Un député polonais s’en prend aux Juifs devant les portes d’Auschwitz

La Pologne est secouée par une nouvelle crise politique après les propos incendiaires du député d’extrême droite Grzegorz Braun, prononcés devant l’entrée du camp d’extermination nazi d’Auschwitz-Birkenau. Dans une scène qui a sidéré même certains de ses alliés, Braun a affirmé que les Juifs exigeraient un « traitement spécial » en Pologne, accusant la police polonaise de leur accorder des privilèges. Cette sortie antisémite, prononcée sur l’un des lieux les plus symboliques de la Shoah, a provoqué une condamnation immédiate du gouvernement polonais et de nombreuses organisations internationales.

Le député, figure notoire de la mouvance radicale polonaise, s’est adressé à un groupe de journalistes venus couvrir une commémoration locale. Selon ses propos, rapportés par de nombreux médias européens, « la Pologne appartient aux Polonais », une formule fréquente dans la rhétorique nationaliste extrême, avant d’ajouter que « les autres peuples, y compris les Juifs, ont leurs propres États ». Braun a poursuivi en affirmant que le renforcement de la culture juive en Pologne équivaudrait à « inviter un voisin dangereux à vivre à côté de vous ».
Contexte sur Braun – BBC Europe :
https://www.bbc.com/news/world-europe

L’indignation a été d’autant plus forte que ces déclarations interviennent au moment précis où le gouvernement polonais dévoile son programme 2025–2030 de lutte contre l’antisémitisme et de soutien aux communautés juives du pays. Les autorités de Varsovie tentent depuis plusieurs années de restaurer l’image internationale de la Pologne, lourdement ternie par des controverses historiques autour de la responsabilité polonaise dans certains crimes de la Seconde Guerre mondiale. Le fait qu’un député tienne un tel discours à quelques mètres du site d’Auschwitz-Birkenau, où plus d’un million de Juifs ont été assassinés, a été ressenti comme un affront direct.
Informations – Musée d’Auschwitz-Birkenau :
https://www.auschwitz.org/en

Le ministre polonais de la Justice et procureur général, Waldemar Żurek, a annoncé qu’il engagerait des poursuites judiciaires contre Braun, déclarant que « la rhétorique antisémite n’a pas sa place en Pologne ». Il a accusé le député de transformer Auschwitz en « terrain de jeu politique » et a rappelé que la minimisation ou la négation des crimes nazis est punie par la loi polonaise. De nombreuses personnalités politiques ont également demandé la levée de l’immunité parlementaire de Braun afin de permettre sa mise en examen.
Contexte légal – Code pénal polonais (lois sur la négation de la Shoah) :
https://www.gov.pl/web/sprawiedliwosc

Ce n’est pas la première fois que Braun défraye la chronique par ses déclarations extrémistes. En 2023, il avait tenté d’éteindre une hanoukkia installée au Parlement polonais, avant d’être expulsé manu militari. Quelques mois plus tard, il avait nié en direct à la radio l’existence des chambres à gaz à Auschwitz, qualifiant les preuves historiques de « fakes ». L’émission avait été interrompue immédiatement, suscitant une indignation internationale. Son parti, bien que marginal, bénéficie néanmoins d’une audience réelle auprès d’une frange nationaliste radicalisée, ce qui confère à ses déclarations une portée politique inquiétante.

Les organisations juives polonaises et internationales ont réagi avec une colère rare. Le Congrès juif mondial a publié un communiqué dénonçant « une incitation haineuse gravissime, proférée précisément sur le lieu où s’est déroulée la plus grande extermination antisémite de l’histoire ». L’Union européenne, qui surveille de près la montée des mouvements nationalistes dans plusieurs États membres, a rappelé que les discours discriminatoires tenus par des représentants élus constituent une menace directe pour les valeurs démocratiques fondamentales.

Israël, de son côté, suit de très près ce dossier. Le ministère israélien des Affaires étrangères a pris note des déclarations et attend une sanction claire des autorités polonaises. Israël entretient une relation sensible avec la Pologne depuis plusieurs années, notamment en raison des lois mémorielles adoptées par Varsovie en 2018, qui tentaient de limiter les recherches historiques sur la collaboration polonaise pendant la Shoah. Les propos de Braun ravivent cette tension et mettent une pression supplémentaire sur le gouvernement polonais, qui devra montrer qu’il ne tolère pas l’antisémitisme d’État.
Contexte bilatéral Israël-Pologne – Times of Israel :
https://www.timesofisrael.com/topic/poland

Au-delà de la dimension diplomatique, l’affaire met en lumière une inquiétude plus profonde : la résurgence d’un antisémitisme décomplexé en Europe centrale. Dans plusieurs pays, des mouvements nationalistes radicaux exploitent la crise économique et l’insécurité sociale pour diffuser un discours identitaire excluant les minorités, en particulier les Juifs. Le choix d’Auschwitz comme théâtre de cette provocation renforce encore la gravité symbolique de l’incident. Il s’agit d’un lieu de mémoire universelle, consacré à l’éducation contre la haine ; instrumentaliser cet espace pour distiller un message politique xénophobe constitue une transgression particulièrement choquante.

Pour Israël, cette affaire n’est pas seulement un sujet de mémoire : elle touche à la sécurité actuelle du peuple juif. L’histoire récente montre que les discours de haine, même lorsqu’ils semblent marginaux, peuvent rapidement se transformer en violence réelle. À l’heure où Israël est engagée dans une lutte existentielle contre le terrorisme islamiste et où les communautés juives du monde entier sont confrontées à une montée des attaques antisémites, les propos de Braun rappellent à quel point la vigilance demeure nécessaire.

En Pologne, le débat ne fait que commencer. Beaucoup espèrent que cette fois, la justice et le Parlement agiront fermement pour empêcher Braun de continuer à utiliser sa position pour propager des idées toxiques. D’autres soulignent que son influence, bien que minoritaire, témoigne d’un malaise plus large dans la société polonaise, qui doit encore affronter certaines zones d’ombre de son passé pour construire un avenir commun respectueux de toutes ses minorités.

Cette affaire, née devant les portes d’Auschwitz, illustre finalement la confrontation entre deux visions : celle d’une Europe fidèle à la mémoire de la Shoah et à la lutte contre la haine, et celle de groupes extrémistes qui cherchent à réécrire l’histoire pour relégitimer leurs discours. Israël le sait bien : la bataille pour la vérité historique n’est jamais gagnée, et chaque parole antisémite prononcée sur les lieux où furent assassinés plus d’un million de Juifs doit recevoir une réponse ferme et déterminée.


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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