Un avocat israélien poursuit WhatsApp : « 5 000 shekels pour chaque citoyen d’origine mizrahi »

C’est une affaire pour le moins singulière qui fait grand bruit en Israël. Une action collective vient d’être déposée contre WhatsApp et sa maison-mère Meta, accusées de racisme à travers… un emoji. En cause : la description officielle donnée à l’icône de la « main avec doigt d’honneur », que l’application aurait labellisée en hébreu comme « תנועה מזרחית » – littéralement « geste oriental ».

Pour l’avocat Tsahi Fistel, qui représente la plaignante, il s’agit d’un affront intolérable : « C’est de la pure discrimination. On ne peut pas accepter qu’en 2025, un geste obscène soit associé aux Mizrahim. » L’homme, à la tête du département contentieux du cabinet Ziv Lotan, n’en est pas à sa première bataille judiciaire : « J’ai déposé des dizaines de recours collectifs contre des géants. Nous ne craignons personne. Nous irons jusqu’au bout. »

La plaignante, l’avocate Sapir Asraf, explique avoir découvert par hasard le libellé lorsqu’elle a téléchargé WhatsApp sur son ordinateur. « J’ai vu que l’emoji du doigt d’honneur était défini comme ‘mouvement oriental’. Je ne comprenais même pas que dans les années 1980 on utilisait déjà cette expression pour désigner un geste obscène. C’est un stéréotype raciste », dénonce-t-elle.

Dans sa requête déposée au tribunal de district de Lod, Me Fistel demande que Meta soit condamnée à indemniser les citoyens israéliens à hauteur de 2 000 shekels chacun, et 5 000 pour toute personne se définissant comme mizrahi. « WhatsApp s’engage dans ses conditions d’utilisation à ne pas diffuser de contenus discriminatoires. Ici, l’engagement est violé », insiste-t-il.

Selon l’avocat, l’affaire illustre une « vieille blessure » du racisme verbal : « Dans les années 80, on parlait des Mizrahim avec des termes dégradants – ‘primitifs’, ‘franjis’… Associer un geste vulgaire au mot ‘oriental’ est une réminiscence de cette mentalité. Ce n’est pas seulement une insulte, c’est une stigmatisation culturelle. »

Jusqu’à présent, Meta n’a pas réagi. « Il n’y a aucun moyen de leur parler autrement que par le biais d’une action judiciaire », affirme Fistel. Quant à savoir si une suppression rapide du libellé mettrait fin à la procédure, l’avocat reste évasif : « L’essentiel est d’effacer ce terme de l’application. Mais il faudra aussi rendre des comptes. »

Au-delà de l’anecdote, l’affaire pose une question plus large : les géants du numérique, qui contrôlent aujourd’hui une grande partie du langage visuel mondial, ont-ils une responsabilité culturelle et politique dans le choix des mots et des symboles ? Pour les plaignants, la réponse est évidente.


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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