Une affaire aux allures de drame judiciaire secoue Israël : Yifat Tomer-Yerushalmi, ancienne procureure militaire en chef (patsarit), a été retrouvée saine et sauve après plusieurs heures de recherches intensives. Son téléphone portable, élément central d’une enquête sensible, reste toutefois introuvable, alimentant les soupçons de manipulation de preuves dans une affaire qui touche directement les plus hautes sphères du système sécuritaire.
Selon les informations diffusées par Channel 14, la disparition de l’ex-patsarite a déclenché une opération de recherche d’envergure, mobilisant à la fois la police, les unités spéciales de Tsahal et des moyens technologiques avancés. Les recherches se sont concentrées entre le Sharon et la côte nord de Tel-Aviv, où son véhicule a finalement été localisé. À bord, un billet manuscrit adressé à ses enfants : « Je vous aime, soyez forts. »
La procureure a été retrouvée vivante et consciente peu après, puis conduite à un centre médical pour évaluation. Mais l’attention des enquêteurs s’est rapidement portée sur son téléphone professionnel, éteint et manquant depuis plusieurs jours. « La disparition de ce téléphone constitue un soupçon grave d’entrave à la justice », a déclaré un haut responsable de la police au journaliste Hillel Biton-Rosen de Channel 14.
Cette disparition survient dans un contexte explosif : l’affaire “Sde Teman”, du nom d’une base militaire du sud d’Israël, au cœur d’une polémique sur la fuite d’une vidéo confidentielle. Ce document, divulgué dans la presse, aurait été transmis en violation du secret militaire. Tomer-Yerushalmi, qui occupait à l’époque des fonctions de supervision, est soupçonnée d’avoir eu connaissance — voire d’avoir facilité — la fuite.
Les enquêteurs considèrent désormais que le téléphone disparu pourrait contenir des messages, documents et échanges internes déterminants pour l’enquête. Plusieurs sources évoquent une course contre la montre pour empêcher d’éventuelles manipulations de données sensibles.
Pendant plusieurs heures, le pays a craint le pire : un suicide ou une disparition volontaire. L’ex-procureure, connue pour son tempérament discret et rigoureux, avait été au centre de critiques publiques après la publication du film depuis la base militaire. L’affaire avait mis en lumière les tensions entre les services judiciaires militaires et les officiers opérationnels, certains reprochant à la procureure d’avoir “judiciarisé” la conduite de la guerre.
Selon Ynet et Israel Hayom, des collègues de Tomer-Yerushalmi affirment qu’elle subissait une forte pression psychologique depuis plusieurs semaines. L’un d’eux confie :
« Elle savait que son nom serait exposé dans les médias. Elle vivait cela comme une trahison personnelle. C’est une femme intègre, mais brisée par la tempête. »
La Police nationale et la Procureure militaire en fonction ont confirmé l’ouverture d’une enquête conjointe sur les circonstances de la disparition et sur la gestion des informations classifiées. « Toutes les hypothèses sont étudiées, y compris celle d’une destruction intentionnelle du téléphone », a précisé un porte-parole de la police.
Cette affaire illustre la fragilité d’un système de sécurité soumis à une pression sans précédent depuis le 7 octobre : fuites, enquêtes internes, divisions hiérarchiques et guerre médiatique interne. Si l’ancien procureur militaire est écarté de toute responsabilité directe dans les opérations, l’impact symbolique de cette disparition est fort : il touche le cœur de la chaîne de commandement juridique de Tsahal.
Pour de nombreux Israéliens, l’épisode renforce un malaise : celui d’un appareil d’État qui vacille entre la transparence et la perte de contrôle. L’enquête sur la fuite de “Sde Teman” pourrait désormais devenir le révélateur d’un affrontement silencieux entre l’armée, la justice et les médias.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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