Une rĂ©ponse prudente Ă  l’Iran pourrait ĂȘtre la pierre angulaire des Accords d’Abraham 2.0

L’impressionnante coalition internationale qui a activement participĂ© Ă  contrecarrer l’attaque massive de missiles et de drones iraniens contre IsraĂ«l le week-end dernier n’était pas la premiĂšre fois dans l’histoire d’IsraĂ«l qu’un partenariat stratĂ©gique, de renseignement et diplomatique de grande envergure Ă©tait formĂ© autour d’elle sous les auspices du gouvernement amĂ©ricain.

Il s’agissait de « l’alliance de la pĂ©riphĂ©rie », qui a pris forme Ă  la fin des annĂ©es 1950 et comprenait, outre IsraĂ«l, l’Iran (Ă  l’époque prĂ©-Ă©volutionnaire), la Turquie et l’Éthiopie. Comme aujourd’hui, l’alliance Ă©tait principalement ancrĂ©e dans la peur de ses membres face Ă  un acteur radical et militant dans la rĂ©gion, dont ils percevaient l’autonomisation comme une menace directe et grave pour leur sĂ©curitĂ© et leur rĂ©gime.

En effet, c’est l’Égypte rĂ©volutionnaire, sous la direction du prĂ©sident Gamal Abdel Nasser, qui a agi dans toute la rĂ©gion pour miner davantage le statut des derniers bastions pro-occidentaux de la rĂ©gion et les dĂ©tĂ©riorer dans un chaos violent.

La coalition d’aujourd’hui qui opĂšre aux cĂŽtĂ©s d’IsraĂ«l est en effet beaucoup plus vaste que celle qui a Ă©mergĂ© en 1959. Pourtant, elle illustre le fait qu’avec l’ombre d’une menace commune et grave qui se profile, la crĂ©ation et le renforcement de partenariats sont accĂ©lĂ©rĂ©s Ă  plusieurs reprises, ce qui, dans les rĂ©cents passĂ© Ă©taient partiels ou chargĂ©s de tensions et de frictions.

La nĂ©cessitĂ© d’une alliance militaire

Le rĂŽle de l’administration amĂ©ricaine aujourd’hui diffĂšre considĂ©rablement de sa contribution Ă  « l’alliance de la pĂ©riphĂ©rie ». Il y a soixante-cinq ans, avant mĂȘme que Washington ne devienne l’alliĂ© dĂ©clarĂ© d’IsraĂ«l, les États-Unis maintenaient autant que possible un profil bas sur tout ce qui concernait leur implication dans le dĂ©fi Ă©gyptien qui s’aggravait.

Mais cette fois, les efforts du prĂ©sident amĂ©ricain Joe Biden pour tisser tous les fils de la coalition ont Ă©tĂ© intenses et accompagnĂ©s de menaces ouvertes contre l’Iran. Il est sans aucun doute vital que la Maison Blanche projette force, crĂ©dibilitĂ© et dĂ©termination envers « l’Axe du Mal » au plus fort de l’annĂ©e Ă©lectorale. Tout signe de faiblesse ou d’hĂ©sitation face Ă  l’axe irano-russe-chinois rappellerait le retrait prĂ©cipitĂ© des forces amĂ©ricaines de Kaboul, renforçant ainsi encore l’image de l’aigle amĂ©ricain comme « aigle de papier ». Par consĂ©quent, la formation d’une coalition aussi complexe, capable d’agir efficacement contre un adversaire dĂ©terminĂ©, constitue une preuve irrĂ©futable de la nĂ©cessitĂ© d’une alliance militaire. Cela est particuliĂšrement vrai compte tenu de l’aspiration dĂ©clarĂ©e du candidat rĂ©publicain Ă  la prĂ©sidence, Donald Trump, Ă  se dĂ©sengager progressivement de tous ses engagements multilatĂ©raux et Ă  se retirer sur le continent amĂ©ricain.

Un événement déterminant

Quant au rĂŽle d’IsraĂ«l dans la coalition, il ne fait aucun doute que les capacitĂ©s Ă©prouvĂ©es et impressionnantes de l’armĂ©e de l’air israĂ©lienne, associĂ©es Ă  ses compĂ©tences technologiques distinctes et extraordinaires dans la dĂ©fense presque hermĂ©tique de l’espace aĂ©rien israĂ©lien, ont Ă©tĂ© bien accueillies non seulement en Iran mais aussi Ă  Moscou et PĂ©kin. Il est indĂ©niable qu’ils ont contribuĂ©, presque immĂ©diatement, Ă  la perception du monde musulman-sunnite modĂ©rĂ© quant Ă  l’importance de renforcer ses liens avec IsraĂ«l.

