Un message de Pessah pour tous nos lecteurs d’Infos-Israel.News !

Pessah - Wikipedia

L’histoire de Pessa’h, de l’Exode d’Egypte, est l’une des plus anciennes et des plus grandes du monde. Il raconte comment, il y a longtemps, un peuple a connu l’oppression et a Ă©tĂ© conduit Ă  la libertĂ© Ă  travers un voyage long et pĂ©nible Ă  travers le dĂ©sert. C’est l’histoire la plus dramatique de l’esclavage Ă  la libertĂ© jamais racontĂ©e, celle qui est devenue le livre de la libertĂ© le plus influent de l’Occident. « Depuis l’Exode », a dĂ©clarĂ© Heinrich Heine, le poĂšte allemand du 19Ăšme siĂšcle, « la libertĂ© a toujours parlĂ© avec un accent hĂ©breu ».

Nous lisons dans la section maggide de la Haggadah de Rabbi Gamliel qui disait que celui qui ne parlait pas de l’agneau de Pessah, de la maztah et des herbes amĂšres n’avait pas rempli son obligation envers le Seder. Pourquoi ces trois choses sont claires : L’agneau de Pessah, un aliment de luxe, symbolise la libertĂ©. Les herbes amĂšres reprĂ©sentent l’esclavage en raison de leur goĂ»t aigu. Le matzah combine les deux. C’était le pain que les IsraĂ©lites mangeaient en Egypte en tant qu’esclaves. C’était aussi le pain qu’ils ont laissĂ© en quittant l’Egypte en tant que peuple libre.

Ce n’est pas seulement le symbolisme, mais aussi l’ordre dans lequel ces objets sont Ă©voquĂ©s dans la Haggadah qui est intĂ©ressant. Nous parlons d’abord de l’agneau Pessa’h, puis de la Matsa et enfin des herbes amĂšres. Mais cela semble Ă©trange. Pourquoi les symboles de la libertĂ© prĂ©cĂšdent-ils ceux de l’esclavage ? AssurĂ©ment, l’esclavage a prĂ©cĂ©dĂ© la libertĂ©, alors il serait plus logique de parler des herbes amĂšres en premier ? La rĂ©ponse, selon les enseignants ‘hassidiques, est que seul un peuple humain libre a un goĂ»t amer. Si les IsraĂ©lites avaient oubliĂ© la libertĂ©, ils se seraient habituĂ©s Ă  l’esclavage. Le pire exil est d’oublier que vous ĂȘtes en exil.

Pour ĂȘtre vraiment libre, nous devons comprendre ce que signifie ne pas ĂȘtre libre. Pourtant, la «liberté» elle-mĂȘme a des dimensions diffĂ©rentes, un point reflĂ©tĂ© dans les deux mots hĂ©breux utilisĂ©s pour le dĂ©crire, chofesh et cherut. Chofesh est «libertĂ© de», cherut est «libertĂ© de». Chofesh est ce qu’un esclave acquiert lorsqu’il est libĂ©rĂ© de l’esclavage. Il est libre d’ĂȘtre soumis Ă  la volontĂ© de quelqu’un d’autre. Mais ce genre de libertĂ© ne suffit pas Ă  crĂ©er une sociĂ©tĂ© libre. Un monde dans lequel tout le monde est libre de faire ce qu’il veut commence dans l’anarchie et finit dans la tyrannie. C’est pourquoi Chofesh n’est que le dĂ©but de la libertĂ©, pas sa destination finale.

Cherut est la libertĂ© collective, une sociĂ©tĂ© dans laquelle ma libertĂ© respecte la vĂŽtre. Une sociĂ©tĂ© libre est toujours une rĂ©alisation morale. Il repose sur la retenue et le respect des autres. Le but ultime de la Torah est de façonner une sociĂ©tĂ© sur les bases de la justice et de la compassion, qui dĂ©pendent toutes deux de la reconnaissance de la souverainetĂ© de Dieu et de l’intĂ©gritĂ© de la crĂ©ation. Ainsi nous disons : «L’annĂ©e prochaine, puissions-nous tous ĂȘtre bnei chorin», en invoquant le cherut et non le chofesh. Cela signifie : «Puissions-nous ĂȘtre libres d’une maniĂšre qui honore la libertĂ© de tous».

L’histoire de Pessa’h, plus que toute autre, reste la source inĂ©puisable d’inspiration pour tous ceux qui aspirent Ă  la libertĂ©. Il a enseignĂ© que le droit Ă©tait souverain sur la force ; cette libertĂ© et cette justice doivent appartenir Ă  tous, pas Ă  certains ; que, sous Dieu, tous les ĂȘtres humains sont Ă©gaux ; et cela sur toute la puissance terrestre, le Roi des Rois, qui entend le cri des opprimĂ©s et qui intervient dans l’histoire pour libĂ©rer les esclaves. Il a fallu plusieurs siĂšcles pour que cette vision devienne la propriĂ©tĂ© partagĂ©e des dĂ©mocraties libĂ©rales de l’Occident et au-delĂ  ; et il n’y a aucune garantie qu’il le restera. La libertĂ© est une rĂ©alisation morale, et sans un effort constant d’éducation, elle s’atrophie et doit ĂȘtre combattue Ă  nouveau. Nulle part ailleurs que sur Pessa’h, voyons-nous comment l’histoire d’un peuple peut devenir l’inspiration de beaucoup ; comment, fidĂšle Ă  sa foi Ă  travers les siĂšcles.

Je vous souhaite, ainsi qu’à toute votre famille, un Chag Kasher v’Sameach.

Texte magnifique et juste de l’ancien grand rabbin britannique Lord Jonathan Sacks.


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