Zohran Mamdani, nouveau maire de New York : “Je serai le maire de tous, y compris des Juifs qui n’ont pas voté pour moi”

C’est une première historique à New York : un maire d’origine musulmane, issu du courant progressiste, accède à la tête de la plus grande métropole américaine. Zohran Mamdani, élu le 5 novembre, a promis lors de sa première conférence de presse de “servir chaque habitant de la ville, sans distinction, y compris les Juifs qui n’ont pas voté pour lui”. Une déclaration nécessaire, tant la campagne municipale a été marquée par des polémiques sur ses positions pro-palestiniennes et des tensions croissantes autour de l’antisémitisme dans les rues de New York.

“Je veux être le maire de tous les New-Yorkais. Cela inclut ceux qui m’ont soutenu et ceux qui ne l’ont pas fait, notamment les membres de la communauté juive”, a déclaré Mamdani devant la presse, au siège de la mairie, quelques heures après sa victoire. Ces mots se voulaient rassembleurs, mais n’ont pas dissipé toutes les inquiétudes. L’Anti-Defamation League (ADL), dirigée par Jonathan Greenblatt, a rappelé dès le lendemain que “la responsabilité du maire est aussi de garantir la sécurité des Juifs new-yorkais dans un climat d’intolérance débridée”.

Interrogé sur la critique émise par Greenblatt, qui a annoncé la mise en place d’un programme de suivi pour “observer les actes du futur maire dans sa lutte contre la haine antisémite”, Mamdani a répondu calmement : “Je n’ai pas parlé avec M. Greenblatt, mais je prends la question de l’antisémitisme très au sérieux. Hier encore, j’ai déclaré que ma mairie se tiendrait aux côtés des Juifs de New York pour combattre la haine et la violence.”

L’ancien conseiller municipal du Queens, fils d’immigrés ougandais, est connu pour son engagement à gauche de l’échiquier démocrate. Il a souvent pris des positions critiques vis-à-vis de la politique israélienne, soutenant publiquement les campagnes de boycott de certaines entreprises opérant dans les territoires palestiniens. C’est cette posture qui lui vaut aujourd’hui une méfiance tenace d’une partie de la communauté juive de New York, particulièrement après les vagues d’agressions antisémites qui ont frappé Brooklyn et Manhattan ces derniers mois.

Lors de sa campagne, plusieurs médias américains avaient reproché à Mamdani d’avoir minimisé la gravité de certaines manifestations pro-Hamas organisées dans la ville. Il avait alors tenté de rectifier le tir, rappelant sa participation à des débats interreligieux et à des événements communautaires dans des synagogues réformées. Mais en août dernier, Greenblatt avait publiquement déclaré que “Zohran Mamdani n’a jamais mis les pieds dans une synagogue mainstream depuis sa campagne électorale”, une affirmation qu’il a finalement corrigée après vérification : Mamdani avait bien assisté à une prière au temple Kolot Chayenu et participé à une rencontre au B’nai Jeshurun de Manhattan.

Aujourd’hui, le nouveau maire cherche à tourner la page de ces polémiques. “Je tends la main à tous les rabbins, à tous les responsables communautaires et à tous les citoyens juifs de cette ville”, a-t-il affirmé. “Je veux que chacun sache qu’il trouvera dans ma mairie un partenaire pour combattre l’intolérance.”

Les réactions restent partagées. Certains leaders communautaires veulent croire à sa sincérité. “Il mérite une chance de prouver qu’il peut gouverner pour tous”, estime le rabbin Michael S. Miller, figure historique du Jewish Community Relations Council. “Mais nous resterons vigilants.” D’autres, plus sceptiques, rappellent que les actes compteront davantage que les mots : “Les Juifs de New York n’ont pas besoin d’un discours inclusif, mais d’un plan concret pour stopper la haine dans les rues”, souligne le journaliste américain Bari Weiss.

Sur le plan politique, Zohran Mamdani devra composer avec une administration municipale divisée. Son élection marque une rupture avec la gouvernance modérée des années précédentes, et son entourage compte plusieurs figures connues pour leur activisme pro-palestinien. Ses premiers choix de collaborateurs seront scrutés de près à Washington, où le président Donald Trump a déjà réagi : “New York mérite un maire qui protège tous ses citoyens sans céder à l’idéologie.”

Pour Israël, la nomination de Mamdani est suivie avec une prudente réserve. Le consulat israélien à New York, qui entretient traditionnellement des liens étroits avec la mairie, n’a pas commenté officiellement le résultat du scrutin. En coulisses, certains diplomates redoutent que le nouveau maire cherche à réduire la visibilité des événements pro-israéliens dans la ville, notamment la traditionnelle parade de solidarité avec Israël sur la Cinquième Avenue.

Mais dans la réalité du terrain, la situation new-yorkaise dépasse la seule politique municipale : depuis le 7 octobre, les incidents antisémites se sont multipliés sur les campus et dans les rues. Le maire Mamdani devra rapidement démontrer qu’il place la sécurité de ses concitoyens au-dessus de toute considération idéologique.

Les Juifs de New York, qui représentent environ 13 % de la population de la ville, attendent désormais des actes : renforcement des patrouilles autour des synagogues, programmes éducatifs contre la haine, et condamnation claire des slogans prônant la destruction d’Israël. “Les mots sont beaux, mais ce sont les gestes qui sauveront des vies”, résume un membre du conseil communautaire de Brooklyn.

Zohran Mamdani entame son mandat dans une ville fracturée, entre espoirs de changement et soupçons persistants. Sa capacité à rassembler – et surtout à protéger – sera le véritable test de son leadership.


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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