Selon le quotidien libanais Al-Akhbar, proche du Hezbollah, les États-Unis auraient transmis au Liban un message d’avertissement clair : si des armes avancées – notamment des missiles de précision et des drones – ne sont pas transférées à l’autorité officielle libanaise avant l’entrée en vigueur de l’année 2026, Israël pourrait déclencher « des frappes importantes et décisives » contre les infrastructures du Hezbollah. Cette menace, rapportée jeudi matin, intervient malgré l’ouverture récente de contacts directs entre Jérusalem et Beyrouth, qui n’ont pour l’instant pas suffi à dissiper la possibilité d’une escalade militaire.
Le journal affirme que trois éléments alimentent la crainte d’une offensive israélienne. Le premier concerne l’échec de « l’initiative égyptienne », qui reposait sur deux engagements centraux : le désarmement total du Hezbollah au sud du Litani et la garantie que l’organisation n’utiliserait aucune arme située au nord du fleuve contre Israël. Toujours selon Al-Akhbar, cette initiative se serait effondrée, laissant un vide diplomatique que les acteurs régionaux n’ont pas réussi à combler.
Le deuxième élément provient de sources diplomatiques européennes à Beyrouth, relayant des propos attribués à Morgan Ortagus, émissaire américaine. Elles indiquent qu’Israël se préparerait à lancer des frappes décisives dans les banlieues sud et dans la plaine de la Békaa si les transferts d’armement du Hezbollah ne sont pas stoppés avant la fin du mois. Autrement dit : la fenêtre de désescalade ne dépasserait pas deux semaines.
Selon le même quotidien, l’ambassadrice américaine au Liban, Michelle Issa, aurait précisé que Washington distingue nettement les discussions politiques menées avec le gouvernement libanais de la guerre qu’Israël mène contre le Hezbollah. Les négociations auraient pour objectif d’éviter une confrontation élargie, mais elles n’auraient aucune incidence sur les opérations contre l’organisation armée tant que celle-ci poursuit son déploiement au sud du pays. Tous les acteurs attendraient d’ailleurs le 31 décembre, date butoir imposée à l’armée libanaise pour rassembler les armes lourdes au sud du Litani et les déplacer vers le nord.
Les États-Unis et Israël observeraient donc avec attention la réaction des forces armées libanaises pour déterminer la suite du processus. Parallèlement, la visite prévue du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou à Washington, le 29 décembre, pour une rencontre avec le président Donald Trump, serait considérée comme un moment décisif : certains à Beyrouth s’interrogent sur la possibilité que Trump demande à Israël d’abaisser la tension – ou au contraire l’encourage à durcir sa posture.
Le quotidien rapporte également l’existence d’un « dialogue économique » ouvert entre un représentant israélien et un émissaire libanais, sous médiation américaine. Washington proposerait une vision de développement du secteur frontalier, centrée sur la création d’un « espace économique » commun. Selon les sources libanaises, les États-Unis estiment qu’une stabilité durable permettrait d’attirer des investisseurs du Golfe et de convaincre même certains entrepreneurs libanais de participer à ce projet. Pour l’émissaire américain Tom Barak, cité par le journal, la clé résiderait dans la réduction de la dépendance des populations du Sud à l’égard du Hezbollah : plus le développement économique progressera, plus l’influence de l’organisation armée diminuerait.
Toujours selon les sources mentionnées par Al-Akhbar, le Premier ministre irakien Mohammed al-Sudani aurait mis en garde l’émissaire américain au début du mois. Il lui aurait conseillé de presser Israël de stopper ses attaques afin d’éviter un embrasement régional, estimant que « toute frappe majeure contre les chiites au Liban aura des répercussions sur l’ensemble de la région, y compris en Irak ». Ces sources démentent cependant les rumeurs selon lesquelles Washington aurait averti que toute intervention irakienne en faveur du Hezbollah entraînerait une riposte israélienne contre Bagdad, ou que les États-Unis auraient confirmé une opération imminente contre l’organisation libanaise.
Sur le terrain, des habitants du Sud-Liban ont signalé qu’une unité de Tsahal avait fait exploser deux bâtiments à l’aube dans l’un des villages frontaliers. L’armée israélienne affirme toutefois qu’il ne s’agit pas d’un incident inhabituel mais d’une opération de routine menée par les forces régionales déployées dans la zone.
À l’heure où les discussions diplomatiques piétinent et où les échéances de fin d’année approchent, Beyrouth et Jérusalem évoluent dans une atmosphère de calculs réciproques. Les prochains jours diront si l’avertissement américain contribue à contenir le Hezbollah ou s’il marque, au contraire, la dernière étape avant une confrontation plus large.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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