Washington avertit Bagdad : si l’Irak se mêle du conflit, Israël frappera

L’avertissement est clair, direct, et sans précédent depuis le début de l’escalade au Liban : Tom Barrack, l’envoyé spécial américain pour la Syrie et le Liban, a transmis au gouvernement irakien un message d’une sévérité inhabituelle. Selon les révélations de la chaîne saoudienne Al-Hadath, relayées ensuite par Reuters et la presse arabe, Washington redoute que les milices irakiennes alignées sur l’Iran entrent en guerre aux côtés du Hezbollah. Et si cela arrive, Israël répondra, non pas au Liban, mais directement sur le sol irakien. L’onde de choc diplomatique est immédiate, à un moment où les États-Unis tentent d’éviter une régionalisation complète du conflit et où Israël prépare, selon plusieurs sources, la phase offensive visant à neutraliser définitivement les capacités militaires du Hezbollah.

Barrack, qui s’est rendu en visite éclair à Bagdad dimanche, a rencontré le Premier ministre irakien Mohammed Shiaa al-Sudani lors d’un entretien d’environ 70 minutes — information confirmée par le quotidien Al-Araby Al-Jadeed, proche du Qatar mais bien informé sur les coulisses politiques irakiennes. Selon ces sources, l’émissaire américain n’a pas seulement délivré une mise en garde : il a exigé un changement de comportement. Washington demande à l’Irak de contenir les factions chiites pro-iraniennes, de stopper tout financement ou transfert d’armements vers le Hezbollah, et surtout de se tenir à l’écart de la confrontation régionale.

Dans le message transmis aux dirigeants irakiens, les États-Unis reconnaissent explicitement que l’opération israélienne contre le Hezbollah est désormais proche. Elle devrait, selon Washington, se poursuivre jusqu’à l’objectif final : le désarmement complet de l’organisation terroriste, conformément à la résolution 1701 et aux engagements pris dans les accords de cessez-le-feu négociés par le président Donald Trump plus tôt cette année. C’est ce même cadre politique qui a permis la libération progressive des otages israéliens, ce qui renforce la détermination américaine à empêcher Téhéran — et donc Bagdad — de torpiller le processus.

Le contexte explique la fermeté du ton. Depuis des mois, les milices irakiennes affiliées au réseau iranien — Kataeb Hezbollah, Harakat al-Nujaba, Asaïb Ahl al-Haqq — multiplient les menaces publiques contre Israël, publient des vidéos d’entraînement au lancement de drones explosifs, et affirment qu’elles participeront à une « guerre de défense du Liban ». Pour Jérusalem, un tel scénario serait intenable : voir s’ouvrir un troisième front directement depuis l’Irak, avec la bénédiction tacite de Téhéran, reviendrait à élargir le conflit sur 1 500 kilomètres, rendant impossible toute stabilisation durable.

C’est précisément ce que les Américains veulent éviter. Washington est engagé dans une offensive diplomatique complexe : maintenir Israël légitime dans sa lutte contre le Hezbollah tout en empêchant l’Iran d’activer son « axe de résistance » sur quatre théâtres — Liban, Syrie, Irak et Yémen. L’avertissement transmis par Barrack s’inscrit dans cette stratégie : couper les branches périphériques pour éviter que l’arbre entier ne s’enflamme. Le choix de Bagdad n’est pas anodin. Sous la pression des milices chiites, l’État irakien demeure fragile, et son gouvernement oscille entre coopération avec Washington et alignement idéologique sur l’Iran.

Selon les informations d’Al-Hadath, Barrack a également demandé à al-Sudani d’intervenir sur un autre front sensible : la Syrie. L’envoyé américain a rappelé que l’Irak jouait un rôle essentiel dans la sécurité transfrontalière, notamment en ce qui concerne les transferts d’armes vers les réseaux iraniens. Le message est limpide : toute assistance de Bagdad à Damas ou au Hezbollah dans une période d’escalade violerait les engagements sécuritaires pris avec Washington, et plongerait l’Irak dans une spirale dont il ne sortirait pas indemne.

L’écho de cet avertissement résonne immédiatement dans les cercles diplomatiques. Depuis la mort d’Hassan Nasrallah, confirmée par les services de renseignement israéliens et relayée par Reuters, le Hezbollah montre des signes d’affaiblissement, mais pas de désarmement. Israël, de son côté, a renforcé ses capacités aériennes au nord et a multiplié les signaux préopératoires. Plusieurs responsables israéliens ont indiqué que la « fenêtre stratégique » se rétrécit et que la neutralisation militaire du Hezbollah est devenue une priorité nationale — indispensable pour empêcher une répétition du 7 octobre sur le front nord. C’est dans cet environnement explosif que le message à Bagdad prend tout son sens.

Du point de vue israélien, l’implication d’un acteur irakien serait perçue comme une extension directe de l’influence iranienne. Et contrairement au Liban, l’Irak ne dispose pas d’un système de protection intégré ou d’une opinion publique unifiée capable de freiner la mainmise des milices. Une frappe israélienne sur des infrastructures irakiennes — usines de drones, dépôts d’armes iraniennes, bases affiliées à la Force Al-Qods — est donc un scénario que Washington ne veut pas voir se matérialiser, et que Jérusalem n’exclut plus publiquement.

Il faut également rappeler que les États-Unis disposent encore de plusieurs bases militaires en Irak, ce qui rend toute escalade particulièrement dangereuse. Un dérapage pourrait mettre en péril des soldats américains, forçant Washington à intervenir. En envoyant ce message d’alerte, l’administration américaine cherche donc autant à protéger ses propres forces qu’à préserver la stabilité de l’alliance stratégique israélo-américaine autour de la désactivation complète du Hezbollah.

Si l’avertissement est si clair, c’est aussi parce que les derniers mois ont montré que les lignes rouges régionales ne tiennent que lorsqu’elles sont prononcées fermement. Israël a démontré à plusieurs reprises que ses capacités de frappe longue portée s’étendent bien au-delà de son voisinage immédiat. Les frappes attribuées à Tsahal en Syrie, à Alep, Deir ez-Zor ou Boukamal, ont prouvé que les infrastructures iraniennes ne constituent jamais un sanctuaire. L’Irak le sait, l’Iran encore plus, et Washington rappelle simplement qu’une ingérence supplémentaire serait interprétée comme un acte hostile de premier ordre.

Dans ce théâtre mouvant, chaque signal compte. Le déplacement non annoncé de Tom Barrack à Bagdad en est un. L’avertissement transmis en est un autre, bien plus puissant. À l’approche d’une nouvelle phase militaire au Liban, les États-Unis envoient un message à toute la région : la guerre ne doit pas s’étendre. Et si l’Iran tente malgré tout d’ouvrir un nouveau front via l’Irak, Israël réagira — violemment.

Sources réelles :
Al-Hadath (Arabie Saoudite) – report du 1er décembre 2025
Al-Araby Al-Jadeed (Qatar) – entretien exclusif avec sources irakiennes
Reuters – dépêches régionales sur les mouvements diplomatiques US
Foreign Policy – analyses sur les milices irakiennes (2024-2025)


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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