Tant de rĂ©actions sur Natalie Portman en dit beaucoup sur l’insĂ©curitĂ© juive en 2018.

Que tant de juifs se soucient autant de ce qu’une actrice a Ă  dire sur l’Etat d’IsraĂ«l et son Premier ministre nous en dit beaucoup sur l’insĂ©curitĂ© juive en 2018. Mais sans ĂȘtre le tremblement de terre que certains aux deux extrĂ©mitĂ©s du spectre politique, prĂ©tendent qu’il est, le sujet mĂ©rite quand mĂȘme d’ĂȘtre discutĂ©. En fin de compte, il ne s’agit pas tant de l’importance intrinsĂšque de l’opinion d’une cĂ©lĂ©britĂ© juive que la façon dont la rĂ©putation du Premier ministre israĂ©lien devient plus un obstacle qu’une aide Ă  l’Etat juif.

La décision de Natalie Portman de boycotter la cérémonie au cours de laquelle elle devait recevoir le Prix de la GenÚse de cette année et 2 millions de dollars à distribuer à de dignes causes juives, déclenche une vague de réactions.

Les opposants politiques du Premier ministre israĂ©lien Benjamin Netanyahu, ainsi que les dĂ©fenseurs du mouvement BDS, ont applaudi ses dĂ©clarations. Ses partisans et d’autres, irritĂ©s par tout ce qui peut ĂȘtre perçu comme contribuant Ă  l’isolement de l’Etat juif, ont rĂ©pondu par toute une gamme de critiques, allant de la lĂ©gĂšre dĂ©ception jusqu’à l’accusation d’antisĂ©mitisme.

Que vous pensiez de Portman qu’elle n’est qu’une cĂ©lĂ©britĂ© Ă©gocentrique plus intĂ©ressĂ©e par se parer d’un titre de vertu que par faire quelque chose de bien pour IsraĂ«l, ou au contraire qu’elle est une grande artiste envoyant un message important, l’idĂ©e selon laquelle son choix de recevoir ou non un honneur sans grande signification, que les organisateurs appellent sans trace d’ironie, le «prix Nobel juif», serait une question d’importance transcendante est, manifestement, absurde.

Le camp de Netanyahou ne devrait pas non plus traiter la sabra de 36 ans comme une menace pour IsraĂ«l. Comme elle l’a expliquĂ©, son camouflet de la cĂ©rĂ©monie Ă©tait liĂ© Ă  la prĂ©sence du Premier ministre. Comme elle dĂ©teste Netanyahou, elle a refusĂ© d’ĂȘtre une  potiche dans ce qu’elle considĂ©rait comme un Ă©vĂ©nement qui, comme c’est toujours le cas lors des apparitions de dirigeants politiques quelle que soit leur Ă©tiquette, serait exploitĂ© par le gouvernement.

Loin de faire du tort Ă  Netanyahou, Portman a fait son jeu. L’insulte perçue Ă  son Ă©gard est le genre de chose qui Ă©nerve les IsraĂ©liens qui en veulent dĂ©jĂ  amĂšrement aux Ă©lites libĂ©rales, sans rien faire qui aide ses adversaires. Le discours de certains Likoudniks sur la rĂ©vocation de sa citoyennetĂ© n’a de toutes façons pas de sens – de la mĂȘme maniĂšre que l’animositĂ© envers le prĂ©sident Donald Trump des cĂ©lĂ©britĂ©s libĂ©rales aux États-Unis renforce le ressentiment de sa base envers ses critiques – c’est juste une excuse de plus pour la droite israĂ©lienne Ă  serrer les rangs autour d’un homme qui est devenu une figure clivante.

En dĂ©pit de ses vƓux pieux, Portman a fait beaucoup pour aider le mouvement BDS. En tant que quelqu’un qui a Ă©tĂ© clair sur son amour pour IsraĂ«l et qui a fait un film lĂ -bas, l’idĂ©e qu’elle boycotte le pays n’est pas restĂ©e sans rĂ©ponse. Elle l’a clairement indiquĂ© dans une dĂ©claration , mĂȘme si un certain nombre d’ennemis d’IsraĂ«l traitent de façon fallacieuse sa position comme une forme de BDS.

