«Iftah’, le Gilaadite, fils d’une prostituée, était un vaillant guerrier.»
Peu de gens auraient mis cette information, en guise d’introduction, sur leur carte de visite, un propos biblique contrasté pour un personnage, certes, non des moindres.
L’information est pourtant nécessaire car, Guilaad, le père de Iftah’ est bien marié et géniteur d’une progéniture naturelle qui, en grandissant, apprécie de moins en moins la présence du ‘bâtard‘ à sa table. Au moment de la mort du père, les garçons décident, d’une seule et même voix, de chasser du foyer familial l’intrus qui, selon eux, n’a aucun droit à l’héritage.

Blessé dans son amour propre depuis de nombreuses années, le voilà maintenant banni, sans famille, seul et exilé par les enfants de son père.
Iftah’ vagabonde et erre loin de chez lui. Il devient par nécessité et colère chef de bande, les hors-la-loi de tous bords le rejoignent, ensemble ils combattent, pillent et s’enracinent sans crainte dans cette région du grand nord-est de Canaan.
Iftah’ y règne dorénavant en maitre et sa renommée s’étend sur toutes les provinces alentours.
Après la conquête partielle de la terre d’Israël par Yeoshoua, les ennemis des Hébreux reprennent du poil de la bête et ne reculent plus devant de nouvelles opportunités de belligérance.
A l’est du Jourdain, les populations tremblent face à la menace des Ammonites. Les anciens se réunissent afin de nommer un homme de guerre à leur tête, capable d’éliminer la menace imminente. Nulle proposition ne trouve grâce à leurs yeux, aussi décident-ils de faire appel au plus terrible des guerriers qui sévit en ce temps-là : demandons à Iftah, pensent-ils tout naturellement, c’est un enfant du pays, il ne peut refuser ce retour en gloire, dans le giron de sa famille malsaine, en nous conduisant à la victoire.
C’est, certes, sans compter la mémoire infaillible de notre héros.

Il ne laisse rien au hasard et rappelle, à leur mauvais souvenir, le silence complice et assassin dont ils firent preuve, au vu et au su d’une énorme injustice, dont il fut l’innocente victime. Comme fils de p…, il n’eut droit à aucune considération, aucune reconnaissance, il n’était pas assez bien pour eux. Les voilà aujourd’hui, tout penauds devant lui, le visage contrit, les épaules affaissées, les mains jointes de supplications, ils auraient, dit-on, besoin de ses services pour leur sauver la peau ! Ignobles faux-justes, sournois salopards !
Il négocie habilement sa réponse : s’il revient, c’est comme chef des armées et non comme mercenaire. Il faut envisager également, si jamais la victoire leur souriait, une probable direction politique.
Les anciens n’ont guère trop le choix.
Ils acceptent donc l’ensemble des propositions et ramènent ainsi triomphalement le sieur Iftah’ au pays. Celui-ci se met immédiatement dans la peau de son personnage, son rôle sera de conduire les enfants d’Israël au combat et à la victoire matérielle et spirituelle. Etonnamment, tout commence non par la guerre mais par l’ouverture de négociations avec le roi d’Ammon.
Un premier message interpelle le souverain : « pourquoi veux-tu nous combattre ? »
Le roi renvoie une missive : «lorsque votre peuple est sorti d’Egypte, vous avez volé notre terre. Rends-nous (les territoires) et nous ferons la paix ».
Iftah’ ne se laisse pas conter fleurette et répond très sagement avant de verser le sang, il faut en appeler à la raison objective de l’ennemi. Ainsi, non seulement s’avère-t-il fin diplomate, mais tout autant sincèrement humain, sa connaissance du passé de son peuple et de leurs pérégrinations depuis la sortie d’Egypte ne peuvent être le fruit du hasard. Il est le fils d’un père qui prit soin de lui et se préoccupa de son éducation.

Aussi peut-il, avec beaucoup d’assurance, se permettre d’expliquer la vérité historique à son interlocuteur et par la même occasion déclarer être le serviteur du Dieu d’Israël.
Quel chemin parcouru depuis le chef de bande jusqu’au diplomate courageux, l’humble et le profond croyant ?
La réaction d’Ammon est sans surprise. Il refuse de reconnaitre les droits d’Israël. Il refuse de renoncer à sa revendication territoriale.
Il est donc temps, maintenant, de partir en guerre.
Toutefois, Iftah’ s’accorde un moment avant le début des hostilités pour prier. S’agit-il d’une prière ou bien d’un pacte avec l’Eternel ?
Et Iftah’ fit un vœu à l’Eternel en disant : « Si tu livres en mon pouvoir les enfants d’Ammon, la première créature qui sortira de ma maison au-devant de moi, quand je reviendrai vainqueur des enfants d’Ammon, sera vouée à l’Eternel, et je l’offrirai en holocauste. »
Il part combattre les Ammonites, leur inflige une défaite massive et s’en retourne chez lui auréolé des couronnes de la victoire.
C’est sa propre fille qui sort de sa maison et court à sa rencontre au son de la musique et des danses. Elle est son seul enfant, aucun autre fils ou fille, sauf elle.
Lorsqu’il la voit, pleine de vie et d’amour, il tombe à terre et déchire ses vêtements.
Il vient de comprendre le drame dont il est l’auteur.
Ce qui est étrange depuis un moment, c’est bien le fait de savoir que l’Esprit de l’Eternel était avec Iftah’ et pourtant sa parole ne put évaluer l’énormité des conséquences de son verbe prieur.
La grande question reste posée : va-t-il réellement offrir sa fille en holocauste ?
Nous savons pertinemment que les sacrifices humains sont clairement prohibés par Dieu. Aussi ai-je un mal fou et ne puis-je me résoudre à penser qu’il puisse, malgré son vœu, se laisser entrainer dans une telle ignominie.
Quelle souffrance pour sa fille !
Quelle souffrance pour ces femmes que de devoir subir ce choix bien malgré elles, cette vindicte patriarcale !
J’ose espérer un moindre mal que celui du sacrifice humain.
Éventuellement celui d’être consacrer à dieu et seulement à lui, sans jamais se marier ni avoir d’enfants. Chacun se forgera son opinion !
Iftah’ dit à sa fille : « Hélas ! Ma fille, tu m’accables ! C’est toi qui fais mon malheur…! C’est ta faute !»
Elle lui répondit: « Mon père, tu t’es engagé devant Dieu, fais-moi ce qu’a promis ta bouche, maintenant que l’Eternel t’a vengé de tes ennemis, les Ammonites. Seulement, ajoute-t-elle, qu’on m’accorde cette faveur, de me laisser deux mois de répit, afin que j’aille, retirée sur les montagnes, pleurer avec mes amies sur ma virginité. »

