La scène a glacé les enquêteurs : un père, un pistolet chargé à la main, jouant avec l’arme à quelques centimètres de la tête de son bébé. La vidéo, récupérée par les forces de police lors d’une opération dans la ville arabe d’Arraba, est désormais au cœur d’un acte d’accusation grave visant deux hommes de 25 et 26 ans. Selon la police, cette affaire met en lumière « une culture de l’armement irresponsable et dangereuse », devenue un fléau dans plusieurs secteurs du nord du pays.
Tout commence le 27 octobre 2025, lors d’une descente menée par les unités du district Nord sur un complexe résidentiel d’Arraba. Les policiers y arrêtent deux suspects et fouillent un véhicule stationné sur place. Dans un sac, ils découvrent une arme de poing FN ainsi que des munitions correspondantes. L’arme, selon les enquêteurs, circulait depuis plusieurs semaines entre différents individus.
Mais c’est la suite de l’enquête qui sidère les forces de l’ordre : en fouillant les téléphones et appareils multimédias du principal suspect — le père du bébé — les enquêteurs tombent sur plusieurs vidéos compromettantes. Dans l’une d’elles, l’homme tient son fils dans les bras, l’enfant à peine âgé de quelques mois, tandis qu’il manipule l’arme au-dessus de sa tête. Il parle au bébé comme s’il s’agissait d’un jeu, puis, dans un geste d’une inconscience totale, il arme le pistolet à quelques centimètres du crâne de l’enfant.
Une autre vidéo montre le même homme exécutant un tir réel en pleine zone ouverte, tout en se filmant en train de viser et de tirer. D’après la police, ces images ne laissent aucun doute : il ne s’agit pas d’un acte isolé mais d’une véritable familiarité avec l’usage illégal des armes.
L’enquête révèle également que l’autre suspect — l’ami du père — est celui qui a fourni l’arme. Selon la police, les deux hommes s’étaient rencontrés le jour même pour organiser le retour du pistolet à son propriétaire initial, lorsqu’ils ont été arrêtés « en flagrant délit ». L’arme avait déjà été repérée dans d’autres affaires, ce qui laisse supposer qu’elle circulait régulièrement dans des réseaux locaux.
À l’issue de l’enquête, le parquet du district de Haïfa a déposé un acte d’accusation devant le tribunal de district, visant les deux hommes pour :
- détention et transport illégaux d’une arme,
- usage d’arme à feu en zone publique,
- mise en danger de mineur,
- et possession d’équipement de tir non autorisé.
En parallèle, le parquet a également demandé leur détention jusqu’à la fin de la procédure ainsi que la confiscation des deux véhicules utilisés pour transporter l’arme. Selon la police, ces voitures faisaient partie intégrante du réseau logistique qui permettait la circulation clandestine du pistolet.
Ces révélations mettent en lumière un phénomène préoccupant : la prolifération d’armes illégales dans le secteur arabe du nord d’Israël. Depuis le début de l’année, plus de 990 armes ont été saisies dans le district Nord, et plusieurs cellules armées ont été démantelées, selon les données de la police. Malgré cela, les forces de sécurité admettent que la demande pour des armes illégales reste élevée, alimentée par des vendettas locales, des rivalités criminelles et un sentiment d’impunité dans certains quartiers.
Pour les policiers, les images de l’enfant deviennent l’un des symboles les plus choquants de cette dérive. « Nous faisons face à des comportements qui dépassent la criminalité classique », explique un officier du district. « C’est une combinaison de négligence extrême, de glorification de l’arme et d’absence de conscience parentale. Nous avons évité un drame de justesse. »
Au-delà du choc suscité par les vidéos, cette affaire relance le débat sur la nécessité d’un contrôle renforcé dans les localités arabes, où des milliers d’armes circuleraient encore selon les estimations des services de sécurité. Les responsables politiques, à droite comme à gauche, reconnaissent souvent en privé qu’il s’agit de l’une des menaces internes les plus sérieuses, notamment à l’heure où Israël doit déjà faire face à des défis sécuritaires majeurs au nord et au sud.
Pour les habitants d’Arraba, l’affaire crée un mélange de honte, de colère et d’inquiétude. Plusieurs responsables municipaux ont dénoncé l’image donnée de leur ville, tout en soulignant la nécessité pour l’État de renforcer la présence policière. « Il n’est pas acceptable que des armes circulent chez nous comme dans un marché noir », affirme un élu local. « Mais il n’est pas acceptable non plus que l’État ne traite la violence que lorsqu’elle devient virale. »
La police, pour sa part, promet de poursuivre les opérations « avec détermination » afin d’assainir la région : « Les citoyens doivent savoir que manipuler une arme illégale n’est pas un ‘jeu’, c’est un crime. Et exposer un bébé à ce danger est impardonnable », déclare un porte-parole.
L’affaire, qui sera jugée dans les prochains mois, pourrait devenir un cas test pour les tribunaux israéliens, confrontés à une montée inquiétante de la criminalité armée. Mais pour beaucoup d’observateurs, une question demeure : que serait-il advenu si la vidéo n’avait jamais été découverte ?
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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