Un acte d’accusation exceptionnel a été déposé ce dimanche matin par le parquet israélien contre un jeune Arabe israélien âgé de seulement 14 ans, originaire du centre du pays. Selon les documents transmis au tribunal de district de Tel-Aviv, l’adolescent aurait agi pour le compte d’Al-Qaïda et préparé plusieurs attentats, dont un projet d’assassinat du Premier ministre Benjamin Netanyahou. Le dossier, classé « terrorisme aggravé », fait trembler les services de sécurité : jamais en Israël un mineur aussi jeune n’avait été poursuivi pour un tel niveau de dangerosité.
L’acte d’accusation décrit un profil glaçant : un adolescent solitaire, radicalisé sur internet et recruté par un agent étranger se présentant comme membre d’Al-Qaïda. Les échanges, effectués via l’application Signal, auraient débuté plusieurs mois plus tôt. Le garçon, qui se faisait appeler « Abdallah », a rejoint un groupe nommé Cyber & Jihad Movement – une cellule virtuelle où chaque participant jurait fidélité à l’organisation terroriste et promettait de « servir la cause du djihad mondial ».
À la demande du recruteur, le jeune Israélien aurait entrepris de collecter des informations sensibles. Il a photographié deux anciens sites militaires dans la région de Tel-Aviv, relevé leurs coordonnées GPS, et envoyé le tout à son contact à l’étranger, qui l’encourageait à poursuivre son travail de « moudjahid numérique ». Dans les messages interceptés par le Shin Bet, l’adolescent annonçait son intention de « filmer une grande station de police de Tel-Aviv » avant de « se sacrifier pour Allah ». Il évoquait également un plan d’attaque contre le Premier ministre Netanyahou, qu’il décrivait comme « la tête du serpent sioniste ».
Les enquêteurs affirment que le jeune suspect avait commencé à s’intéresser à la fabrication artisanale d’explosifs. Des tutoriels sur la confection de bombes à base de produits ménagers ont été retrouvés sur son téléphone, ainsi que des recherches sur la production de cocktails Molotov. L’accusation estime qu’il était « proche du passage à l’acte » et qu’il avait exprimé à plusieurs reprises son souhait de mourir en martyr.
Plus troublant encore : le parquet indique qu’il aurait également tenté d’entrer en contact avec des membres du Hamas à Gaza, cherchant à rejoindre « le vrai front du djihad ». Si la communication n’a pas abouti, les procureurs considèrent cette tentative comme un indicateur de dangerosité supplémentaire.
Devant le tribunal, le ministère public a demandé son maintien en détention jusqu’à la fin de la procédure. « Ce mineur a agi avec conscience, motivation idéologique et intention manifeste de porter atteinte à la sécurité de l’État », a déclaré la procureure, citée par N12. Le jeune âge du prévenu, a-t-elle ajouté, « ne réduit en rien la gravité des faits ».
Les services de renseignement israéliens s’inquiètent depuis plusieurs mois d’une nouvelle tendance : la radicalisation de jeunes internautes via des plateformes cryptées, souvent alimentées par des recruteurs opérant depuis la Syrie, le Yémen ou la Turquie. D’après le Shin Bet, plusieurs groupes pro-Al-Qaïda cherchent à profiter de la porosité numérique pour infiltrer la société israélienne et convertir de très jeunes recrues arabes ou musulmanes. L’organisation terroriste, affaiblie sur le terrain depuis la mort d’Ayman al-Zawahiri, mise désormais sur la guerre psychologique et les « loups solitaires » connectés.
En septembre dernier, le nouveau chef d’Al-Qaïda, Saïf al-Adel, avait d’ailleurs appelé ses partisans à s’allier avec les factions chiites proches de l’Iran pour viser « des cibles sionistes et juives à travers le monde ». L’adolescent arrêté à Tel-Aviv aurait réagi à cet appel, affirmant dans ses messages qu’il voulait « venger les enfants de Gaza ».
À Jérusalem, les autorités soulignent la gravité du phénomène. Le ministre de la Sécurité nationale a salué « l’efficacité exemplaire » des services de renseignement qui ont permis d’éviter un attentat. Le Premier ministre Benjamin Netanyahou, cité par Ynet, a réagi brièvement : « Israël ne permettra jamais que la haine prenne racine dans nos écoles ni que des adolescents deviennent des instruments de la terreur. »
L’affaire provoque également un débat plus large au sein de la société israélienne sur les moyens de prévention. Comment détecter à temps des signaux de radicalisation chez un enfant de 14 ans ? Faut-il renforcer la surveillance numérique, au risque d’empiéter sur la vie privée ? Les experts de la cyber-sécurité, interrogés par Haaretz, plaident pour un équilibre entre contrôle et éducation : « Le véritable antidote à la radicalisation en ligne, ce sont la parole, l’écoute et la vigilance parentale. »
Ce dossier, qui mêle adolescence, idéologie et technologie, illustre une menace nouvelle : celle d’un terrorisme sans structure, où un simple smartphone suffit à transformer un enfant en soldat. Dans un Israël déjà en tension, il rappelle que la guerre contre le fanatisme ne se mène plus seulement sur les champs de bataille, mais aussi dans les salons, les écoles et les réseaux chiffrés où se forment, parfois en silence, les apprentis djihadistes.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
© 2025 – Tous droits réservés




