Alors que les négociations autour de l’accord sur les otages semblaient enfin sur le point d’aboutir, le Hamas a introduit de nouvelles exigences susceptibles de compromettre l’ensemble du processus. Selon des sources palestiniennes citées par la chaîne Al-Hadath, le mouvement islamiste exige désormais « le retour des réfugiés palestiniens afin de permettre la coordination avec les différentes factions pour la remise des détenus ». Une formulation ambiguë qui, selon les analystes israéliens, vise en réalité à rouvrir un débat explosif sur le droit au retour — l’un des points les plus sensibles et les plus inacceptables pour Israël.
Mais ce n’est pas tout : le Hamas aurait également ajouté à sa liste de revendications la libération de deux figures emblématiques du nationalisme palestinien, aujourd’hui détenues en Israël — Marwan Barghouti, chef du Fatah condamné à plusieurs peines de prison à vie pour son rôle dans les attentats de la deuxième Intifada, et Ahmad Sa’adat, secrétaire général du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), responsable de l’assassinat du ministre israélien Rehavam Zeevi en 2001. Deux noms qui suffisent, à eux seuls, à transformer une négociation fragile en un champ de mines politique.
À Jérusalem, ces exigences sont perçues comme une provocation. Un haut responsable israélien, cité par Ynet, a réagi sèchement : « Quiconque parle du retour des réfugiés ou de la libération de meurtriers de sang-froid n’a aucun intérêt réel à la paix. Le Hamas cherche à faire exploser les pourparlers. » Les autorités israéliennes considèrent que cette manœuvre vise à regagner un peu de légitimité politique dans le monde arabe en réactivant des symboles anciens du nationalisme palestinien, tout en évitant de donner l’image d’une organisation affaiblie contrainte à céder sur la question des otages.
Le contexte rend ces nouvelles conditions particulièrement explosives. Depuis plusieurs semaines, des progrès tangibles avaient été enregistrés dans les discussions menées au Caire sous l’égide de Washington et du président américain Donald Trump. Ce dernier s’était personnellement impliqué pour rapprocher les positions, avec le soutien discret de l’Égypte, du Qatar et de l’Arabie saoudite. L’objectif était double : obtenir la libération progressive des otages israéliens tout en garantissant à Israël le maintien d’un contrôle sécuritaire sur les zones stratégiques de Gaza, notamment le corridor de Philadelphie.
Le revirement du Hamas intervient donc à un moment critique, quelques jours seulement après que ses représentants ont reconnu, pour la première fois, la possibilité d’un transfert sécurisé de leurs dirigeants survivants hors de Gaza — un signe que l’organisation, militairement épuisée, commençait à envisager un compromis. « Cette nouvelle exigence n’est pas une erreur tactique : c’est un sabotage délibéré », estime le politologue israélien Kobi Michael. « Le Hamas tente de regagner la main en plaçant sur la table une demande qu’il sait inacceptable pour Israël. »
Les proches des otages, qui espéraient une avancée concrète dans les prochains jours, redoutent désormais un effondrement total des pourparlers. Plusieurs associations de familles ont exhorté le gouvernement à « ne pas céder au chantage » tout en appelant à poursuivre les discussions avec les médiateurs arabes. « Nous voulons le retour de nos proches, mais pas à n’importe quel prix », a déclaré à Kan News un porte-parole du Forum des familles d’otages.
Sur le plan diplomatique, la réaction américaine ne s’est pas fait attendre. Un conseiller de Donald Trump a confié à Fox News que « ces demandes du Hamas sont inacceptables et totalement contraires à l’esprit de l’accord ». L’administration américaine entend maintenir la pression sur les médiateurs régionaux afin d’obtenir le retour rapide à la table des négociations, sans conditions additionnelles.
À Tel-Aviv, les commentateurs rappellent que de telles manœuvres ne sont pas nouvelles : à plusieurs reprises dans le passé, le Hamas a utilisé la tactique du « surenchérissement de dernière minute » pour faire échouer des accords lorsqu’il se sentait acculé. Mais cette fois, l’organisation terroriste joue une carte dangereuse. L’armée israélienne maintient toujours un déploiement massif à Gaza et a clairement fait savoir que toute rupture du cessez-le-feu temporaire entraînerait une reprise immédiate des opérations militaires.
En réalité, ces nouvelles conditions mettent en lumière la crise interne du Hamas. Après la mort de plusieurs de ses principaux dirigeants, dont Yahya Sinwar et Mohammed Deif, les factions restantes peinent à s’accorder sur une ligne commune. Certains responsables cherchent encore à négocier pour sauver ce qu’il reste du mouvement, tandis que d’autres, plus radicaux, préfèrent saboter les discussions et raviver le conflit.
Si l’exigence du « retour des réfugiés » venait à s’imposer dans les pourparlers, cela reviendrait à effacer des décennies d’efforts diplomatiques et à rouvrir l’une des plaies les plus profondes du conflit israélo-palestinien. Israël, fondé sur le principe d’un État juif souverain, ne pourra jamais accepter une clause qui impliquerait un afflux massif de Palestiniens sur son territoire.
Alors que la communauté internationale espérait voir dans le plan Trump une percée historique, le Hamas semble préférer le chaos à la paix. Et si cette manœuvre conduit à l’effondrement de l’accord sur les otages, elle confirmera une fois encore ce que beaucoup en Israël répètent depuis des années : le Hamas ne cherche pas un futur pour les Palestiniens, mais la destruction d’Israël.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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