain du conflit sera impossible pour eux. » Mais, tempère-t-il aussitôt, « nous avons affaire à une organisation terroriste, irrationnelle par nature. Elle peut choisir de se sacrifier jusqu’au dernier homme. »
Sur le plan diplomatique, Donald Trump, qui suit de près le dossier depuis Washington, a rappelé que les otages survivants tiennent depuis 687 jours. Ses déclarations ont bouleversé les familles et le public israélien, ajoutant une tension supplémentaire dans le débat : faut-il continuer l’opération jusqu’à son terme ou saisir la fenêtre de négociation ?
L’opposition, évidemment, ne se prive pas d’exploiter ce dilemme. Certains médias parlent déjà de “l’obsession Gaza” de Netanyahou, comme si l’avenir du pays tout entier ne reposait plus que sur la poussière et les gravats de l’enclave. Mais le Premier ministre, fidèle à sa réputation de stratège, semble convaincu qu’une victoire claire à Gaza cimentera son héritage politique et repoussera toute velléité de révolte interne.
Sur le terrain, la réalité est brutale. Les habitants de Gaza, sommés de descendre vers le sud, assistent à des évacuations d’hôpitaux sous ordre direct de l’armée israélienne, comme celui du centre-ville de Gaza transféré vers l’hôpital européen de Khan Younès. Derrière la froideur des chiffres et des communiqués militaires, c’est le drame humain qui persiste, mais aussi l’affirmation d’une stratégie israélienne assumée : tenir jusqu’au bout, même au prix de mois de combats.
Il faut dire que le Hamas, qui se vantait autrefois d’être la “résistance invincible”, n’est désormais plus que l’ombre de lui-même. Un symbole vidé de sa substance militaire, mais encore capable de nuire par son irrationalité et ses coups d’éclat suicidaires. Et c’est bien là que réside le dilemme : comment détruire un ennemi qui se nourrit du chaos et dont la logique échappe à toute rationalité stratégique ?
Quoi qu’il en soit, une évidence s’impose : sans Gaza, Netanyahou ne tient plus. Le champ de bataille est devenu l’ultime colonne qui soutient son gouvernement. Ceux qui espéraient voir rapidement s’éteindre la guerre devront sans doute patienter encore. Car en Israël, comme au Moyen-Orient, les solutions simples n’existent pas. Et chaque décision politique semble irrémédiablement liée au fracas des armes.
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