Vers la fin d’UNRWA en Judée-Samarie ? Israël et les États-Unis présentent un plan radical pour transformer les camps de réfugiés

Selon un rapport publié par Al-Akhbar, Washington et Jérusalem ont transmis à l’Autorité palestinienne une feuille de route en six points concernant l’avenir des camps de réfugiés en Judée-Samarie. Au cœur du projet : la dissolution pure et simple du rôle d’UNRWA, accusée depuis des années de complaisance avec le Hamas. Une disparition qui marquerait un tournant historique dans la gestion humanitaire palestinienne.

C’est une information qui pourrait bouleverser un système en place depuis 1949. D’après le quotidien libanais Al-Akhbar, des émissaires américains ont récemment présenté à des responsables palestiniens une série de conditions visant à remodeler en profondeur les camps de réfugiés de Jénine et de Tulkarem. Objectif affiché : démanteler le modèle actuel dominé par l’agence onusienne UNRWA et intégrer progressivement ces camps dans les municipalités locales.

Le premier axe du plan est limpide : retirer à UNRWA toute compétence dans les camps, aussi bien en matière d’éducation que de services sociaux. Les camps deviendraient de simples quartiers urbains, administrés par les municipalités et leurs services. En parallèle, l’Autorité palestinienne devrait prendre en charge la réhabilitation des infrastructures – assainissement, voirie, logement – avec le soutien financier de l’Union européenne, estimé entre 20 et 30 millions d’euros.

Les autres points de la feuille de route révèlent une volonté d’imposer une nouvelle normalité :
Reconstruction des zones détruites par Tsahal, mais avec une interdiction de rebâtir dans la densité anarchique qui a favorisé l’implantation de cellules terroristes.
Création d’un centre de sécurité intégré, regroupant toutes les forces chargées de lutter contre les milices armées.
Transfert de la moitié des habitants vers de nouveaux logements hors du camp, afin de désengorger les quartiers et limiter la reproduction de zones-refuges incontrôlées.
Coordination sécuritaire obligatoire avec Israël, qui validera toute réintégration d’anciens habitants.

Ce projet n’est pas né dans le vide. Depuis plusieurs années, Israël dénonce le rôle « plus que douteux » d’UNRWA, accusée de fermer les yeux sur la militarisation des camps et d’avoir laissé ses écoles et ses infrastructures servir de couverture au Hamas. Les révélations de janvier 2024, où plusieurs employés de l’agence avaient été directement impliqués dans les attaques du 7 octobre, avaient déjà entaché gravement sa crédibilité internationale.

« UNRWA a cessé d’être une organisation humanitaire pour devenir le bras logistique de la haine », accuse un responsable israélien. De nombreux pays donateurs, notamment les États-Unis, avaient d’ailleurs gelé leurs financements en 2024, avant de les rétablir partiellement sous la pression de l’ONU. Mais le discrédit est resté.

Pour Israël, ce plan représente l’occasion d’un changement structurel : sortir d’un système qui a institutionnalisé le « statut de réfugié » palestinien sur plusieurs générations, perpétuant ainsi le conflit au lieu de le résoudre. Pour les Palestiniens, au contraire, UNRWA était perçue comme la garante d’une identité et d’un droit au retour symbolique. La disparition de l’agence signifierait la fin de cette fiction, et donc un choc politique et psychologique majeur.

L’Autorité palestinienne, elle, se retrouve coincée. Elle réclame depuis des années une reconnaissance internationale accrue, mais redoute de perdre un instrument symbolique puissant auprès de sa population. Accepter le plan américain-israélien reviendrait à entériner la disparition d’UNRWA et à assumer la gestion directe de camps jadis gérés par une entité « neutre ». Refuser, c’est courir le risque d’un affrontement frontal avec ses bailleurs de fonds européens et américains.

Derrière ces considérations, l’enjeu est sécuritaire. Pour Tsahal, les camps de réfugiés de Jénine ou de Tulkarem ne sont pas des quartiers « vulnérables », mais des sanctuaires du terrorisme. Les opérations militaires menées en 2023 et 2024 ont mis en lumière des labyrinthes de ruelles étroites, des tunnels improvisés et des caches d’armes camouflées sous les maisons. La transformation de ces camps en zones urbaines ouvertes, avec de larges artères et un contrôle policier intégré, vise à en finir avec ces bastions.

La question reste entière : l’Union européenne, qui finance l’opération, suivra-t-elle jusqu’au bout ? Et surtout, l’Autorité palestinienne acceptera-t-elle de se couper d’UNRWA, au risque de perdre une partie de sa légitimité symbolique ?

Quoi qu’il en soit, la perspective de voir disparaître une agence qui, au lieu de favoriser la paix, a trop souvent servi de paravent au Hamas, serait un tournant historique. Après plus de 70 ans, le système humanitaire international conçu pour « protéger » les Palestiniens pourrait enfin être remplacé par une réalité : celle d’une gestion locale, sécurisée et transparente. Et ce serait, pour Israël comme pour l’Occident, la preuve qu’on ne bâtit pas la paix sur l’illusion permanente du statut de réfugié.


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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