Un nouveau cycle de conscription s’ouvre dans un IsraĂ«l sous menaces : une gĂ©nĂ©ration qui choisit de servir malgrĂ© tout

Dans un pays encore marquĂ© par les secousses du 7 octobre, alors que le nord frĂ©mit sous la menace du Hezbollah et que les unitĂ©s de Tsahal restent dĂ©ployĂ©es sur plusieurs fronts, l’ouverture ce matin du cycle de conscription de novembre–dĂ©cembre 2025 prend une dimension particuliĂšre. Des milliers de jeunes, hommes et femmes, se sont prĂ©sentĂ©s dans les bureaux de recrutement, formant cette cohorte qui choisit, malgrĂ© l’incertitude, le bruit des sirĂšnes et la fatigue nationale, d’endosser l’uniforme pour assurer la continuitĂ© de l’État et de sa dĂ©fense.

L’ambiance dans les centres de conscription, de Tel HaShomer Ă  HaĂŻfa, de JĂ©rusalem Ă  Beer Sheva, mĂ©lange apprĂ©hension, fiertĂ© et gravitĂ©. Ces jeunes connaissent mieux que n’importe quelle gĂ©nĂ©ration prĂ©cĂ©dente la rĂ©alitĂ© des menaces. Ils ont grandi avec les tunnels du Hamas, les missiles du Hezbollah, les tirs de drones iraniens et les Ă©vacuations de masse. Pour beaucoup, le service militaire n’est plus une Ă©tape symbolique : c’est une entrĂ©e dans un monde oĂč la sĂ©curitĂ© d’IsraĂ«l dĂ©pend littĂ©ralement de la prĂ©sence de chaque soldat.

Selon les donnĂ©es publiĂ©es officiellement, prĂšs des deux tiers des conscrits sont des hommes (64,78 %) et plus d’un tiers des femmes (35,22 %), proportion stable malgrĂ© l’instabilitĂ© sĂ©curitaire. L’armĂ©e a Ă©galement soulignĂ© que la diversitĂ© des profils est remarquable : des jeunes de 17,7 ans repĂ©rĂ©s pour le renseignement militaire, jusqu’aux recrues plus ĂągĂ©es de 30 ans, intĂ©grĂ©es par le biais du programme spĂ©cial “Takhlit”, montrant l’engagement croissant de citoyens qui dĂ©cident tardivement de rejoindre l’effort national. Ces chiffres, rapportĂ©s par les autoritĂ©s militaires, tĂ©moignent d’un pays oĂč la notion de service reste profondĂ©ment ancrĂ©e, mĂȘme aprĂšs une annĂ©e traumatique.

L’une des donnĂ©es marquantes de ce cycle est la prĂ©sence impressionnante d’Olim Hadashim : 635 nouveaux immigrants s’engagent dans Tsahal, originaires principalement des États-Unis, de Russie et d’Ukraine. Parmi eux se trouvent Ă©galement de nouveaux arrivants de plus petites communautĂ©s — d’Estonie, de Monaco, de Tunisie, de Panama, de TaĂŻwan, de Pologne ou de Chypre — preuve que la vocation de servir IsraĂ«l dĂ©passe largement les frontiĂšres ethniques et gĂ©ographiques. Beaucoup de ces jeunes ont quittĂ© des environnements plus confortables pour intĂ©grer une armĂ©e en guerre. Leur motivation se reflĂšte dans un sentiment rĂ©pĂ©tĂ© dans nombre d’interviews : “Nous voulons ĂȘtre avec IsraĂ«l, surtout maintenant.”

Les soldats isolĂ©s, quant Ă  eux, sont 589 Ă  rejoindre les rangs, presque un Ă©quilibre parfait entre hommes et femmes. La prĂ©sence de ces jeunes sans famille en IsraĂ«l est une composante essentielle de la conscience nationale : ils sont souvent accueillis dans des familles d’adoption, des institutions communautaires ou des centres d’aide spĂ©cialisĂ©s, mais c’est l’armĂ©e qui devient leur foyer principal. Leur engagement en temps de crise, sans soutien familial direct, porte une symbolique nationale trĂšs forte, surtout depuis l’immense mobilisation qui a suivi les massacres du 7 octobre.

Le recrutement de cette session inclut Ă©galement une centaine de jeunes issus de familles endeuillĂ©es par la guerre “ÉpĂ©es de Fer”. Leur dĂ©cision de s’enrĂŽler, alors qu’ils ont eux-mĂȘmes payĂ© un prix tragique, donne une profondeur Ă©motionnelle immense Ă  cette cohorte. Tsahal parle de “service chargĂ© de sens”. Les familles, elles, Ă©voquent le dĂ©sir de perpĂ©tuer un hĂ©ritage et de dĂ©fendre un pays pour lequel l’un des leurs est tombĂ©.

