Il n’était pas loin à vol d’oiseau des champs de bataille de la Syrie à la ville portuaire animée israélienne de Haïfa. Mais pour ce jeune homme gravement blessé, se réveiller après deux jours fut un choc.

Mohammed est un jeune agriculteur de Deraa, lieu où les manifestations contre le président Bachar al-Assad ont commencé en 2011.

Son nom de famille n’est pas révélé pour protéger son identité, mais il fait partie d’un nombre croissant de Syriens blessés qui reçoivent des soins médicaux en Israël.

Au moins 1.500 Syriens ont été traités jusqu’à aujourd’hui, environ 20% d’entre eux à l’Hôpital Rambam de Haïfa, selon les autorités israéliennes.

L’armée israélienne les repère dans le plateau du Golan, sur le côté syrien de la clôture qui marque la ligne de 1967.

Les responsables israéliens sont évasifs sur le fonctionnement du processus, mais il est clair qu’un certain degré de coordination entoure à la fois l’arrivée des blessés et leur éventuel retour après les soins. Si les Syriens sont maintenant monnaie courante dans les salles et les couloirs de l’hôpital Rambam, le cas de Mohammed est l’un des plus remarquables.

Il a bénéficié d’une procédure médicale révolutionnaire, et comme il retourne en Syrie, il dit qu’il est déterminé à revenir en Israël terminer son traitement. Il ne sont pas très nombreux, ces Syriens qui ont fait le voyage deux fois.

Quand il est arrivé à l’hôpital Rambam, au début Novembre, Mohammed était inconscient et à peine accroché à la vie.Un projectile qui venait d’un avion militaire syrien a détruit la partie inférieure de son visage, laissant une masse sanglante de tissu.

Ce fut pour lui, un jour de chance, l’un des chirurgiens maxillo-faciaux de l’hôpital, le Dr Yoav Leiser, venait de rentrer d’un voyage en Allemagne, où il a étudé le domaine révolutionnaire des implants spécifiques des patients (SIEP).

Le professeur Adi Rachmiel, lui a dit de s’occuper immédiatement du cas de Mohammed.

Trois mois plus tard, son visage a été reconstruit et il peut parler grâce à une mâchoire inférieure en titane, forgée sur une imprimante 3D, en utilisant des mesures crâniennes pour estimer la taille de ses os manquants.

L’équipe chirurgicale a expliqué comment ils ont reconstruit le visage de l’agriculteur syrien : Le laser chauffe et fusionne avec la poudre de titane. La première greffe a été effectuée aux Pays-Bas en 2011, mais c’était la première fois que la méthode a été utilisée en Israël.

D’autres patients sont en attente comme Mohammed qui a dit qu’il avait peur la première fois et aujourd’hui, il ne cesse de dire des éloges pour ses médecins.

Le jour où il s’apprêtait se rendre en Syrie, il a dit qu’il avait l’intention de retourner à Haïfa, dans six mois, pour implanter de nouvelles dents pour lui permettre de manger des aliments solides et compléter sa réhabilitation.

Mohammed a été reconduit en Syrie, et a retrouvé sa famille qu’il n’avait plus vu pendant trois mois et qui ne savait pas si, il était vivant ou mort. Comme la guerre s’approche de sa cinquième année, il est probable que de nombreux autres Syriens blessés feront ce même parcours inhabituel et qui est mis en sourdine par tous les médias européens.