« Vous envoyez des soldats tuer d’autres soldats. » : les familles de captifs marchent vers la résidence de Netanyahou.

Les familles des Israéliens retenus en otage à Gaza ont mené mardi une journée de mobilisation d’une rare intensité à Jérusalem. Après une intervention houleuse devant la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset, elles ont quitté les débats pour marcher jusqu’à la résidence officielle de Benyamin Netanyahou. Leur conviction est claire : « C’est là, et nulle part ailleurs, que se prendra la décision de libérer nos proches. »

Larmes et accusations à la Knesset

Dans l’hémicycle, les témoignages ont bouleversé la salle. Ophir Breslavski, père de Rom, captif à Gaza, a brandi la photo de son fils : « Vous l’avez vu agoniser dans la vidéo, et cela ne vous intéresse pas. Mon fils est en train de mourir et vous vous cachez derrière le chef d’état-major. Vous êtes tous des menteurs et des hypocrites. »

Anat Angrest, mère du soldat Matane, a lancé : « Vous envoyez des soldats tuer d’autres soldats, et le monde se tait. Mon fils est là-bas, et chaque jour qui passe l’éloigne de nous. »

Shimon Or, oncle d’Avinatan, a dénoncé l’absence de stratégie claire : « Une libération partielle est une condamnation à mort. Il faut dire clairement : soit on arrête tout et on ramène les otages, soit on va jusqu’au bout. »

Marche vers la résidence du Premier ministre

À la sortie de la Knesset, un cortège baptisé « la marche des mères » a pris la direction de la rue Gaza, où se trouve la résidence de Netanyahou. En tête, Vicky Cohen, mère de Nimrod, a justifié cette escalade : « Pendant que nous hurlons notre douleur, le Premier ministre et ses ministres vont au restaurant. Le fossé est immense. Nous ne resterons plus chez nous, nous camperons ici jusqu’à samedi. »

Les manifestants ont installé un campement de protestation, décidé à tenir jusqu’au grand rassemblement prévu ce week-end. La tension est montée rapidement : des poubelles ont été incendiées aux abords du domicile de Netanyahou, un véhicule a pris feu. Treize militants, qui s’étaient retranchés plusieurs heures sur le toit de la Bibliothèque nationale, ont été arrêtés.

Netanyahou sous pression

Le ministre de la Justice Yariv Levin a dénoncé des actes de « terreur », accusant la Cour suprême et la conseillère juridique du gouvernement d’encourager, selon lui, la spirale des manifestations. La police, épaulée par le Shin Bet, a annoncé l’ouverture d’une enquête sur les incendies survenus près de la résidence.

Mais la colère des familles ne faiblit pas. « Dans quelques jours, cela fera 700 jours que nos enfants sont en captivité. Le cauchemar est sans fin », a lancé Vicky Cohen. « Nous appelons le peuple à se joindre à nous. Il est temps de ramener la morale et la raison dans ce pays. »

Une fracture israélienne

Ces scènes illustrent une fracture profonde au sein de la société israélienne : entre un gouvernement qui promet de poursuivre la guerre jusqu’à l’élimination du Hamas, et des familles pour lesquelles chaque jour passé sans accord est une condamnation supplémentaire pour leurs proches. Le dilemme est existentiel : sauver les otages à tout prix, ou maintenir une stratégie militaire globale.

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