Selon un article publié par le magazine The Atlantic, Mohammad Hossein Tajik, ancien agent du renseignement iranien ayant collaboré avec la CIA et transmis des informations à des journalistes, aurait été tué en 2016 par son père, proche du régime. Tajik, présenté autrefois comme le « commandant de l’armée électronique » de la République islamique — l’unité cybernétique opérée par les Gardiens de la révolution — est décrit comme une figure centrale dans plusieurs opérations secrètes visant les ennemis régionaux de l’Iran.
Le journaliste Shane Harris affirme avoir longuement correspondu avec Tajik, qui lui avait confié ses motivations et certains détails de ses activités. Harris raconte avoir pris contact avec lui pour la première fois après qu’un groupe de hackers iraniens eut publié son adresse e-mail sur un forum invitant quiconque à les contacter.
Le père de Tajik avait servi dans les services de sécurité iraniens durant la révolution islamique de 1979. Ses relations et les aptitudes de son fils en mathématiques et en informatique ont permis à Tajik d’intégrer le ministère du Renseignement à l’âge de 18 ans. Selon son témoignage, son père finit même par diriger une unité de cyberdéfense.
Dans son récit à The Atlantic, Tajik explique que l’Iran centrait ses opérations contre Israël et l’Arabie saoudite. Il revendique un rôle dans l’attaque cybernétique menée en 2012 contre la compagnie pétrolière saoudienne Aramco, qui entraîna l’effacement des données informatiques de l’entreprise. Il affirme aussi que Téhéran partageait des renseignements avec les services russes, qu’il participa à une attaque contre le réseau électrique turc en 2015, et que l’Iran joua un rôle secret dans l’attaque de février 2016 contre la banque centrale du Bangladesh, au cours de laquelle 81 millions de dollars furent dérobés — une affaire pour laquelle les États-Unis ont ensuite inculpé trois hackers nord-coréens. Il ajoute que l’Iran avait enseigné au Hezbollah comment pénétrer le système bancaire international SWIFT, et que l’organisation avait transmis ces informations à la Corée du Nord en échange de missiles.
Tajik aurait également collaboré avec la CIA à une période où l’agence engrangeait d’importants succès contre l’Iran et ses alliés. Selon The Atlantic, il aurait contribué à l’assassinat du haut commandant du Hezbollah, Imad Moughniyeh, tué à Damas en février 2008 lors d’une opération conjointe israélo-américaine. Il aurait également joué un rôle dans la localisation du site souterrain d’enrichissement d’uranium de Fordo — bombardé par les États-Unis en juin dernier mais révélé publiquement en 2009. Tajik ne revendiquait pas explicitement cet exploit, selon Harris.
La CIA a finalement interrompu toute collaboration avec lui. « L’agence a mis fin au contact parce que le risque de travailler avec lui dépassait la valeur des informations qu’il fournissait », écrit Harris. Ses sources lui ont expliqué que Tajik ne respectait pas toujours les instructions et pouvait changer d’état d’esprit d’un jour à l’autre, oscillant entre lucidité et paranoïa. Il aurait enfreint les protocoles de sécurité en photographiant le contenu de l’ordinateur portable fourni par la CIA. Les autorités iraniennes l’arrêtèrent, et en septembre 2013 il fut transféré à la prison d’Evin à Téhéran, où il fut torturé, brûlé à l’eau bouillante, et obligé de s’allonger dans un trou ressemblant à une tombe.
Un mois avant sa mort, Tajik aurait présenté le journaliste Harris à Rouhollah Zam, un opposant iranien vivant à Paris. Zam lui confia par la suite que Tajik avait été tué le 5 juillet 2016, chez lui, par son propre père, afin de « préserver l’honneur de la famille », alors qu’il préparait sa fuite hors du pays.
L’enregistrement du décès dans le cimetière de Téhéran indique une date de mort au 7 juillet 2016. Selon The Atlantic, aucune autopsie n’a été pratiquée et la cause du décès ne figure pas sur son certificat de décès.
Zam, pour sa part, fut attiré en Irak sous prétexte d’une rencontre avec un dignitaire religieux, puis enlevé par des agents iraniens et exécuté à Téhéran en 2020.
Déjà en octobre 2016, des sources iraniennes affirmaient que Tajik avait été assassiné chez lui deux mois auparavant par une unité spéciale du régime, après avoir été soupçonné d’espionnage dès 2013. Ces mêmes sources affirmaient que, plus d’un an après son incarcération à Evin, Tajik avait été placé en résidence surveillée en 2014 comme « geste » envers son père, ancien haut responsable des Gardiens de la révolution et proche de Qassem Soleimani, chef de la Force Qods tué par les États-Unis à Bagdad en 2019. Désormais, selon les nouvelles révélations, c’est vraisemblablement son père qui l’aurait exécuté.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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