Un « prix » politique contre la Russie : IsraĂ«l envisage des mesures dramatiques si les activitĂ©s de l’Agence juive sont compromises

Le Premier ministre Yair Lapid a chargĂ© le ministĂšre des Affaires Ă©trangĂšres de formuler un ensemble de mesures politiques contre la Russie, qui seront mises en Ɠuvre au cas oĂč Moscou mettrait Ă  exĂ©cution sa menace de fermer les activitĂ©s de l’Agence juive dans le pays.

Ce sont des pas diplomatiques pointus au niveau des relations entre les pays, et dans la discussion qui s’est tenue sur le sujet hier (samedi), il y avait mĂȘme des propositions pour envisager des changements dans la politique israĂ©lienne envers l’Ukraine. D’autre part, certains partis politiques estiment que le paquet de mesures devrait Ă©galement inclure des « carottes » et pas seulement des « bĂątons ».

Selon une source politique qui s’est entretenue avec « Israel Hayom », la dĂ©lĂ©gation lĂ©gale organisĂ©e par IsraĂ«l qui devait se rendre en Russie aujourd’hui n’est pas encore partie, car les Russes ne les ont pas encore approuvĂ©s pour recevoir des visas.

Lapid, qui est Ă©galement ministre des Affaires Ă©trangĂšres, examinera l’éventail des mesures possibles et prendra une dĂ©cision dans les prochains jours, mais la ligne qui a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ©e est celle d’une politique agressive et d’exiger un prix, pas de calmer les Russes . L’hypothĂšse de travail Ă  JĂ©rusalem est que c’est la seule approche qui peut ĂȘtre efficace contre le Kremlin.

Cependant, en IsraĂ«l, ils essaieront de combiner agression et prudence, car au-delĂ  de la question de l’agence et de la communautĂ© juive, la Russie a toujours la capacitĂ© de nuire Ă  la libertĂ© d’action de Tsahal en Syrie et on craint mĂȘme qu’elle ne transfĂšre des systĂšmes avancĂ©es avec les Missiles anti-aĂ©riens S-400 Ă  l’Iran. Dans le passĂ©, les pourparlers sur cette question entre TĂ©hĂ©ran et Moscou avaient atteint des stades avancĂ©s, mais finalement, sous la pression israĂ©lienne sous Netanyahu, la Russie s’est retirĂ©e de l’accord en 2019.

Zvi Magen, qui a Ă©tĂ© ambassadeur d’IsraĂ«l en Russie et en Ukraine et a dirigĂ© l’organisation « Nativ », a estimĂ© lors d’une conversation avec « Israel Hayom » que JĂ©rusalem disposait de diverses options pour faire pression sur Moscou : « IsraĂ«l peut changer sa position de facto position neutre concernant la guerre en Ukraine. Bien sĂ»r, ils peut avoir des consĂ©quences nĂ©fastes du cĂŽtĂ© russe, mais c’est une possibilitĂ©.

« En outre, IsraĂ«l peut accepter des sanctions occidentales contre la Russie, dont il ne fait pas partie actuellement. Les sanctions imposĂ©es Ă  Moscou ne sont pas le rĂ©sultat d’une dĂ©cision du Conseil de sĂ©curitĂ©, mais d’initiatives indĂ©pendantes des États-Unis, de l’Union europĂ©enne et d’autres pays, et par consĂ©quent ils ne sont pas contraignants pour IsraĂ«l. »

Magen estime que malgrĂ© la sensibilitĂ© d’IsraĂ«l Ă  la libertĂ© d’action de Tsahal en Syrie, dans la situation actuelle, les Russes ont suffisamment de raisons de ne pas changer le statu quo qui existe sur la question : « Le complexe politique et militaire dans lequel se trouvent les Russes permet IsraĂ«l plus de libertĂ© dans l’exercice de leviers de pression sur Moscou », a-t-il dĂ©clarĂ©. Dans ce contexte, il estime mĂȘme que la Russie pourrait finalement ne pas mettre Ă  exĂ©cution la menace d’arrĂȘter les activitĂ©s de l’Agence juive sur son territoire.

