Un nouveau rapport de Greenpeace, publié cette semaine, jette une lumière inquiétante sur la présence de substances chimiques dangereuses dans les vêtements de la marque Shein vendus en Israël. Selon les analyses réalisées par un laboratoire indépendant allemand, certains articles achetés en Israël affichent les concentrations les plus élevées de PFAS — les “produits chimiques éternels” — parmi les huit pays étudiés.
Source : https://www.kikar.co.il
Ces substances, connues pour leur persistance dans l’environnement et leur toxicité potentielle pour la santé humaine, sont déjà sous surveillance dans de nombreux pays. Le rapport révèle des dépassements spectaculaires des normes européennes, relançant le débat sur l’impact de l’industrie de la mode ultra-rapide sur les consommateurs et sur la régulation des importations en Israël.
Une étude internationale menée sur 56 articles
Greenpeace a acheté 56 articles Shein dans huit pays : Israël, Allemagne, Portugal, Suisse, Autriche, Suède, Espagne et Thaïlande, avant de les envoyer au Bremer Umweltinstitut, institut allemand spécialisé dans l’analyse environnementale et certifié selon les standards internationaux.
Chaque article a été analysé selon sa composition textile afin d’identifier des familles de substances typiques. Les résultats montrent que 32 % des produits testés dépassent les seuils autorisés par la réglementation européenne REACH.
Mais c’est dans le lot israélien que se trouve la découverte la plus alarmante : un manteau contenant 850 mg de PFAS par kilo de tissu, soit 3 269 fois la limite légale européenne fixée à 0,26 mg/kg.
Quatre des cinq produits achetés en Israël contenaient des substances dangereuses, et deux dépassaient les seuils réglementaires.
PFAS : les “chimies éternelles” qui s’accumulent dans les organismes
Les PFAS (per- et polyfluoroalkylées) sont des composés utilisés notamment pour rendre les tissus résistants à l’eau et aux taches. Leur particularité — et leur danger — réside dans leur quasi-impossibilité à se dégrader. On les retrouve dans l’eau potable, les sols, les nappes phréatiques, et ils s’accumulent dans les organismes vivants.
Des études internationales les associent à :
- plusieurs cancers,
- des troubles de la fertilité,
- des perturbations endocriniennes,
- des retards de croissance chez les enfants,
- une altération du système immunitaire.
Le rapport met en garde : ces substances peuvent entrer dans le corps par simple contact avec la peau, par l’absorption via la transpiration, via l’inhalation de microfibres, ou encore à travers les eaux de lavage qui entraînent les PFAS vers les stations d’épuration — puis vers les sols et les nappes phréatiques.
Des métaux lourds et des phtalates également détectés
Au-delà des PFAS, le rapport signale aussi la présence de métaux lourds tels que le plomb (Pb) et le cadmium (Cd) dans 28 des 56 articles testés. Deux d’entre eux dépassent les normes européennes.
En Israël, plusieurs articles contenaient des métaux lourds, notamment :
- des sandales pour femmes,
- un t-shirt pour hommes,
- un vĂŞtement pour enfant.
Si les niveaux observés respectaient les limites légales européennes, leur présence reste préoccupante, surtout pour des articles destinés aux enfants.
Par ailleurs, 14 produits présentaient des taux élevés de phtalates, utilisés comme plastifiants dans certains textiles et chaussures. Ils sont connus pour être des perturbateurs endocriniens.
Shein, symbole controversé de la fast-fashion mondiale
Shein domine le marché mondial de la mode ultra-rapide depuis plusieurs années, produisant en masse des vêtements bon marché, souvent renouvelés à un rythme effréné. Cette stratégie s’accompagne de critiques récurrentes : conditions de production opaques, contrôle qualité minimal, absence de transparence dans les chaînes d’approvisionnement et impacts environnementaux massifs.
Le rapport de Greenpeace confirme que la marque continue d’échapper aux normes auxquelles sont soumises les entreprises locales dans les différents pays : ses ventes en ligne permettent à de nombreux produits de contourner les contrôles douaniers ou de qualité.
En Israël, où la fast-fashion a explosé au cours de la dernière décennie, la question de la régulation revient régulièrement sur la table, mais le marché reste largement dérégulé.
Les ONG appellent à une législation stricte en Israël
Selon Neta Shalit, responsable du secteur consommation chez Greenpeace Israël, citée dans le rapport :
« Shein inonde le monde de vêtements de mauvaise qualité, et malgré leurs promesses, ils sont souvent contaminés par des produits chimiques dangereux. Pour protéger les consommateurs israéliens, il faut des lois fortes contre la mode ultra-rapide. »
Les ONG demandent :
- un renforcement des contrĂ´les douaniers,
- l’application en Israël de normes similaires à REACH,
- des sanctions contre les importateurs vendant des produits dangereux,
- une transparence accrue de la part des plateformes en ligne.
Vers une mobilisation politique ?
Les conclusions du rapport pourraient inciter les autorités israéliennes à réexaminer les règles d’importation des textiles, alors que plusieurs pays européens envisagent déjà de bannir certains PFAS d’ici 2030.
En parallèle, certains experts israéliens rappellent que les consommateurs ont eux-mêmes un rôle à jouer : privilégier des vêtements durables, éviter les achats impulsifs, et se poser la question du “coût réel” d’un vêtement — pour la santé et pour l’environnement.
Le rapport s’ajoute à une série de investigations internationales sur Shein, dont la présence massive sur le marché mondial dépasse largement la capacité des gouvernements à réguler efficacement ses pratiques.
Conclusion : une alerte sanitaire et environnementale majeure
Les résultats publiés par Greenpeace rappellent ce que de nombreux chercheurs dénoncent depuis des années : la mode ultra-rapide peut avoir un coût immense pour la santé publique. Avec des niveaux de toxines “hors norme”, les vêtements Shein vendus en Israël représentent bien plus qu’un simple problème commercial — c’est un défi sanitaire national.
Si les autorités israéliennes décident d’agir, cette affaire pourrait devenir un précédent dans la régulation de la fast-fashion en ligne. En attendant, les consommateurs restent exposés à des risques largement invisibles, dissimulés derrière des prix attractifs.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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