Vous voyez la force du peuple, le Hamas voit la faiblesse

La guerre de civilisation qui dure depuis des décennies entre Israël et les organisations terroristes palestiniennes à Gaza et à Yosh a atteint son apogée le 7 octobre. La guerre entre les fils de la lumiÚre et les fils des ténÚbres, objets de la vie contre les temples de la mort.

Mais si nous regardons la guerre du point de vue de l’ennemi, nous comprendrons qu’elle contient quelque chose de plus profond et de bien plus enracinĂ©. Pendant des annĂ©es, le Hamas s’est prĂ©parĂ© au « dĂ©luge d’Al-Aqsa » du 7 octobre. Non seulement en formulant des plans militaires, en entraĂźnant et en stockant un Ă©norme stock d’armes dans les tunnels.

Le Hamas – Ă  propos de ses dirigeants, combattants et terroristes – a Ă©tudiĂ© avec diligence la sociĂ©tĂ© israĂ©lienne, ses forces et ses faiblesses. À partir de quelles couches la sociĂ©tĂ© est-elle construite, des divisions qui y existent , la division en camps idĂ©ologiques et leur vision du monde. Une valeur fondamentale et importante du peuple d’IsraĂ«l, le Hamas a appris Ă  la connaĂźtre de prĂšs .

Mais ce qui est perçu dans la sociĂ©tĂ© israĂ©lienne comme une valeur sacrĂ©e et une obligation morale, est identifiĂ© du point de vue du peuple du Hamas comme un point faible, mais comme un point d’échec de l’ensemble de la sociĂ©tĂ© israĂ©lienne.

Le cƓur est dĂ©chirĂ© devant l’agonie des familles des enlevĂ©s, il est difficile de digĂ©rer les tĂ©moignages de ceux qui sont revenus de captivitĂ©. Le cƓur juif israĂ©lien cherche Ă  envelopper, Ă  embrasser et Ă  partager la douleur de ces hĂ©ros. Mais regarder la situation Ă  travers les jumelles de l’ennemi montre une image diffĂ©rente. Le discours public israĂ©lien, et en particulier le discours mĂ©diatique, nourrit le Hamas et le renforce. Il y puise de la force, mais aussi du plaisir et un sentiment de victoire.

Yahya Sinwar et Muhammad Daf (celui qui s’est rĂ©cemment rĂ©vĂ©lĂ© debout sur ses deux pieds) sont au courant de chaque dĂ©tail du terrain, lisent les journaux israĂ©liens et regardent religieusement les studios couvrant du lever au coucher du soleil les conflits au sommet de l’élite politique, les dĂ©bats entre ministres du gouvernement et hauts responsables militaires, les appels Ă  un changement de gouvernement et la position des chefs, et la protestation pour le retour des personnes enlevĂ©es.

Le Hamas fera tout pour intensifier les divisions dans la sociĂ©tĂ© israĂ©lienne, pour creuser et approfondir les fissures chez « l’ennemi sioniste ». Il savait que les civils kidnappĂ©s – femmes et enfants, jeunes et vieux – constituaient son arme la plus puissante. Plus que les roquettes, plus que les terroristes de Nuh’ba. Les personnes enlevĂ©es sont l’air que le Hamas peut respirer. Les dirigeants de l’organisation savaient Ă©galement, sur la base des accords d’échange de prisonniers conclus par IsraĂ«l ces derniĂšres annĂ©es, et notamment celui de Gilad Shalit, que les personnes enlevĂ©es deviendraient des symboles et que ceux qui voudraient libĂ©rer un symbole devraient payer le prix fort. Les hauts responsables de l’organisation identifient qui est le plus « important », qui retient l’attention et suscite l’émotion, et cacher toute information sur leur situation dans le pire des cas, ou publier une terreur psychologique dans le pire des cas.

Ainsi, l’atmosphĂšre publique israĂ©lienne qui comprend la pression, l’urgence, la colĂšre, une campagne mĂ©diatique et une protestation publique qui reprĂ©sente une position tout Ă  fait humaine – « Ramenez les personnes enlevĂ©es chez elles maintenant » – tout cela permet au Hamas de dicter le rythme des nĂ©gociations. Elles lui permettent d’exiger des compromis sans prĂ©cĂ©dent de la part d’IsraĂ«l, et mĂȘme de mettre la partie mĂ©diatrice, l’Égypte et le Qatar, dans une sorte d’impuissance. Parce que si IsraĂ«l veut « ici, maintenant et immĂ©diatement », alors le Hamas dispose d’un temps et d’une patience infinis. Ils ont attendu 16 ans pour cette campagne, que pensent-ils de quelques mois de plus pour atteindre l’objectif ?