Washington recadre Beyrouth : la visite du chef de l’armée libanaise annulée pour non-respect des exigences sur le désarmement du Hezbollah

L’annulation soudaine du voyage du commandant de l’armée libanaise, Rodolphe Haykal, prévu à Washington, a déclenché une onde de choc dans les milieux politiques et militaires de Beyrouth. Selon la chaîne libanaise Al-Jadeed (https://www.aljadeed.tv), les États-Unis ont annulé toutes les réunions officielles programmées pour Haykal, ainsi que la réception organisée à l’ambassade du Liban à Washington, invoquant une « insatisfaction profonde » face à « l’échec de l’armée libanaise à remplir ses engagements », au premier rang desquels figure la limitation des armes du Hezbollah dans le sud du pays.

Des sources militaires libanaises affirment que l’appel américain est tombé peu avant le départ, poussant Haykal à « éviter toute humiliation publique ». Toujours selon Al-Jadeed, Washington aurait clairement signifié que le soutien américain à l’armée libanaise dépend désormais de son attitude face au Hezbollah et de sa capacité à mettre en œuvre les engagements pris dans le cadre du dispositif dit de « Magen HaDarom » (Bouclier du Sud).

La chaîne MTV Lebanon (https://www.mtv.com.lb) confirme également l’annulation, ajoutant que le malaise américain s’est accentué après la publication d’un communiqué de l’armée libanaise accusant Israël de « violations continues » contre la FINUL, sans la moindre mention du Hezbollah. Ce communiqué a été perçu par Washington comme un alignement dangereux sur la propagande de l’organisation chiite.

Dans son message, l’armée libanaise dénonçait « l’ennemi israélien » et affirmait qu’Israël « empêche le déploiement complet de l’armée dans le sud ». Tsahal a immédiatement réagi : le porte-parole de l’armée a expliqué que les tirs mentionnés étaient des « tirs de dispersion » contre deux suspects identifiés à tort comme hostiles, qui se sont ensuite révélés être des soldats de la FINUL en patrouille. Le communiqué officiel de Tsahal est accessible sur le site de l’armée : https://www.idf.il.

Le contexte de cette annulation est particulièrement tendu. Selon une analyse publiée par Reuters (https://www.reuters.com/world/middle-east/lebanese-army-walks-political-tightrope-disarm-hezbollah-2025-10-28), l’armée libanaise avance sur une ligne politique extrêmement fragile : dépendante des financements internationaux, mais incapable d’imposer son autorité face au Hezbollah, dont la puissance militaire et financière dépasse largement celle de l’État. Washington estime que l’institution militaire libanaise n’a pas mis en œuvre les mesures promises, surtout après la décision historique du gouvernement libanais, il y a six mois, de démanteler les arsenaux du Hezbollah dans tout le pays.

Le message américain a d’ailleurs été relayé par le secrétaire d’État Marco Rubio, acteur clé de la redéfinition de la politique américaine envers le Liban. Selon les médias libanais, le dossier Haykal aurait été transmis directement à Rubio pour décision. La position américaine est désormais explicite : toute aide financière, militaire ou logistique à l’armée libanaise dépendra de son attitude à l’égard du Hezbollah, et notamment de sa coopération dans le désarmement progressif du groupe.

Dans le même temps, le nouvel ambassadeur américain au Liban, Michael Isa, a entamé ses rencontres officielles. Selon le Jerusalem Post (https://www.jpost.com/international/article-874259), Isa a déjà rencontré le président libanais Joseph Aoun, le premier ministre Nawaf Salam, le chef du Parlement Nabih Berri et le ministre des Affaires étrangères Youssef Régui. Lors de ces réunions, l’ambassadeur a présenté les salutations du président Donald Trump et a souligné « l’importance de renforcer les liens entre Washington et Beyrouth », mais tout en rappelant implicitement les conditions américaines : stabilité du sud, coopération avec la FINUL et rejet total des accusations fallacieuses contre Israël.

Sur le terrain, la situation reste extrêmement volatile. Tsahal poursuit les frappes limitées contre des infrastructures stratégiques du Hezbollah, notamment dans la plaine de la Bekaa. Les rapports de sécurité israéliens estiment que le Hezbollah a reconstruit une partie de ses capacités, en transformant de simples roquettes en missiles à guidage plus précis, grâce à des ateliers camouflés sous terre ou dans des immeubles civils. Selon l’évaluation citée par Ynet (https://www.ynet.co.il), chaque lance-roquettes saisi par l’armée libanaise est compensé par un autre transformé en système plus performant dans la Bekaa.

Tsahal continue de tenir cinq postes avancés à l’intérieur même du sud du Liban, à 500 à 1 000 mètres de la frontière, dans des zones de friction où la présence du Hezbollah s’intensifie malgré l’accord de cessez-le-feu. Les responsables militaires israéliens craignent que les unités Radwan, forces d’élite du Hezbollah, ne reconstituent progressivement leurs positions au mépris des engagements signés par le Liban.

Dans ce contexte, l’annulation du voyage d’Haykal apparaît comme un avertissement sévère : Washington ne tolérera pas un Liban qui protège le Hezbollah tout en réclamant l’aide internationale. Israël, pour sa part, se prépare à l’éventualité d’une opération ciblée visant les infrastructures de missiles du groupe chiite — une opération qui pourrait devenir inévitable si Beyrouth continue de se défausser de ses responsabilités sécuritaires.


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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