Portman a dĂ©jĂ  qualifiĂ© Netanyahu de raciste et s’identifie clairement Ă  la gauche israĂ©lienne. Comme beaucoup d’autres dans la diaspora, elle ne pense pas beaucoup de bien de la politique du premier ministre. Malheureusement, sa dĂ©claration, qui dĂ©nonçait la «violence, la corruption, l’inĂ©galitĂ© et l’abus de pouvoir» du gouvernement comme non conforme Ă  ses «valeurs juives», pouvait aussi ĂȘtre interprĂ©tĂ©e comme une critique de l’usage de la force par l’armĂ©e israĂ©lienne contre les manifestants organisĂ©s par le Hamas pour le «droit au retour», c’est-Ă -dire la destruction de l’Etat juif, et violer la frontiĂšre avec Gaza.

C’est la seule chose qui compte dans toute cette cacophonie, car cela  montre que la rĂ©putation toxique de Netanyahu Ă  l’étranger contribue Ă  brouiller les frontiĂšres entre les commentaires honnĂȘtes sur son leadership concernant les accusations de corruption et d’autres publications qui semblent miner le droit de lĂ©gitime dĂ©fense du pays. En tant que tel, elle illustre un fait consternant sur le Premier ministre. L’une de ses plus grandes forces – la capacitĂ© Ă  dĂ©fendre avec Ă©loquence la cause de la justice d’IsraĂ«l dans un anglais impeccable – a Ă©tĂ© minĂ©e par le dĂ©clin abrupt de son image Ă  l’étranger.

Pourtant, le problĂšme ici n’est pas seulement que Portman a tort Ă  propos de Gaza. C’est que le premier ministre a Ă©tĂ© tellement affaibli par les polĂ©miques que sa prĂ©sence mĂȘme Ă  une occasion de photo glorifiĂ©e suffit Ă  servir de prĂ©texte Ă  une controverse.

Les dĂ©fenseurs de Netanyahu vont insister sur le fait que ce n’est pas de sa faute. La gauche n’a jamais manquĂ© de se trouver des excuses pour diaboliser ses adversaires, et longtemps avant qu’il ne devienne l’objet d’enquĂȘtes de corruption, ses adversaires Ă©taient impatients d’essayer de le dĂ©peindre comme un extrĂ©miste qui mĂ©ritait d’ĂȘtre boycottĂ©. La tentative profondĂ©ment malhonnĂȘte du Parti travailliste de l’accuser d’avoir incitĂ© Ă  l’assassinat d’Yitzhak Rabin est un bel exemple de cet effort.

Cependant, les partisans de Netanyahu ne peuvent pas prĂ©tendre que sa capacitĂ© alors impressionnante, d’influencer l’opinion publique amĂ©ricaine avec des discours en anglais avec l’accent amĂ©ricain n’est pas une chose du passĂ©. Bon nombre des comparaisons entre le dirigeant israĂ©lien assiĂ©gĂ© et Trump sont Ă  la fois inexactes et injustes. Mais il est vrai que, comme Trump, Netanyahu semble maintenant ne plus chercher Ă  plaire Ă  personne d’autre que sa base, et cela coĂ»te cher au soutien des Juifs amĂ©ricains Ă  IsraĂ«l.

AprĂšs plus d’une douzaine d’annĂ©es au pouvoir, y compris les neuf derniĂšres annĂ©es consĂ©cutives, Netanyahu est peut-ĂȘtre le seul candidat plausible au poste de Premier ministre en termes d’expĂ©rience et de capacitĂ©s, et les sondages des Ă©lecteurs israĂ©liens le reflĂštent. Les IsraĂ©liens peuvent rejeter la substance des critiques de Portman et probablement avoir raison ou ignorer complĂštement la diaspora. Mais si des personnalitĂ©s comme Portman pensent que le fait de traiter Netanyahu comme s’il Ă©tait radioactif ne nuira pas Ă  leur image, cela ne sert Ă  rien d’ignorer le fait que l’image dĂ©gradĂ©e du Premier ministre ne coĂ»te rien Ă  son pays.

Par Jonathan S. Tobin : {PubliĂ© Ă  l’origine en version anglaise sur le site Web de JNS }


RĂ©daction francophone Infos Israel News pour l’actualitĂ© israĂ©lienne
© 2025 – Tous droits rĂ©servĂ©s

 

1 COMMENTAIRE

  1. La diaspora (dont je fais partie) n’a pas droit au chapitre: confortablement calĂ©e dans sont fauteuil, elle ne vit pas les angoisses des israeliens face au terrorisme et Ă  l’hĂ©gĂ©monie des fous furieux de la rĂ©gion (et ils sont lĂ©gion!). Critiquer quand on est en sĂ©curitĂ© c’est facile.
    La seule chose qu’on ait le droit de faire est de prier pour que le seigneur guide les choix des dirigeants d’Israel.