Une bonne consolation est un amour charmant – Par Rony Akrich

 

paysages israéliens

Les propos retenus dans le texte du prophÚte Isaïe informent Jérusalem du futur bon dénouement des épreuves traversées.

Cette triste Histoire d’IsraĂ«l s’était rĂ©pandue aux sons des chagrins et du dĂ©sespoir et voilĂ , soudain, que les cieux s’éclaircissent et promettent Ă  nos exilĂ©s le retour et des jours meilleurs.

Oh combien notre gĂ©nĂ©ration peut ĂȘtre sensible Ă  cette lecture qui lui rappelle tout autant les jours d’antan que ceux de maintenant!

 

« Consolez, consolez Mon peuple, dit votre D.ieu » (Isaïe 40,1).

 

Au cours de la longue Ă©popĂ©e des HĂ©breux, tant en Terre Sainte que dans le dĂ©sert des peuples, les gardiens du Texte SacrĂ© ne cessĂšrent de blĂąmer le peuple pour ses Ă©carts et ses transgressions. AssurĂ©ment, ils ne portaient aucune hostilitĂ©, ni aucune haine envers leurs frĂšres, leurs reproches exprimaient une rĂ©elle inquiĂ©tude et une seule et mĂȘme volontĂ©, celle de pouvoir les raccompagner au sein de leur famille naturelle.

Les rĂ©primandes concernant les fautes de la nation n’étaient guĂšre tendres, ils avaient devant eux un peuple tĂȘtu  « à la nuque roide », et beaucoup refusaient de pratiquer la loi Divine.

De temps Ă  autre, leurs allocutions Ă©taient parsemĂ©es de sanglots longs, et leur cƓur contrit par la peine.

Leur objectif Ă©tait, exclusivement, le retour, le repentir des enfants d’IsraĂ«l, et d’apporter une vraie rĂ©ponse Ă  leurs justes questions.

Le bien-ĂȘtre spirituel est insĂ©parable du bien de l’avoir matĂ©riel, il fallait permettre aux enfants d’IsraĂ«l d’accĂ©der au sens profond de la plĂ©nitude, ici, maintenant et pour l’éternitĂ©.

Pour mieux faire, nous avons besoin de maĂźtres dont l’étoffe et la comprĂ©hension dĂ©passent l’attitude et la bienveillance « du commun des mortels », d’authentiques hĂ©ros de l’esprit, obnubilĂ©s Ă  jamais par la passion de dĂ©fendre IsraĂ«l. Ceux-lĂ  se dĂ©lectent des formules de mots bonifiants, ils aiment conjuguer les verbes de la consolation lorsqu’ils rappellent les qualitĂ©s du peuple de D.ieu. Le pĂšre comme le maĂźtre, tout Ă©ducateur, admoneste et rĂ©primande l’enfant ou l’élĂšve, mais rĂ©ussit Ă  le pousser vers le meilleur de lui-mĂȘme, ce sera le fruit de deux vertus : l’amour et la confiance qui lui seront offerts.

Oui, nous affirmons sans l’ombre d’un doute, qu’alors, les chemins vers la puretĂ© et la saintetĂ© seront accessibles Ă  tous et mis en valeur par le plus grand nombre.

La lente ascension de la terre vers le firmament peut enfin se réaliser car nos Hébreux auraient décidé de filer du bon coton!

 

Certes, ces Sages emplis d’un amour incommensurable et d’une grĂące infinie ne furent jamais les plus nombreux. Car d’autres, moins perspicaces, mais plus en vogue, apprĂ©hendaient les propos prometteurs et expressions de tolĂ©rance comme des compliments prĂ©judiciables. On redoutait, dans ces milieux trĂšs ‘craintifs’, d’amollir l’esprit juif et qui plus est, de l’engager Ă  dĂ©laisser l’impĂ©ratif du devoir des « actes de contrition et de repentance ».

 

Nous voilĂ  pourtant au temps du retour, envers et contre tous les dĂ©tracteurs de l’Histoire, Juifs et non–Juifs d’ailleurs. Il est temps de se ragaillardir, il est temps de croire sincĂšrement au devenir d’IsraĂ«l:

 

« Parlez au cƓur de JĂ©rusalem, et criez-lui que son temps d’épreuve est fini, que son crime est expiĂ©, qu’elle a reçu de la main du Seigneur double peine pour toutes ses fautes » (2).

