Le renseignement turc (MIT) a annoncé avoir démantelé ce qu’il présente comme une cellule liée au Mossad israélien. Selon le communiqué officiel, un homme identifié comme Serkan Çiçek, également connu sous le nom de Mohammed Fatih Keleş, aurait été interpellé à la suite d’une opération baptisée « Matron ». Ankara l’accuse d’avoir collaboré avec les services israéliens dans le but de surveiller un militant palestinien installé à Başakşehir, en périphérie d’Istanbul, critique virulent d’Israël.
Les autorités turques affirment que l’homme aurait été recruté par l’intermédiaire de l’application WhatsApp par un certain Faïsal Rachid, décrit comme un policier agissant pour le compte du Mossad. Toujours selon le MIT, Çiçek aurait accepté une mission de filature de quatre jours contre une rémunération de 4 000 dollars, versés en cryptomonnaies. Cependant, l’opération aurait échoué : l’agent présumé n’aurait pas réussi à localiser sa cible et aurait été arrêté en tentant d’accéder à un complexe résidentiel.
Cette affaire intervient dans un contexte déjà tendu entre la Turquie et Israël. Ankara, qui affiche depuis plusieurs mois un soutien appuyé à la cause palestinienne, multiplie les accusations publiques contre le Mossad. Ces dernières années, le MIT a déjà annoncé à plusieurs reprises l’arrestation de réseaux supposément liés aux services secrets israéliens, une communication qui vise à renforcer son image d’acteur incontournable de la sécurité intérieure.
Israël, fidèle à sa politique du silence en matière de renseignement, n’a pas réagi officiellement à ces accusations. Mais cette annonce s’inscrit dans une stratégie de communication turque de plus en plus agressive, où chaque interpellation est présentée comme un coup porté à l’appareil sécuritaire israélien. Elle reflète aussi une volonté d’Erdogan de mobiliser son opinion publique autour de l’idée d’une Turquie assiégée par des « forces étrangères ».
Derrière le récit triomphaliste d’Ankara, plusieurs zones d’ombre persistent. Les accusations reposent uniquement sur la version du MIT, sans éléments indépendants venant les corroborer. De plus, le recours supposé à un canal aussi banal que WhatsApp pour un recrutement de cette nature interroge sur la crédibilité du scénario présenté. Certains observateurs n’excluent pas que ces affaires soient instrumentalisées par le pouvoir turc, davantage soucieux de sa propagande intérieure que de la réalité du renseignement international.
Cette nouvelle arrestation médiatisée relance toutefois le débat sur la guerre secrète que se livrent les services de sécurité au Moyen-Orient. Entre Israël, la Turquie, l’Iran et leurs multiples alliés, la bataille de l’ombre se joue autant sur le terrain que dans l’espace médiatique. Pour Ankara, mettre en scène l’échec supposé d’une opération israélienne est aussi un moyen d’affirmer sa place dans ce jeu de puissances.
Dans une région où chaque incident devient une arme politique, cette affaire illustre une fois de plus la fragilité des relations entre Israël et la Turquie. Si les faits venaient à être confirmés, ils montreraient à quel point la surveillance des militants palestiniens à l’étranger reste une priorité stratégique pour Jérusalem. Mais s’il s’agit d’une mise en scène politique, alors c’est la confiance déjà vacillante entre les deux pays qui risque de s’éroder davantage.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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