Ce passage biblique nous entraine beaucoup plus loin dans notre réflexion.
Sa lecture nous amène à méditer sur la condition des autres filles et femmes tout du long de l’Histoire.
Comment, alors, ne pas se souvenir de la célèbre Iphigénie ?
Euripide écrit deux tragédies, Iphigénie en Tauride et Iphigénie à Aulis, relatant des évènements très ressemblants. On notera que la version adoptée par Euripide dans Iphigénie en Tauride confirme en bien des points celle des Chants Cypriens :
Iphigénie est l’une des filles d’Agamemnon, frère de Ménélas, et de Clytemnestre. Au début de la guerre de Troie, la flotte des Achéens est bloquée dans le port d’Aulis, à cause d’une faute commise par Agamemnon contre la déesse Artémis.
Afin de faire partir cette flotte, ce dernier interroge le devin Calchas. Celui-ci lui répond qu’il ne pourra apaiser la colère de la déesse que s’il sacrifie Iphigénie, sa propre fille.
Comme tout bon père, le souverain s’oppose d’abord à ce sacrifice. Néanmoins, Ulysse et Ménélas parviennent à le convaincre d’accepter. Il monte alors un stratagème et fait venir sa fille à Aulis sous le prétexte de la marier à Achille. Mais selon la légende, le jour du sacrifice, au moment fatidique, Artémis l’aurait prise en pitié et remplacée par une biche, in extremis.
Si nous lisons régulièrement ce chapitre biblique, ce n’est certainement pas pour célébrer l’épouvantable initiative d’Iftah’, mais comme signifié et signifiant évoquant les va-t’en guerre qui tolèrent les possibles sacrifices, non pas d’une, mais de plusieurs filles bien-aimées.
Mon propos est on ne peut plus interpellant. Iftah’ et son homologue Agamemnon ont, chacun, cédé et accepté de sacrifier leur fille, leur enfant, leur propre chair. Nous entretenir de cette malheureuse fille d’Iftah ‘ doit alarmer nos esprits, nous mettre en garde de tout débordement et exacerbation lors des trop plein de guerre ou de paix.
Il faut certes convenir d’un fait indéniable, les sociétés patriarcales et leurs métastases ont, au fil du temps, considéré la gente féminine comme un succédané de la création masculine, une propriété d’objets malléables, utilisables et jetables, en clair, sacrifiés.
Je n’aspire nullement à me laisser enfermer dans ce seul débat, je veux pouvoir ouvrir l’horizon des conflits, de leur contenu dynamique au sein de notre Histoire. Le patriarcat, comme modèle de tutelle masculine, se conçoit à la croisée des chemins de la propriété privée, de la guerre et du rapport aux femmes.
Tout demeure intimement lié.
L’histoire de la fille d’Iftah’ nous questionne et nous bouscule : est-il possible de lire un tel texte où le sacrifice de cette jeune fille, encore vierge, peut être tout ou partie du Livre sacré.
Dans le monde des femmes, des sociétés matriarcales, les mères sont honorées car porteuses et donneuses de vie. Nul enfant de ces mères, jamais, n’auraient pu être offert en sacrifice, et peu importe la raison, aussi sacrée soit-elle  ! La dimension morale et éthique associe des valeurs féminines foncières: l’amour, l’attention, la générosité entre autres. Elles sont les valeurs les plus éminentes que nous connaissions.
Si Iftah’ avait connu sa mère, aurait-il su mieux apprécier et honorer sa fille ? Aurait-il appris à être plus doux, à ne point devoir devenir un hors la loi, un héros, un guerrier ? Aurait-il jamais sacrifié sa fille sur l’autel de la guerre ?
Imaginons-la dans un autre temps empli d’amour et de reconnaissance : elle dansait, cheveux au vent, au son des cithares et des tambourins. Les folles farandoles la voyait sautiller à la gloire de la vie encensée, parents et familles admiraient les sources de jouvence, tous souriaient fièrement. Iftah’ tapait des mains et battait le rythme, le regard repu par tant de bonheur et d’harmonie.
Elles, filles et femmes, louaient, chantaient avec toute la grâce, la beauté et le charme, la joie de vivre !



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