 

Aujourd’hui, la seule vertu vĂ©ritable, blason de nos sages, sera cet amour incandescent et inconditionnel pour le peuple des HĂ©breux. Tous, sans aucune exception, si ce n’est ceux qui abandonnent l’assemblĂ©e, seront entrepris par ces sentiments, ces vertus, ces valeurs louant les enfants d’IsraĂ«l. Tous voudront rejoindre les rangs de l’Amour, de la Confiance, de la vĂ©ritĂ© Divine, nul ne se refusera le droit Ă  l’émotion du cƓur.

Ils sont venus, ils sont tous lĂ , tĂ©moins de la rĂ©surrection de la Terre et du Peuple, tous veulent louer l’Éternel et encourager IsraĂ«l.

Il s’agit d’un enseignement du Rav Abraham Yitzhak Hacohen Kook dans une Ă©tude appelĂ©e Ă  bon escient: ‘La consolation d’IsraĂ«l’ (Maamarei HaRéïya 279). En clair, s’il est de notre devoir de rĂ©conforter les endeuillĂ©s,  suite aux drames qui les touchent, Ă  fortiori devons-nous consoler et relever la Nation des drames qui l’ont blessĂ©e.

Expliquons-nous, de quelle consolation s’agit-il?  

Pour cela, il nous faut entendre et traduire cette partie du verset: «Son temps d’épreuve est fini, et que son crime est expié». La levĂ©e d’écrou est pour maintenant, nous sommes au temps de la libĂ©ration, dehors les arbres bourgeonnent, la terre est humide et les cieux laissent passer les rayons chaleureux du soleil.

C’est bien le printemps, celui de notre Histoire, il survient aprùs une dure et longue hibernation:

 

«C’est Ă  cause de nos fautes que nous avons Ă©tĂ© exilĂ©s. » (PriĂšre des jours de fĂȘtes).

 

Cette rĂšgle est maintes fois rĂ©itĂ©rĂ©e dans le chapitre biblique, Ă  travers chacun de ses rappels, il nous faut clairement entendre la leçon. L’exil n’explique pas le chĂątiment, Ă©vident, consĂ©quent de nos crimes. Il n’est pas non plus un acte de reprĂ©sailles Divines, son rĂŽle est d’abord et avant tout, purificateur.  Nous y avons perdu, sans appel, notre dimension nationale, c’est Ă  dire notre souverainetĂ© et notre indĂ©pendance politique, en exil nous avons souffert des douleurs de la lente agonie. Les Ă©vĂ©nements comme les peuples, tous ont participĂ©, tout au long des siĂšcles, au gommage de nos erreurs. Et nous revoilĂ  sur le devant de la scĂšne, pas peu fiers, alors que nul ne nous attendait plus, ensemble nous dĂ©couvrons et dĂ©cuplons nos forces afin de rebĂątir la promesse.

Une nouvelle vie pour notre Peuple Saint, une nouvelle chair pour notre Terre saine et un nouveau Souffle pour notre noble Torah.

 

La dĂ©cision divine, suite aux diffĂ©rents Ă©checs de l’HumanitĂ©, de choisir Ă  travers un peuple l’assurance d’un probable devenir pour Sa crĂ©ation, fut un rĂ©el bouleversement. Je l’ai dĂ©jĂ  dit et Ă©crit, des Justes parmi les nations existent et existeront toujours, lĂ  n’est pas le sujet,  les HĂ©breux doivent l’ĂȘtre, comprenez, une nation juste ! Dieu dit Ă  Abraham :

 

« Je ferai de toi une grande nation, un royaume de prĂȘtres, une nation sainte. » (GenĂšse 12).

 

On ne parle plus ici, seulement, de la dimension sacrĂ©e de l’homme comme individu, mais de l’Homme dans un autre ordre d’idĂ©e, celui du collectif, de l’ensemble. GrĂące aux HĂ©breux, un nouveau monde va se rĂ©vĂ©ler, non seulement celui de personnalitĂ©s Ă©minentes dans leur tour d’ivoire, mais aussi d’une communautĂ©. Cette derniĂšre sera suffisamment compĂ©tente pour conduire son existence Ă  la lumiĂšre de l’enseignement Divin et prouver pour l’essentiel que tout devient possible Ă  l’échelon national, Ă  travers ses diffĂ©rentes couches sociales.

 

HĂ©las, trois fois hĂ©las, le peuple des HĂ©breux gĂącha l’occasion qui s’offrait Ă  lui et se laissa aller sans retour. Les royaumes d’IsraĂ«l et de JudĂ©e faillirent Ă  leur tĂąche, ils ne furent pas des royaumes saints, mais bien le repaire de fripouilles et de malandrins. Aucun pouvoir Ă©thique,  une communautĂ© en perte de vitesse morale, tous se perdaient dans la confusion des valeurs perverties, un drame fatal se jouait chez des ĂȘtres devenus pitoyables. Les prophĂštes ne mĂ©nagĂšrent point leurs efforts et tentĂšrent l’impossible pour guĂ©rir le peuple, mais rien n’y fit. Le peuple contraignit l’Éternel Ă  mettre fin Ă  cette tentative de ‘Nation Juste’ et provoqua la chute et la ruine du Royaume d’IsraĂ«l.

