Vers une enquête d’État sur le 7 octobre : le juge Yosef Elron pressenti pour diriger la commission

Selon des informations publiées par Amit Segal sur Channel 12, le gouvernement israélien envisage de nommer l’ancien juge à la Cour suprême Yosef Elron à la tête de la commission d’enquête d’État sur les défaillances du 7 octobre. Une décision hautement symbolique pour un pays encore traumatisé, mais aussi un test politique pour Benjamin Netanyahou.

Samedi soir, Amit Segal a révélé en exclusivité que la coalition envisage de confier la présidence de la future commission d’enquête gouvernementale au juge Yosef Elron, magistrat respecté et récemment retraité de la Cour suprême.
Un autre nom circule également : Asher Kula, commissaire aux plaintes du public sur les juges.
Ces pistes sont à l’étude dans le cadre d’un projet de décret que le gouvernement devrait officialiser dans les prochaines semaines.
(Source : Amit Segal, Channel 12, 18 octobre 2025)

Une attente nationale
Depuis la fin de la première phase de la guerre, la société israélienne réclame une enquête indépendante sur les failles qui ont permis au Hamas de franchir la frontière et de massacrer plus de 1 200 civils le 7 octobre 2023.
Si plusieurs rapports internes (Tsahal, Shin Bet, police) ont déjà identifié des erreurs de renseignement et de commandement, aucune instance d’État n’a encore tiré de conclusions officielles.

La création d’une commission d’enquête nationale est donc perçue comme une nécessité morale, mais aussi comme un risque politique pour un Premier ministre dont les adversaires réclament la responsabilité directe.

Qui est Yosef Elron ?
Né à Haïfa en 1955, Elron a siégé à la Cour suprême d’Israël de 2017 à 2024. Connu pour son intégrité et sa modération, il s’est souvent distingué par ses décisions équilibrées dans des affaires sensibles de sécurité et de droits civiques.
Son profil apolitique en ferait un choix idéal pour diriger une commission de vérité sans parti pris.
« C’est un homme d’État plus qu’un homme de cour », résume un ancien collègue cité par Haaretz.

Réactions politiques
L’annonce a immédiatement suscité des commentaires dans toute la classe politique.
Le chef de l’opposition, Yair Lapid, a salué « un pas dans la bonne direction » tout en exigeant « que la commission soit indépendante du pouvoir exécutif et dispose de pleins pouvoirs d’investigation ».
Le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir, pour sa part, a averti que « la commission ne doit pas servir de procès politique contre Tsahal ni contre le gouvernement en temps de guerre ».

Selon Times of Israel, le cabinet de Netanyahou cherche à constituer une structure “équilibrée”, comprenant des représentants de la défense, de la justice et du renseignement, afin d’éviter une polarisation similaire à celle de la commission Agranat après la guerre du Kippour de 1973.
(Source : Times of Israel, 18.10.2025)

Analyse — entre vérité et survie politique
Cette future commission marque un tournant. Pour Israël, c’est une étape de catharsis nationale. Pour Netanyahou, c’est une épreuve : accepter une enquête d’État, c’est prendre le risque d’être mis en cause pour des défaillances structurelles sous sa responsabilité.
Mais le Premier ministre semble préférer l’option Elron, perçue comme “professionnelle et non partisane”, afin de couper court aux appels à une enquête internationale.

Les familles endeuillées, regroupées dans le Forum du 7 Octobre, exigent quant à elles la transparence totale :

« Nous ne voulons pas d’un rapport pour les archives. Nous voulons savoir pourquoi nos enfants ont été laissés seuls. »
(Source : Jerusalem Post, 18 octobre 2025 — https://www.jpost.com)

Une commission sous tension
Le défi majeur sera d’obtenir la coopération des services de sécurité, souvent réticents à exposer publiquement leurs erreurs.
Le précédent historique de la commission Agranat en 1974 montre que de telles enquêtes peuvent renverser des gouvernements — Golda Meir et Moshe Dayan en avaient fait les frais.

Netanyahou en est conscient. D’après les informations d’Amit Segal, il souhaiterait retarder l’annonce officielle de la composition de la commission à la fin du trimestre parlementaire, afin d’éviter que les auditions ne perturbent la stabilité de la coalition.

Vingt-quatre mois après la tragédie du 7 octobre, Israël s’apprête à ouvrir une page de vérité.
En choisissant un juge reconnu pour sa probité, le gouvernement cherche à restaurer la confiance sans raviver les fractures politiques.
Mais comme le rappelle un éditorial de Makor Rishon : « En Israël, chaque commission d’enquête finit par juger plus la société que les faits. »
Et dans ce miroir douloureux, c’est tout un pays qui devra affronter ses propres failles.

Sources principales :


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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