À cet Ă©gard, la dĂ©monstration par IsraĂ«l de ses capacitĂ©s militaires a Ă©tĂ© un Ă©vĂ©nement dĂ©terminant, avec un grand potentiel pour contribuer Ă  la formation et Ă  l’établissement d’une nouvelle architecture rĂ©gionale qui ajoutera une dimension stratĂ©gique et opĂ©rationnelle aux accords d’Abraham – en particulier dans le contexte du choc du 7 octobre, qui a sans aucun doute soulevĂ© des questions et des inquiĂ©tudes parmi les partenaires actuels et potentiels concernant la capacitĂ© d’IsraĂ«l Ă  se prĂ©parer Ă  de futures attaques et sa capacitĂ© Ă  se dĂ©fendre de maniĂšre indĂ©pendante contre des attaques terroristes meurtriĂšres.

À la lumiĂšre de cela, le Premier ministre Benjamin Netanyahu se trouve Ă  la croisĂ©e des chemins. Au cours de l’annĂ©e Ă©coulĂ©e, il a donnĂ© la prioritĂ© aux considĂ©rations liĂ©es Ă  sa survie politique plutĂŽt qu’à la promotion des objectifs diplomatiques, sĂ©curitaires et sociaux de l’État d’IsraĂ«l. Cette fois, les choses pourraient ĂȘtre diffĂ©rentes. Une fenĂȘtre d’opportunitĂ© unique s’ouvre pour crĂ©er un nouveau Moyen-Orient stable et uni, qui constituera le deuxiĂšme niveau des « Accords d’Abraham ». Ce niveau sera peuplĂ© de nouveaux acteurs rĂ©gionaux, menĂ©s par l’Arabie Saoudite, qui, avec l’infrastructure existante, fourniront Ă  IsraĂ«l une force et une sĂ©curitĂ© accrues, sans parler d’une large lĂ©gitimitĂ© internationale.

La retenue ne compromettra pas la sécurité

Dans une Ă©valuation froide et calculĂ©e, la question se pose de savoir s’il est raisonnable de mettre en danger ces atouts, qui sont Ă  notre portĂ©e, et d’insister au contraire sur des questions telles que le retour des Palestiniens au nord de la bande de Gaza ou mĂȘme sur la nature des relations internationales. Force arabe qui gouvernera la bande de Gaza aprĂšs la guerre (Ă  condition qu’elle n’inclue en aucun cas le Hamas ou ses mandataires). La dĂ©pendance de Netanyahu Ă  l’égard de ses partenaires de droite l’emporte-t-elle sur la crĂ©ation d’une nouvelle rĂ©alitĂ©, qui, entre autres, garantira son hĂ©ritage, mĂȘme si cela a un certain prix ? Et est-il essentiel de considĂ©rer la politique de dissuasion d’IsraĂ«l comme une doctrine rigide qui ignore le contexte et les circonstances spĂ©cifiques ?

Lors de la guerre du Golfe Persique, Yitzhak Shamir, alors Premier ministre, a dĂ©cidĂ© de ne pas rĂ©pondre aux attaques de missiles Scud irakiens. Shamir a bien compris que l’adhĂ©sion dogmatique Ă  cette doctrine mettrait Ă  rude Ă©preuve le soutien arabe dans la large coalition que le prĂ©sident amĂ©ricain George HW Bush avait bĂątie contre Saddam Hussein aprĂšs l’invasion du KoweĂŻt par l’Irak, sapant ainsi l’unitĂ©. La politique de retenue d’IsraĂ«l a-t-elle affectĂ© sa doctrine de dissuasion ? Au contraire, l’abondance d’avantages et de subventions que le gouvernement amĂ©ricain et le CongrĂšs ont accordĂ©s Ă  IsraĂ«l en raison de sa retenue constituaient une compensation significative pour son inaction, qui, si elle Ă©tait effectivement mise en Ɠuvre et conduisait Ă  la dissolution de la coalition, aurait gravement portĂ© atteinte Ă  sa sĂ©curitĂ© et Ă  sa sĂ©curitĂ©. statut international.

La conclusion est claire : Ă  moins qu’IsraĂ«l ne se contente d’une rĂ©ponse contrĂŽlĂ©e, prudente et limitĂ©e Ă  l’attaque iranienne, le danger d’ĂȘtre entraĂźnĂ© dans un vortex violent et radical pourrait effacer et annuler ses succĂšs dans la lutte contre la provocation iranienne, mettant ainsi en pĂ©ril les relations diplomatiques et politiques. des avancĂ©es stratĂ©giques Ă  portĂ©e de main. Toute mesure allant au-delĂ  d’une telle rĂ©ponse pourrait compliquer les choses avec les Russes, qui renforcent actuellement leur emprise sur la rĂ©gion, et avec le rĂ©gime vengeur des ayatollahs.


RĂ©daction francophone Infos Israel News pour l’actualitĂ© israĂ©lienne
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