 

Selon le Rav Kook zatsal, le dessein du second Temple fut incontestablement de prĂ©parer les HĂ©breux Ă©chouĂ©s Ă  devenir le peuple juif, en clair, une classe prĂ©paratoire Ă  deux mille ans d’exil. Sa maniĂšre de vivre allait changer du tout au tout, la Torah d’une Nation allait se rĂ©duire Ă  sa portion congrue et devenir la religion d’un JudaĂŻsme individuel.

De retour au sein nourricier de notre foyer ancestral et malgrĂ© les vicissitudes inhĂ©rentes Ă  ce retour, nous Ă©laborons au nez et Ă  la barbe des peuples, une nation juste et morale. L’éveil des enfants d’IsraĂ«l, ceux qui aspiraient aux retrouvailles, les amants de Sion, les voici, ils reviennent et affluent, des quatre points cardinaux, vers la Terre tant adulĂ©e.

À l’inverse de nos dĂ©tracteurs d’ici et de lĂ -bas, et quoi qu’on en dise, notre Ă©tat est un Ă©tat de droit et de justice. Certains diraient mĂȘme, qu’il nous arrive d’en faire trop!

Un comique israĂ©lien dĂ©clara un beau jour qu’il ne comprenait guĂšre pourquoi, au concours international de « Miss Moralité », nous nous classions toujours en derniĂšre position selon les votes, en Ă©tant le seul concurrent?!

GrĂące Ă  Dieu, les citoyens HĂ©breux qui habitent en IsraĂ«l, mis Ă  part quelques Ă©nergumĂšnes trĂšs fatiguĂ©s et non reprĂ©sentatifs de la collectivitĂ© nationale, sont porteurs de valeurs hautement morales et nul, parmi les nations, ne peut rivaliser avec leur maniĂšre d’ĂȘtre et de se comporter.

 

Bien sĂ»r, aucun d’entre nous ne peut revendiquer d’ĂȘtre parfait, nous sommes encore et toujours en route sur la voie du perfectible. Nous n’avons pas encore atteint cet idĂ©al fixĂ© par l’Éternel, il nous est finalement impossible de penser pouvoir nous reposer sur nos lauriers. Il existe chez nous d’autres coins d’ombre qui rĂ©clameront un nouvel Ă©clairage grĂące au gĂ©nie de la Torah. Mais rassurons-nous, IsraĂ«l dispose de ressources innĂ©es Ă  son Ăąme et sa conscience pour gĂ©nĂ©rer l’État idĂ©al, une solide assise pour faire de la Terre un royaume Divin.

 

Personne ne conteste un fait indĂ©niable,  il est souvent nĂ©cessaire de critiquer ou de sermonner des citoyens de notre peuple dont l’attitude demeure vraiment dĂ©plorable. Cependant,  le soutien et l’encouragement, dont nous traitions ici les tenants et les aboutissants, touchent le peuple dans son ensemble. Il ne pourra s’amĂ©liorer qu’au travers de notre volontĂ© Ă  aimer ce qu’il possĂšde de meilleur, Ă  dĂ©voiler sa lumiĂšre cachĂ©e et lui redonner sa confiance en lui-mĂȘme et en son devenir.

 

Absolument, «Les fleurs se montrent sur la terre, le temps des chansons est venu, la voix de la tourterelle se fait entendre dans nos campagnes.» (Shir HaShirim 2.12)

La dĂ©livrance tant attendue pointe son nez, l’instant du rĂ©confort est effectivement arrivĂ© avec sa toute nouvelle alliance, nous sommes au Printemps de notre Histoire retrouvĂ©e:

 

« Une voix proclame : Dans le dĂ©sert, dĂ©blayez la route du Seigneur, nivelez dans la campagne aride une chaussĂ©e pour notre D.ieu ! Que toute vallĂ©e soit exhaussĂ©e! Que toute montagne et colline s’abaisse, et que les pentes se changent en plaines, les crĂȘtes escarpĂ©es en vallons, la gloire du Seigneur va se rĂ©vĂ©ler, et toutes les crĂ©atures ensemble en seront tĂ©moins ! » (Isaie 40, 3).


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