La gĂ©ographie des conscrits dessine aussi une cartographie du pays. Metula, tout au nord, n’envoie que deux recrues cette session, mais leur symbolisme est immense : elles viennent d’une ville presque vidĂ©e de ses habitants Ă  cause des bombardements du Hezbollah. À l’opposĂ©, Eilat compte 151 conscrits — signe qu’à l’autre extrĂ©mitĂ© du pays, loin du front, le sentiment de responsabilitĂ© nationale demeure intact. Tel HaShomer concentre plus de 37 % de tous les recrutements, ce qui confirme la prĂ©dominance du centre du pays dans la structure dĂ©mographique actuelle.

Les responsables militaires ont Ă©galement prĂ©sentĂ© une sĂ©rie d’ajustements logistiques et sociaux destinĂ©s Ă  accompagner cette gĂ©nĂ©ration. Chaque jeune reçoit dĂ©sormais le “bon cohavim”, une allocation destinĂ©e Ă  acheter vĂȘtements et Ă©quipements avant l’entrĂ©e au service. Les bases de formation ont Ă©tĂ© renforcĂ©es pour intĂ©grer un soutien psychologique dĂšs les premiers jours, un Ă©lĂ©ment jugĂ© indispensable aprĂšs les vagues d’angoisse et de traumatismes nĂ©s des combats Ă  Gaza et des attaques rĂ©pĂ©tĂ©es au nord. Tsahal se prĂ©pare Ă  former ces nouveaux soldats dans un environnement opĂ©rationnel intensif, oĂč les entraĂźnements sont calibrĂ©s pour rĂ©pondre Ă  une guerre asymĂ©trique, multi-fronts et technologiquement sophistiquĂ©e.

La logistique, elle aussi, s’adapte. Le centre d’approvisionnement militaire a dĂ©jĂ  distribuĂ© des dizaines de milliers d’articles : uniformes, chaussures, casques, Ă©quipements d’hiver. Des versions spĂ©cifiques, destinĂ©es aux conscrits vĂ©gĂ©tariens et vĂ©ganes, sont Ă©galement disponibles — preuve d’une armĂ©e qui cherche Ă  intĂ©grer chaque profil, sans exception. Ces dĂ©tails, parfois anecdotiques, reflĂštent une Ă©volution structurelle : Tsahal reste une armĂ©e de masse, mais elle se professionnalise dans sa maniĂšre d’intĂ©grer, de former et de soutenir ses soldats.

La dynamique sociale de cette cohorte est tout aussi intĂ©ressante : prĂšs de 12 % des recrues sont issues des programmes de prĂ©militaire et de volontariat civil, un taux Ă©levĂ© par rapport aux annĂ©es prĂ©cĂ©dentes. Cela montre que beaucoup de jeunes ont choisi de consacrer un an de leur vie Ă  des projets sociaux ou Ă©ducatifs avant mĂȘme d’enfiler l’uniforme, une tendance rĂ©vĂ©latrice d’un engagement profond envers la sociĂ©tĂ© israĂ©lienne. Cette dimension est particuliĂšrement visible dans les classes moyennes urbaines, oĂč le volontariat s’est imposĂ© comme un Ă©lĂ©ment essentiel de l’identitĂ© citoyenne.

Ce cycle de recrutement intervient alors que la frontiĂšre nord reste sous tension maximale. Depuis l’élimination du chef militaire du Hezbollah, les menaces se multiplient, tandis que les Ă©valuations israĂ©liennes indiquent que le mouvement pourrait choisir de limiter sa rĂ©action par peur d’un affrontement direct. Pourtant, Ă  tout moment, une escalade imprĂ©visible peut Ă©clater. C’est dans cette incertitude que cette nouvelle gĂ©nĂ©ration s’engage : elle sait que son service pourrait la conduire directement dans une rĂ©alitĂ© opĂ©rationnelle complexe.

La conclusion qui s’impose est simple : malgrĂ© les Ă©preuves, malgrĂ© les blessures du 7 octobre, malgrĂ© la menace iranienne et les ambitions rĂ©gionales du Hezbollah, IsraĂ«l continue de produire une jeunesse qui choisit de se lever, de servir et de protĂ©ger. Ce cycle de conscription n’est pas seulement une Ă©tape administrative. C’est un acte collectif de rĂ©silience nationale. Dans un pays oĂč la survie dĂ©pend de la cohĂ©sion sociale et de la capacitĂ© Ă  dĂ©fendre son territoire, l’arrivĂ©e de ces milliers de jeunes sous les drapeaux est un rappel puissant : l’avenir d’IsraĂ«l repose encore et toujours sur ceux qui acceptent de porter l’uniforme.


RĂ©daction francophone Infos Israel News pour l’actualitĂ© israĂ©lienne
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