Une mise au point s’impose. D’aucuns ont vu dans les dernières analyses de la société proposées sur le site une défense de l’indéfendable, une prise de position indulgente envers l’incorrection d’individus énervés par la vie et qui régurgitent leur malaise fort malproprement sur des sujets attaquables. Bien évidemment, on peut se contenter de considérer que ces critiques émanent de personnes qui n’ont pas vraiment lu les articles. Il est vrai que, pour certains, il faudrait se cacher derrière maintes précautions, et rédiger des phrases inquisitoires autant que pompeuses commençant par: «Il n’est pas question ici en aucun cas, d’aucune manière de prendre le parti d’imbéciles insensés dégénérés etc.» Il semble pourtant que l’on peut ne pas se plier à ce genre d’artifices pesants.
Presqu’instantanément, quand on se permet de critiquer le pouvoir médiatique, des critiques soutiennent: «Cessez donc de vous attaquer systématiquement aux médias qui font leur travail et ne font que rapporter la vérité.» A ceux qui s’emportent de cette façon, on pourrait simplement poser la question suivante:
Comment se fait-il que lorsqu’un «orthodoxe» (en réalité un rustre jugé sur son vêtement, alors que nos Sages nous ont dit de ne pas s’arrêter au contenant mais de vérifier le contenu) crache ou insulte une fillette, le citoyen honnête sent monter en lui l’envie de tuer tous les orthodoxes, alors que lorsqu’un arabe égorge une famille entière, y compris un bébé de quatre mois, il ne ressent pas le centième de cette colère envers le voisinage de l’assassin sanguinaire plus que bestial qui a servi de terreau à ce dernier?
La réponse est simple: ce sont les médias qui mènent la danse. «Vous allez vous indigner; certes ; mais vous allez vous indigner selon ce que nous déciderons pour vous.» La «darbouka» est entre leurs mains. Ils déterminent la cadence et décident arbitrairement d’une échelle de valeurs, comme l’échelle sismographique de Richter, où l’égorgement se situe nettement en-dessous du crachat. (Souvenons-nous des malheureux terroristes toujours déresponsabilisés qui tuent par désespoir pour des formateurs d’opinions plus qu’indulgents pour le crime). Et ce ne sont pas seulement les réactions empressées des censeurs de service qui se coucheront sélectivement devant le bulldozer de l’amalgame et de la généralisation raciste qui donnent le ton. Le citoyen auditeur téléspectateur a depuis longtemps été dressé, et à l’instar du chien de Pavlov qui «savait» quand il fallait saliver, l’individu conditionné par les médias «sait» à quel moment s’indigner et à quel moment dormir.
La tendance politique des médias n’est plus à démontrer. Elle s’inscrit dans la ligne droite des vues athéistes et pseudo humanistes de la Cour suprême et des partis de la gauche de l’échiquier politique. Les arabes ne doivent surtout pas être froissés, leurs députés peuvent comparer Tsahal aux nazis, galvaniser la haine contre les Juifs, sinon participer du moins assister à des opérations terroristes, maritimes, en l’occurrence. Toute critique contre la population arabe ou contre l’i-slam expose ceux qui réfléchissent trop haut et s’indignent dans le mauvais sens à des poursuites. Et, comme le rappelait un lecteur, on ira jusqu’à obliger des soldats de Tsahal à observer le ramadan pour ne pas heurter leur sensibilité. Si un Juif avec une kippa se fait égorger dans un bus à Ramallah, on dira qu’il l’a bien cherché, et on demandera: «Qu’allait-il chercher là-bas?», d’autant plus que la région est interdit aux Juifs.
Et ce sont ces mêmes médias qui savent par des procédés grossiers inverser la vapeur dès qu’il s’agit d’établir des généralités contre les Juifs attachés aux fondements du judaïsme, qui sont la religion et la terre d’Israël, mais bien sûr l’aspiration pas toujours proclamée de la restauration du troisième temple, puisque l’exil est lié à sa destruction. Les Sages d’Israël enseignent que toute personne qui n’a pas vu le temple reconstruit peut se considérer comme ayant assisté à sa destruction.
Le consommateur moyen israélien a été accoutumé à des sketchs «agrémentés» d’illustrations plaisantes dépeignant les orthodoxes, en s’inspirant de la version de l’utopie de Peyo, voyez le niveau! Et plus longue sera l’exposition aux ondes de conditionnement médiatique, plus le sujet sera enclin à s’indigner au gré de la cadence imposée.
Quand un ancien ministre parle d’aligner contre un mur pour les prendre en joue des individus soupçonnés d’attaques ou de sabotage contre l’armée, personne ne s’indigne, et le conseiller juridique n’ouvre aucune enquête pour incitation à la haine ou à la guerre fratricide. En revanche, l’auditeur téléspectateur passif s’indigne assez peu contre les «jeunes des collines», car le concept est beaucoup trop récent et n’a donc pas été «travaillé» sur le long terme par les médias. Par contre, une corde est beaucoup plus sensible, ça fait soixante ans qu’on y travaille. «Et maintenant, indignez-vous contre les orthodoxes! Rompez!» Et voilà comment des sondages, en quelques jours seulement, accordent la majorité aux partis de gauche, ce qui n’avait plus été observé depuis bien longtemps. (Bien que les prétendus sondages soient souvent faux. N’oublions jamais les gros titres qui faisaient de Pérès le vainqueur devant Netanyahou pour les élections à la 14ème Knesset en 96, en lui accordant un avantage variant de 4 à 7% selon les sondages).
Et surtout, n’oublions pas que, chronologiquement et même synchroniquement, tout ce tapage médiatique, qui a commencé à frapper sur les «jeunes des collines» avant de reprendre le classique des orthodoxes, a débuté avec les difficultés encourues par la patronne de la Cour suprême, Beinish, qui a vu son pouvoir absolu s’ébranler sous la volonté des députés et du gouvernement de mettre à jour la législation pour laisser le peuple prendre les commandes via ses élus, quand elle a été remise à sa place, accusée de n’avoir aucune notion de démocratie. Mais à présent, c’est gagné, elle redevient la protectrice et le rempart contre la marée orthodoxe et les «dangereux jeunes» que les citoyens d’Israël ont intérêt à garder. Eh oui, la manipulation des masses, ça existe, malheureusement même en Israël
Source : Israel 7