Un accouchement au forceps par le Professeur Leon Yehuda Askenazi ZL

C’est ce cas particulier d’IsraĂ«l qui se constitue en nation d’abord, Ă  l’étranger. C’est du jamais vu dans l’histoire de l’humanitĂ© ! Nation au dedans d’une autre nation. Il faut donc retenir que l’Egypte a Ă©tĂ© la matrice d’engendrement de la nation hĂ©braĂŻque comme nation. De la mĂȘme maniĂšre que je dirais en schĂ©matisant : l’Europe a Ă©tĂ© la matrice d’engendrement de la nation israĂ©lienne comme nation. Plus que cela la mĂšre tout court. C’est devenu l’amertume par la suite, c’est devenu une marĂątre. On le ressent : bien que tout les juifs du monde ont rejoint IsraĂ«l, il y a toujours une marque de coquetterie europĂ©enne Ă  l’anglo-saxone, Ă©conomiquement amĂ©ricaine, mais en rĂ©alitĂ© britannique, qui grĂšve encore le pays. C’est un autre thĂšme mais il faut avoir Ă  l’esprit que IsraĂ«l c’est l’IsraĂ«l de l’humanitĂ©, et l’humanitĂ© engendre IsraĂ«l. Et les moments de fin d’exil sont des moments d’accouchement. Et c’est ainsi que le Midrash en parle.

 

L’accouchement de la sortie d’Egypte a Ă©tĂ© un accouchement au forceps. Pourquoi ? Parce que l’enfant le voulait pas naĂźtre et la mĂ©re ne voulait pas le laisser naĂźtre. Et ce’est ce qui est arrivĂ© en Europe : ‘HĂ©vlei Leidah.

 

Judah HalĂ©vi l’explique Ă  sa maniĂšre : lorsque le temps de la dĂ©livrance survient, si l’enfant ne veut pas naĂźtre et la mĂšre ne veut pas laisser naĂźtre l’enfant : l’un empoisonne l’autre et rĂ©ciroquement : l’enfant empoisonne la mĂšre qui empoisonne l’enfant
 etc. Cela s’appelle l’antisĂ©mitisme.

 

Vous voyez pourquoi le Midrash choisit ces images-lĂ  qui sont beaucoup plus que des images. Un Midrash cĂ©lĂšbre dĂ©crit la sortie d’Egypte exactement comme un accouchement avec le passage par les eaux


 

Et il fallait qu’IsraĂ«l ait la sagacitĂ© de dĂ©crocher lorsque les premiers signes arrivent, ie. lorsque la symbiose arrive, il faut dĂ©crocher. Malheureusement, chaque fois que la symbiose a rĂ©ussi on s’est entĂȘtĂ© Ă  s’incruster. Il faudrait dire Ă  s’inchrister. A s’enkister.

 

Ex. dans le temps contemporain : la symbiose judĂ©o-espagnole a Ă©tĂ© une rĂ©ussite absolue. Les sĂ©farades espagnols peuvent en tĂ©moigner. Au point qu’il y a une fidĂ©litĂ© au judĂ©o-espagnol chez les juifs qui ont connu cette civilisation qui est extraordinaire. Cela a vraiment Ă©tĂ© une rĂ©ussite comme symbiose. C’est le signe du dĂ©crochage nĂ©cessaire. Beaucoup de sources en particulier dans Torat Temimah. Au lieu de dĂ©crocher et de revenir ĂȘtre IsraĂ«l pour l’humanitĂ© entiĂšre – et la messianitĂ© d’IsraĂ«l aurait eu le visage culturel espagnol – on s’est entĂȘtĂ© Ă  ĂȘtre espagnol. D’oĂč la rĂ©action espagnole : l’inquisition. Les Juifs espagnols sont allĂ©s vitalisĂ©s Amsterdam, Salonique, Casablanca , Tunis
etc
 dĂ©laissant JĂ©rusalem pour la venue du Messie


 

Et les grands rabbins d’Espagne comme Rambam, Judah HalĂ©vi, et beaucoup d’autres, et surtout Na’hmanide ont eu beau leur dire d’aller Ă  JĂ©rusalem, ils n’ont pas Ă©tĂ© suivi !