Comme vous vous en souvenez peut-ĂȘtre, dans le passĂ©, il y a eu des cas oĂč la Russie a utilisĂ© une rhĂ©torique forte, mais a finalement Ă©vitĂ© de « casser les outils » dans ses relations avec IsraĂ«l. Ce fut le cas, par exemple, aprĂšs l’incident au-dessus de la Syrie au cours duquel un avion espion russe a Ă©tĂ© abattu lors d’une attaque israĂ©lienne par un missile anti-aĂ©rien syrien, et 15 membres de son Ă©quipage ont Ă©tĂ© tuĂ©s. IsraĂ«l, a finalement continuĂ© sa coordination avec eux concernant l’activitĂ© de Tsahal en Syrie mais tout cela fut lors du gouvernement Trump et Netanyahu qui avaient de bonnes relations avec Poutine contrairement Ă  Lapid et Bennett.

MalgrĂ© ces choses, Ă  JĂ©rusalem, il y a une rĂ©elle crainte que cette fois les Russes aient l’intention de mettre Ă  exĂ©cution la menace. Hier matin, Lapid a convoquĂ© une discussion spĂ©ciale sur la crise avec la participation de hauts fonctionnaires de l’Agence, du ministĂšre des Affaires Ă©trangĂšres et du Conseil national de sĂ©curitĂ©, aux cĂŽtĂ©s du ministre de la Construction et du Logement Elkin et du ministre des Finances Lieberman, invitĂ©s en raison de leur profonde familiaritĂ© avec la Russie, et le ministre de l’Immigration et de l’IntĂ©gration PĂ©nina Tamno Sheta. AprĂšs la discussion, Lapid a dĂ©clarĂ© que « la fermeture des bureaux de l’agence sera un Ă©vĂ©nement grave qui affectera les relations entre les pays ».

Le Premier ministre a demandĂ© Ă  la dĂ©lĂ©gation juridique d’ĂȘtre prĂȘte Ă  partir pour Moscou dĂšs rĂ©ception de l’approbation russe pour des pourparlers sur la question, et de tout mettre en Ɠuvre pour maximiser le dialogue juridique. « Israel Hayom » a appris que la dĂ©lĂ©gation, qui, comme mentionnĂ©, a Ă©tĂ© dĂ©finie comme « lĂ©gale », comprend Ă©galement des diplomates, Ă©tant entendu qu’il s’agit d’une crise politique et que sa couverture juridique n’est qu’une excuse des Russes.

La dĂ©ception prĂ©vaut en IsraĂ«l face Ă  la conduite russe, et des personnalitĂ©s politiques ont soulignĂ© que le processus judiciaire se dĂ©roule Ă  une vitesse inhabituelle. La raison pour laquelle les Russes ont pris cette dĂ©cision n’est pas tout Ă  fait claire, mais l’hypothĂšse est que cela est liĂ© Ă  leur mĂ©contentement face Ă  la guerre en Ukraine, combinĂ© Ă  d’autres facteurs.

Entre autres choses, des explications ont Ă©tĂ© avancĂ©es selon lesquelles les Russes sont frustrĂ©s que la dĂ©cision du gouvernement de leur transfĂ©rer le tribunal d’Alexandre Ă  JĂ©rusalem ne soit pas mise en Ɠuvre pour le moment, aprĂšs que le tribunal l’a invalidĂ©e. En outre, il est possible qu’à Moscou, l’ampleur des activitĂ©s de Tsahal en Syrie suscite un mĂ©contentement.

Un responsable politique qui s’est entretenu avec « Israel Today » a dĂ©clarĂ© que « la conduite russe nous ramĂšne 40 ans en arriĂšre, Ă  la pĂ©riode du rideau de fer. Nous sommes clairs qu’il s’agit d’un incident politique initiĂ© et dĂ©libĂ©rĂ©, mais malgrĂ© cela, extĂ©rieurement, nous avons l’intention de ‘ « jouer le jeu russe » selon lequel il ne s’agit que d’une question de droit. C’est pourquoi une dĂ©lĂ©gation de juristes se rendra Ă  Moscou, tandis que des efforts diplomatiques sont dĂ©ployĂ©s en coulisses pour rĂ©soudre la crise.


RĂ©daction francophone Infos Israel News pour l’actualitĂ© israĂ©lienne
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