 

Le 2Ăšme exemple de la symbiose rĂ©ussie et de laquelle il aurait fallu dĂ©crocher c’est l’Allemagne : Au siĂšcle dernier la symbiose judĂ©o-allemande fut au siĂšcle dernier une rĂ©ussite culturelle fantastique. On fait semblant de ne pas s’en rendre compte mais c’est cette symbiose qui s’est entĂȘtĂ©e Ă  rester sur place qui a dĂ©clenchĂ© le nazisme. Les nazis ne se sont pas gĂȘnĂ©s pour le dire Ă  leur maniĂšre.Il y a eu dans tous les domaines cette rĂ©ussite. La philosophie, la littĂ©rature
etc. Des livres parlent de la pensĂ©e judĂ©o-allemande de la fin du 19Ăšme siĂšcle
 Comme Heine qui Ă©tait trĂšs allemand
.

 

Or, aujourd’hui la synthĂšse judĂ©o-goy est en train de rĂ©ussir en particulier en France. Il y a en France un phĂ©nomĂšne de pensĂ©e judĂ©o-française faramineux ! Les grands penseurs français sont Juifs et les Français le savent : toute cette bande des « nouveaux philosophes ». Et aux USA, il y a un phĂ©nomĂšne en tout cas au niveau de la littĂ©rature. La symbiose judĂ©o-amĂ©ricaine a pris de maniĂšre telle qu’énormĂ©ment de mots juifs Ă  travers le yiddish beaucoup plus que l’hĂ©breu d’ailleurs sont passĂ©s dans l’amĂ©ricain


 

A partir du moment oĂč une symbiose de ce type est en train de prendre, il faut se mĂ©fier. Et chose paradoxale, ce sont les noirs d’AmĂ©rique qui ont tirĂ© la sonnette d’alarme


 

Rambam : pourquoi punir les Égyptiens si c’est un mĂ©canisme « naturel » ? C’est parce qu’ils ont frappĂ© trop fort. Ils ont exagĂ©rĂ©s ! La rĂ©action de xĂ©nophobie est naturelle mais pas la mĂ©chancetĂ© ! C’est pour cela qu’ils ont Ă©tĂ© punis. Rambam cite d’ailleurs un verset des prophĂštes Ă  propos de Babel qui est comme une verge dans la main de Dieu pour frapper IsraĂ«l, mais la verge sera brisĂ©e parce qu’elle a frappĂ© trop fort
 Je me suis posĂ© une question sur ce Rambam qui est restĂ©e sans rĂ©ponse :

 

Le raisonnement de MaĂŻmonide est trĂšs beau mais cela concernerait des anges. Les Égyptiens ne sont que des Égyptiens. Quand une minoritĂ© Ă©trangĂšre Ă©trange qui s’entĂȘte Ă  rester Ă©gyptienne, ils rĂ©agissent comme des hommes et non comme des anges. Je me permets donc de dire que l’explication de Rambam est trĂšs forte mais insuffisante Ă  rĂ©gler le problĂ©me parce qu’il reste que les Égyptiens ne sont que des Égyptiens.

 

Il y a eu diffĂ©rentes occasions oĂč IsraĂ«l aurait dĂ» dĂ©crocher de l’Egypte mais s’est entĂȘtĂ© Ă  rester en Egypte Ă  se prĂ©tendre Ă©gyptien. On a d’une certaine maniĂ©re rĂątĂ© le coche. Il est bien clair que ce shĂ©ma explique la situation en Europe antĂ©rieure Ă  la Shoah. On s’est entĂȘtĂ© Ă  une symbiose caduque prĂ©historique qui avait dĂ©jĂ  rĂ©ussie Ă  peu prĂšs au 11Ăšme siĂšcle.

 

Source : http://www.ronyakrich.com

 

 

 

 

 

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